Interview Manuela Biedermann: «On devient adulte quand on perd des proches»

Comédienne de théâtre passée au cinéma et à la télévision, Manuela Biedermann incarne en ce moment une policière jurassienne dans la deuxième saison de «Wilder», diffusée sur RTS.

Entre l’Allemagne, la France et la Suisse, l’actrice enchaîne des rôles très différents, passant de l’uniforme de flic aux costumes d’époque. De retour chez elle près de Bienne, elle a pris le temps, entre deux tournages, de répondre à nos questions. Rencontre.

Pouvez-vous nous parler de votre personnage de Susann Walter, dans la série «Wilder»?

Cette saison de «Wilder» se joue dans un nouvel endroit. Susann Walter apparait pour la première fois dans cette saison 2. Je suis policière dans un petit village du Jura bernois, un endroit fictif. On n’a pas vraiment de grands délits jusqu’ici, un peu de violence… Mais là, tout d’un coup, on a trois morts. Mon assistant et moi sommes contents d’être rejoints par la commissaire Rosa Wilder. Elle revient des Etats-Unis, où elle a étudié le profilage. Je connais un peu toute la population du village, et tout le monde me respecte; je ne suis pas très sévère… Mon rôle va consister à aider Rosa Wilder. D’un point de vue personnel, Susann a eu un grand chagrin, elle a perdu un enfant… Le soir, elle rentre du boulot et raconte sa journée à son mari.

Actrice de télévision, de cinéma, comédienne au théâtre… vous vous définissez comme un caméléon. Quel est votre domaine préféré?

J’ai toujours voulu tourner dans des films, avant de commencer une école de théâtre. Je suis en fait restée longtemps au théâtre en Suisse, puis en Allemagne… J’y ai joué beaucoup de rôles classiques, j’ai beaucoup aimé ça. Ensuite, j’ai eu mon premier grand rôle au cinéma en 1999, dans «Les grands sentiments». Depuis que j’ai eu mes enfants, je me suis plutôt concentrée sur les films. J’adore tourner, et c’est aussi plus compatible avec la famille.

Vous travaillez bien sûr en Suisse, mais aussi en France et en Allemagne. Quelles sont les différentes approches en matière de réalisations? Existe-t-il une façon plus typiquement suisse de réaliser un film?

J’ai tourné en Allemagne où j’avais un petit rôle dans une grande production avec de grandes stars, «The Physician» («L’Oracle», 2013, ndlr). C’était complètement différent. Mais je vois aussi une différence entre la France et la Suisse… déjà, on mange à midi beaucoup mieux en France. (Rires) En Suisse, on tourne de plus en plus de séries, mais on n’a pas encore tout ce «background» qu’il y a à l’étranger. Mais j’apprécie les trois, je suis très ouverte. Cela dit, j’aimerais tourner encore plus en anglais. Je parle mieux français en privé, mais je trouve que c’est assez simple de tourner en anglais…

Quels rôles que vous n’avez pas encore joués rêveriez-vous d’interpréter?

C’est une bonne question… Je suis actuellement sur trois tournages en même temps. Demain, je commence un court-métrage à Zurich, et puis à Paris, dans la série «Paris Police 1900» qui est une série historique, en costumes, avec les coiffures d’époque… J’aime beaucoup tout ce qui me fait penser au théâtre. Mais j’adore aussi mettre un uniforme de flic, comme dans «Wilder». En fait, je ne sais pas vraiment… En général, on me propose quelque chose, je lis le scénario, puis je décide. J’aime les nouvelles propositions. Mais, c’est vrai que j’ai déjà joué trois fois une infirmière pour des petits rôles, et trois fois une flic: ici avec Pierre Monnard, et dans un court-métrage, et maintenant une comédie. J’aime bien changer de physique, de coupe et de couleur de cheveux…

Quels sont vos icônes, les actrices qui vous inspirent?

En étant jeune actrice, j’adorais Meryl Streep et Glenn Close. Ce n’est pas forcément très original… Aujourd’hui, je suis une grande fan d’Olivia Colman, qui a joué dans la série «Broadchurch». Je m’identifie plus à ce genre de comédiennes qui jouent des rôles de caractère, plutôt qu’à Angelina Jolie. C’est une très bonne actrice, mais j’aime les rôles de composition.

