Interview «Cela a été une souffrance, parce que je pensais à Stéphane»

Léa Drouelle / AllTheContent

8.4.2019

L'actrice française Christine Lemler.
L'actrice française Christine Lemler.
Olivier Allard

On l’a vue sur les plages ensoleillées de Saint-Tropez dans la série «Sous le Soleil» sous les traits de Valentine Dulac pendant plus de douze ans. Aussi à l’aise sur les plateaux de série que sur les planches, la comédienne Christine Lemler (51 ans) prend toujours autant de plaisir à passer d’un personnage à l’autre.

Elle revient sur TF1 en avril, dans la série «Demain nous appartient», où elle incarne le rôle de Natalia.

Pouvez-vous nous parler de votre rôle (Natalia) dans «Demain nous appartient»?

Natalia est la grand-mère de César, le bébé que son fils Sacha a eu avec Margot. Elle arrive à Sète car elle voudrait nouer le contact avec son petit-fils, qu’elle n’a jamais vu. C’est un très joli personnage, à la fois amusant et touchant.

Dans cette nouvelle aventure, vous allez retrouver d’anciens partenaires de jeu, comme Vanessa Demouy, avec qui vous aviez tourné dans la série «Classe Mannequin» (1993-1994)?

Oui, je l’ai croisée au maquillage. Peut-être qu’on aura l’occasion de tourner ensemble…

«Premiers baisers», «Sous le soleil», «Plus belle la vie»: vous avez joué dans de nombreuses séries télévisées. Comment décriveriez-vous cette expérience?

Travailler sur une série est un rythme difficile, car on passe souvent d’un plateau à un autre. On tourne plusieurs séquences d’épisodes, par décor, et parfois en une journée. Il ne faut donc pas oublier ce qui s’est passé avant, ni ce qu’il va se passer après. C’est un véritable entraînement. Mais une fois qu’on a pris le pli, je pense qu’ on peut tout jouer. C’est une formidable école.

«Quand on tourne sur un plateau, on est surtout complice de la caméra.»

Vous jouez aussi beaucoup au théâtre… Quel univers préférez-vous?

Je prends autant de plaisir dans les deux. Sur scène, c’est très différent. On est dans l’immédiat. Comme dans une série, on fait évoluer le personnage entre la première et la dernière représentation. Ces changements sont possibles grâce au public qui est porteur. On sent un frémissent, une réaction, un rire dans la salle par exemple. Et là, on sait qu’on peut aller plus loin dans l’émotion et approfondir le personnage.

Quand on tourne sur un plateau, on est surtout complice de la caméra. Si on est filmé en plan large, on joue différemment car la caméra devient notre partenaire, un atout qui va influencer notre jeu.

Votre série préférée?

Je n’en ai pas en particulier, mais je suis assez accro à Netflix. En ce moment, je regarde la série norvégienne «Occupied».

«Avec Valentine, j’étais servie: c’était tout sauf un personnage lisse…»

Quel souvenir gardez-vous de Valentine, que vous avez incarnée dans «Sous le Soleil» pendant plus d’une décennie?

J’aime incarner des personnages hauts en couleur et les défendre. Avec Valentine, j’étais servie: c’était tout sauf un personnage lisse… Avec elle, je pouvais presque tout me permettre.

C’était l’un des rares personnages antipathiques de la série. Un vrai rôle de composition. Parfois, des gens me disaient: «Je ne regarde pas tout le temps la série, mais quand vous êtes là si, car on sait que vous allez faire une vacherie!».

«On était les deux salauds de la série!»

Est-ce pour cette raison que vous avez accepté de jouer dans la deuxième version, «Sous le soleil de Saint-Tropez» (2013-2014) ?

À vrai dire, j’ai hésité. Avec Stéphane Slima (alias Alain Dulac), mon partenaire pendant des années dans «Sous le soleil», on s’était toujours dit «pas l’un sans l’autre». Quand il nous a quittés, peu avant le début de tournage [il est décédé en 2012 d’un AVC, NDLR], je ne savais pas si je devais y aller ou pas.

Puis je me suis demandé ce qu’il aurait fait. Je pense qu’il m’aurait dit «continue». Alors j’y suis allée. Mais le premier jour de tournage a été une souffrance, parce que je pensais à Stéphane qui n’était pas là. Quand on tournait ensemble, on n’avait pas besoin de se parler, on se comprenait. On se regardait et on se suivait. Il y avait un lien très fort. On était les deux salauds de la série!

«Pas toujours facile de tourner en petite robe en plein hiver tout en laissant penser qu’il fait chaud!»

Avez-vous gardé des contacts avec les autres acteurs et actrices de «Sous le soleil»?

Je vois de temps en temps Marie Adam (alias Blandine). J’ai aussi revue Bénédicte Delmas (alais Laure), qui s’est lancée dans la réalisation. Mais nous avons fait chacun notre chemin.

Un souvenir de tournage qui vous a marquée?

Pour «Sous le soleil», on tournait souvent quand il faisait froid. Saint-Tropez est une destination estivale très prisée donc on tournait fin septembre, parfois jusqu’en décembre ou janvier. Pas toujours facile de tourner en petite robe en plein hiver tout en laissant penser qu’il fait chaud! Heureusement, l’équipe de tournage nous chouchoutait. Souvent, on portait des pantalons sous nos vêtements et des charentaises.

«Les très beaux rôles de femmes restent assez rares.»

Vous avez des hobbies?

Quand je ne joue pas, je me consacre à ma famille. Je retrouve mes attaches en Normandie et je me reconnecte à la nature.

Depuis le mouvement Me Too, le sexisme à l’encontre des actrices est régulièrement dénoncé. Quel est votre sentiment à ce sujet?

Dans notre métier, on est un peu le faire-valoir des hommes. Les très beaux rôles de femmes restent assez rares. Et plus la femme vieillit, moins on écrit pour elle. Passé 40 ans, on l’oublie. C’est vraiment dommage. Car je pense au contraire que plus elle vieillit, plus elle s’épanouit, plus elle est belle et plus elle a de choses à raconter.

Des nouveaux projets en plus de «Demain nous appartient»?

Nous allons jouer «L’Art’Nacoeur» à partir du mois d’août avec Franck Leboeuf, Nicolas Vitiellio, Véronique Demonge, Georges Beller et Michèle Kern.

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