Biographie autorisée Letizia: des révélations qui préoccupent la monarchie

dpa

2.3.2020

La reine Letizia d'Espagne, le 28 février 2020, à Madrid.
La reine Letizia d'Espagne, le 28 février 2020, à Madrid.
Keystone

Selon les médias, les maux de tête devraient s’accumuler pour la famille royale de Madrid ces temps-ci. La raison: un livre de révélations qui dresse un portrait peu flatteur de la reine Letizia. Les partisans espagnols de la monarchie sont inquiets.

A l’occasion d’une rencontre organisée il y a quelques jours avec des représentants de Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Letizia n’avait pas aussi belle allure que d’habitude, malgré son élégant manteau noir. La reine d’Espagne avait l’air fatiguée, toussait beaucoup et s’est tenu le cou à plusieurs reprises, comme l’ont remarqué les médias. Selon l’explication officielle, il s’agissait d’un rhume. Dans le même temps, la publication d’une biographie non autorisée de l’épouse du roi Felipe VI n’a certainement pas fait du bien à la reine, âgée de 47 ans.

L’ouvrage intitulé «Letizia. La reina impaciente» («Letizia, la reine impatiente») est tout sauf bienvenu pour la monarchie espagnole en crise. Plusieurs affaires, dont une chasse à l’éléphant controversée au Botswana du roi Juan Carlos, qui a ensuite abdiqué en 2014, ou encore un scandale de corruption et de fraude fiscale impliquant Iñaki Urdangarin – le mari de Cristina, la sœur de Felipe –, condamné à près de six ans de prison, ont sérieusement terni l’image de la «Casa Real». Dans les universités, les jeunes organisent de plus en plus souvent des rassemblements et des votes contre la famille royale. L’alliance de gauche Unidas Podemos, qui prône l’abolition de la monarchie, a récemment fait son entrée au gouvernement espagnol.

L’auteur renommé Leonardo Faccio, qui a précédemment écrit une biographie de la star mondiale du football Lionel Messi, consacre son nouvel ouvrage à Letizia, qu’il ne montre pas sous un jour favorable. Il n’est pas (seulement) question de ragots, mais aussi de points sérieux qui préoccupent fortement les «monarquistas», les partisans de la monarchie. La maison royale n’a formulé aucun commentaire, même quelques jours après sa sortie. Interrogé par la Deutsche Presse-Agentur, le palais royal n’a pas souhaité commenter le livre.

L’ouvrage reprend un secret de Polichinelle, selon lequel l’ancienne journaliste Letizia Ortiz était une «republicana» – c’est-à-dire une partisane de l’abolition de la monarchie – avant ses fiançailles en 2003 avec Felipe, alors prince héritier. Elle était «républicaine et tout sauf religieuse», aurait ainsi déclaré un ancien collègue de l’agence de presse EFE. Letizia a grandi dans une famille où son grand-père maternel s’emportait toujours et éteignait la télévision lorsque le roi Juan Carlos, devenu le beau-père de sa fille, apparaissait à l’écran, explique l’auteur.

La «reine rebelle»

Le livre décrit en détail et en s’appuyant sur de nombreuses citations à quel point la vie selon les règles strictes du palais est encore difficile pour cette femme originaire d’Oviedo, dans le nord de l’Espagne, qui a rencontré le succès dans sa carrière professionnelle est qui est connue pour son indépendance et ses opinions bien arrêtées. Nombreux sont ceux en Espagne qui se demandent désormais combien de temps la «reine rebelle», comme l’appelle Leonardo Faccio, pourra tenir le coup. Le quotidien britannique «The Sun» a profité de la sortie du livre de Leonardo Faccio pour faire allusion au retrait de Meghan et Harry de leurs fonctions royales en se demandant si Letizia pouvait se lancer elle aussi dans une sorte de «Megxit».

Leonardo Faccio réfute l’opinion selon laquelle Letizia et d’autres représentantes royales issues de milieux bourgeois – tels que Mette-Marit en Norvège, Máxima aux Pays-Bas et Kate en Grande-Bretagne – ont un impact positif sur les maisons royales européennes avec leur influence modernisatrice et reprend les propos d’un certain Declan Quigley, ancien professeur du prince William. «Plus un roi nous ressemble, moins nous en avons besoin.» Quiconque souhaite faire souffler un vent nouveau dans les cours serait ainsi dans l’erreur.

Les «Letizia de ce monde», un danger pour les monarchies?

La question de savoir si Felipe s’est trompé en choisissant son épouse agite l’Espagne depuis un certain temps. Pour le plus ancien expert de la royauté espagnole, cela ne fait aucun doute: la réponse est oui, affirme Jaime Peñafiel, cité à plusieurs reprises dans la biographie. Agé de 87 ans, il parle des «Letizia de ce monde» qui, selon lui, pourraient même entraîner l’abdication de la reine Elisabeth II en Grande-Bretagne et la fin de la «Casa Real» en Espagne. «Soit ils [Felipe et Letizia] divorceront, soit elle [Letizia] organisera la fin de la monarchie espagnole.»

Au cours de ses sept années de recherche, l’auteur s’est entretenu avec l’ex-mari de «Su Majestad» Alonso Guerrero, d’anciens partenaires de vie et collègues présumés, d’anciens enseignants mais aussi des amis, des connaissances et des proches de l’ex-journaliste, qu’il a presque tous cités en les nommant. Pendant ce temps, la maison de Bourbon se mure dans le silence.

La chaîne de librairies Casa del Libro présente la biographie comme une analyse du «dilemme d’une institution en crise qui tente de se moderniser pour survivre». Comme le présume le journal numérique «El Nacional», la consommation d’aspirine au palais de la Zarzuela, au nord-ouest de Madrid, risque de monter en flèche ces jours-ci.

Letizia d'Espagne en images

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