InterviewCécile de Ménibus: «C'était comme un vieux couple...»
de Caroline Libbrecht/AllTheContent
21.1.2021
Révélée par Cauet dans les années 2000, Cécile de Ménibus sort aujourd'hui un livre «Je voudrais tout prendre d'elle», dédié à sa mère. A 50 ans, elle revient sur les moments marquants de sa vie. Une vie qu'elle n'a de cesse de réinventer avec énergie!
Vous animez la matinale sur Sud Radio depuis trois ans. Quel est votre rythme de travail?
J'ai un rythme de sportif de haut niveau. Je me couche à 19h30, je me lève à 3 heures du matin. Je ne bois pas, je ne fume pas, je cuisine beaucoup et je suis habituée à travailler beaucoup. Je suis touche-à-tout! En plus de la radio, je suis à la tête d'une société d'aménagement intérieur. Je suis associée avec mon fiancé (Thierry Tourault avec qui elle est en couple depuis sept ans, NDLR) qui s'est reconverti il y a un an, après une carrière de producteur télé. Je gère la partie communication, les relations avec les entreprises... Je travaille avec des architectes qui aiment les beaux matériaux, c'est un réel plaisir!
Vous aimez être là où on ne vous attend pas!
Dans la vie, j'essaie tout. Tant que je peux et tant que j'ai l'énergie, j'ai envie d'essayer. J'aime bien avoir un coup d'avance, j'aime apprendre et je n'aime pas dépendre de qui que ce soit. Si je me trompe, ce n'est pas grave. Si la radio s'arrête demain, ce n'est pas grave non plus. Tout comme quand la télé s'est arrêtée...
J'étais dans une super équipe, je gagnais très bien ma vie avec «la Méthode Cauet» sur TF1, j'avais une vie toute tracée. Mais, à un moment donné, j'ai eu envie de prendre des risques, de relever des nouveaux défis. Je me suis remise en question et j'ai fait un Master de communication à Sciences Po. J'ai perdu un peu de confort personnel, mais j'ai gagné autre chose. C'est ça, ma vie. Je n'aime pas ronronner.
Aux côtés de Cauet, vous ronronniez?
C'était comme un vieux couple, avec son quotidien et sa routine. Avec son émission, Cauet offrait un espace de liberté, d'imbécilité, de moments où on se lâchait, on déposait son cerveau, avec beaucoup de bienveillance. Les artistes étaient ravis de venir dans l'émission, on faisait de très bonnes audiences. C'était moins trash que la télé d'aujourd'hui, c'était bon enfant. Mais, au bout de quelques années, j'ai senti que je me mettais moins en danger, je finissais par tourner en rond.
«Moi, ce qui m'a surtout dérangée, c'est quand Rocco Siffredi m'a soulevée en coulisses et qu'il a mis sa langue au fond de ma gorge! »
Rocco Siffredi qui vous agresse sur le plateau de «la Méthode Cauet» en 2006, sous les rires et les encouragements, c'est un des mauvais souvenirs de l'émission?
Oui, j'en ai peu, mais c'en est un! J'ai dû appeler la sécurité pour le stopper. On ne s'attendait pas du tout à ce qu'il se comporte comme ça. Quand on fait du divertissement, certaines situations sont très dures à gérer. C'est incontrôlable. A l'époque, on n'avait pas l'habitude de ce genre de dérapages et on était moins vigilants. Collectivement, ça ne dérangeait personne. Moi, ce qui m'a surtout dérangée, c'est quand Rocco Siffredi m'a soulevée en coulisses et qu'il a mis sa langue au fond de ma gorge! C'est apparenté à du viol, ce type est sans limites, sans foi ni loi. A l'antenne, il a fait son show. Hors antenne, il est devenu un prédateur. Tout le monde le portait aux nues, mais ce n'est qu'un gougeat sans aucune éducation. C'est la seule fois où un homme m'a manqué de respect!
Regrettez-vous certaines choses dans votre vie?
Ce que j'ai fait, je l'assume à 100%. J'assume tous mes choix et je ne regrette absolument rien, sauf cet incident avec Rocco Siffredi. Quant au fait de ne pas être devenue mère, c'est la seule chose que je n'ai pas maîtrisé dans ma vie. Je l'ai accepté, car c'est le destin qui a décidé pour moi. Il ne faut pas forcer le destin. Si je n'ai pas eu d'enfant, c'est que je ne devais pas en avoir.
Quelle est la part de votre éducation dans votre façon de penser?
J'ai été élevée comme ça, je me suis toujours auto-gérée, débrouillée toute seule. Ma mère a toujours été hyper carrée: elle me disait que si je voulais quelque chose, je devais me baisser pour le prendre, je ne devais rien attendre des autres. Il faut travailler pour obtenir ce qu'on veut et ne compter que sur soi-même! Pourtant, je viens d'un milieu très privilégié: on a été élevés avec chauffeur, cuisinier, jardinier dans une maison avec tennis et piscine. Puis, du jour au lendemain, tout s'est arrêté: on a connu des moments très difficiles, quand ma mère a quitté le foyer avec ma grande soeur et moi. C'est comme si la lumière s'était éteinte en un quart de seconde. J'avais 13 ans, je l'ai très bien vécu, j'ai transformé cette épreuve en positif. Contrairement à ma soeur qui a fini par mettre fin à ses jours il y a cinq ans...
«Ce livre est important pour se reconstruire, il nous a libérées d'un poids, ma mère a reçu beaucoup de messages de soutien. »
Toutes ces épreuves de la vie, vous les racontez dans votre livre «Je voudrais tout prendre d'elle», livre dédié à votre mère. Comment va-t-elle aujourd'hui?
Elle a perdu deux enfants, un fils à l'âge de deux ans (victime d'une chute mortelle, NDLR) et sa grande fille (qui a mis fin à ses jours, en 2015, NDLR). C'est une douleur indicible. Elle a une certaine culpabilité et elle se demande parfois si elle a bien fait les choses, si elle aurait pu les faire autrement... Malgré les épreuves, elle a toujours réussi à gagner sa vie, à se relever, elle est remariée depuis 25 ans avec un homme fantastique. Ce livre est important pour se reconstruire, il nous a libérées d'un poids, ma mère a reçu beaucoup de messages de soutien. Aujourd'hui, nous sommes très proches et elle continue de veiller sur moi.