Vous êtes souvent en déplacement pour les tournages. Arrivez-vous à garder du temps pour vous et pour votre famille?

Cela dépend des années. Là, je suis vraiment très prise jusqu’à mi-mars. Ça va ensuite se calmer. Je travaille à fond, je dors assez, je mange bien, j’essaie de récupérer. Et puis je m’occupe des enfants, du chien, de la maison… Je suis toujours très active. J’aime aussi aller me détendre à la mer, à Fuerteventura, ou dans la forêt près de chez moi. Je suis dans un village sur les hauteurs de Bienne, c’est très calme.

Quelles sont vos passions, hormis la comédie?

Le cinéma, le théâtre, bien sûr, et la lecture, les expositions et l’art en général. J’ai aussi un grand jardin, dont je n’ai pas vraiment le temps de m’occuper mais ça viendra avec l’âge. (Rires) Et puis, j’aime aller en vélo dans la nature, bouger, courir, transpirer.. Je joue aussi un peu du piano et du violon. Mais je ne pourrais pas vous donner un concert!

Quels sont vos autres projets en ce moment, et ceux à venir?

«Paris Police 1900», cette série historique tournée à Paris. Et un court-métrage de Marina Klauser, qui parle de la solitude des gens, de, la confrontation à la mort… un sujet actuel dans notre société. Puis une comédie, ce qui va me changer après tous ces drames. Quand j’étais plus jeune, ça me travaillait un peu moins. Maintenant, ça me pèse plus. On reste longtemps avec un personnage et des idées qui ne sont pas très gais…

Pourquoi cela vous touche plus aujourd’hui? On pourrait penser que c’est le contraire…

Je ne sais pas… Peut-être parce que j’ai 54 ans et que mon père est décédé il y a deux ans et demi. Quand j’étais jeune, je relativisais. Là, on se rend compte qu’on va plus jamais se voir. On devient peut-être plus adulte quand on perd des proches. C’est plus présent.

Vous souhaiteriez réaliser un film?

J’y ai déjà pensé mais je crois que non. Ce n’est pas le même métier. Je suis très contente en étant comédienne. Ce qui m’intéresse, c’est plutôt écrire des romans. J’ai déjà écrit une pièce de théâtre que j’ai jouée. J’ai commencé des romans mais je n’ai pas terminé. Quand je tourne beaucoup, je suis avec beaucoup de monde. Du coup, j’aime bien me retrouver tranquille. Quand on écrit, on est vraiment très seule. Il faut trouver le bon équilibre. Ecrire, c’est quelque chose que j’aimerais faire maintenant, être publiée.
Pour le moment, je suis ravie des projets de tournages. Et j’ai adoré travailler avec Pierre Monnard, qui est très talentueux et chaleureux. C’est un Romand, il arrive à mettre une bonne ambiance tout en restant très pro, il est adorable!

A voir et à revoir:
«Wilder» saison 2 inédite depuis le 30 janvier à 21h10 sur RTS1
Rediffusion des épisodes de la saison 1 le mardi à partir de 23h20 sur RTS

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Wilder

Série ∙ CH

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Pierre Monnard, réalisateur de «Wilder», en images

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Pierre Monnard, réalisateur «Wilder», en images

Pierre Monnard, entouré de Sarah Spale (Rosa Wilder) et Marcus Signer (Manfred Kägi)

Photo: SRF/RTS/Pascal Morrat

Pierre Monnard, réalisateur de la série «Wilder».

Photo: SRF/RTS/Pascal Morrat

Pierre Monnard et son équipe, en extérieur pour une scène de «Wilder».

Photo: SRF/RTS/Pascal Morrat

Le réalisateur Pierre Monnard et l'actrice Sarah Spale (Rosa Wilder).

Photo: SRF/RTS/Pascal Morrat

Tournage d'une scène de la série.

Photo: SRF/RTS/Pascal Morrat

Pierre Monnard et son équipe, en plein tournage.

Photo: SRF/RTS/Pascal Morrat

Pierre Monnard, sur le tournage de la série.

Photo: SRF/RTS/Pascal Morrat

Pierre Monnard et son équipe, en plein tournage de la saison 2 de «Wilder».

Photo: SRF/RTS/Pascal Morrat