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«Un si grand soleil» Dans les coulisses d’un nouveau «petit Hollywood»...
D'Aurélia Brégnac/AllTheContent
24.12.2019
Depuis près d’un an et demi, la série française fait un carton d’audience. Diffusée sur France 2, dans une case horaire privilégiée – après le JT et avant le prime time –, «Un si grand soleil» est un pari réussi pour la chaîne – la 4e la plus regardée en Romandie.
Une galerie de personnages attachants et le récit de leurs péripéties sous le soleil de Montpellier, une production aux petits oignons concoctée dans des studios du nouveau «petit Hollywood» de la Méditerranée. Une gageure dont le succès a été étudié dans les moindres détails. Et pour cause, les feuilletons diffusés sur les chaînes françaises à cette heure-là sont devenues légion: «Plus belle la vie», depuis plus de 10 ans sur France 3, mais aussi «Demain nous appartient» sur TF1. Encore fallait-il réussir à embarquer un public déjà branché sur les chaînes voisines. L’arsenal déployé pour la réalisation de cette nouvelle série montpelliéraine aura finalement été payant… En voyage dans le Sud, nous nous sommes donc invités dans les coulisses du tournage pour tenter de deviner les ingrédients de cette recette qui plaît.
Le nouveau Hollywood des séries?
Lorsque les studios de Vendargues, en périphérie de la capitale héraultaise, ont été inaugurés à l’été 2018, les médias nationaux ont tout de suite été emballés. Jusqu’alors, les séries nécessitant des décors intérieurs étaient plutôt tournées dans des locaux aseptisés de la région parisienne. Aussi, les quelques 16’000 m2 de studios aménagés semblaient un pari plutôt risqué, mais finalement bien calibré; un nouvel eldorado pour des productions audiovisuelles «made in France». Côté budget, ce sont près de 11 millions d’euros qui ont été investis dans l’aménagement d’un ancien complexe industriel et des décors plus vrais que nature. Un «petit Hollywood», vraiment? Si d’emblée, la comparaison paraît osée, les moyens déployés par la filiale de production «France TV Studio» sont à la mesure de l’ambition. En témoignent l’étendue des studios et la sophistication des décors; l’écrin possible de futurs scénarios. A moyen terme, il se peut en effet que d’autres fictions – séries ou longs-métrages – voient le jour dans ces lieux qui laissent place à toute l’imagination… Invités à constater l’ampleur du dispositif, nous nous sommes donc immergés, le temps d’un après-midi maussade, dans cette usine à histoires, et assisté en exclusivité au tournage d’une scène d’«Un si grand soleil».
«Un si grand soleil» au beau fixe
La cadence des tournages de la série aussi audacieuse, avec des sessions de 10 épisodes tournés en 15 jours, et parfois même, un épisode filmé chaque jour. Mais ce rythme effréné ne se fait pas au détriment de la qualité, assure la production. Les quatre réalisateurs qui se partagent l’ensemble des prises de vues ne veulent «rien laisser au hasard». En plus d’intrigues plutôt bien ficelées – en tout cas addictives –, «Un si grand soleil» bénéficie de moyens scénographiques colossaux. Un peu plus de la moitié des tournages en extérieur ont lieu dans les rues de Montpellier, mais les scènes d’intérieur sont, elles, intégralement filmées dans ces décors aussi réalistes que diversifiés.
Comme si vous y étiez
Au gré de déambulations labyrinthiques, nous pénétrons dans des pièces cosy, pourvues d’une décoration tendance, avec autant de chambres, de cuisines et de salons qu’il y a de familles emblématiques. Des lieux de vie personnels, mais aussi le fameux commissariat et ses persiennes métalliques, une salle de palais de justice et son mobilier boisé, une prison avec sa cellule décrépite, et même une librairie, un laboratoire et une clinique vétérinaire… Le clou du spectacle? La réplique d’un appartement de type haussmannien - celui où vit la colocation! -, avec son parquet massif, ses moulures et sa large cheminée. Si l’on ne pouvait apercevoir les projecteurs surplombant l’endroit et les fonds verts donnant vie à des horizons factices, fort est à parier qu’on s’y installerait volontiers pour quelques jours, et qu’on s’y sentirait comme à la maison… Mais comme nous le rappellent les poutrelles métalliques du haut plafond industriel, les caméras et autres accessoires de tournages, nous sommes dans des studios. Charmés, nous poursuivons donc notre exploration, direction les coulisses.
De l’autre côté du miroir…
Impossible de passer à côté des loges dédiées au maquillage et au stylisme sans y jeter un œil. Là encore, l’espace ne manque pas. Au cœur d’une immense pièce, une forêt de portants, sur lesquels sont disposés tous les vêtements possibles et imaginables, rangés selon l’acteur auquel ils reviennent – un dressing à rendre jalouse Cristina Cordula. Dans une pièce attenante, le studio make-up dispose lui aussi de tout le matériel nécessaire à la mue des comédiens.
Au gré d’une retouche de dernière minute, on croise d’ailleurs des têtes connues, comme Tonya Kinzinger, actrice franco-américaine de 51 ans, qui s’était fait connaître il y a déjà plus de 20 ans dans le rôle de Jessica, dans «Sous le soleil» (TF1). Elle incarne aujourd’hui Janet Lewis, une intrigante directrice d’hôpital, travaillant aux côtés de Claire Estrela, jouée par Mélanie Maudran, personnage phare de la série. Un raccord entre deux prises est l’occasion de constater que comédiennes et maquilleuses bavardent comme de vieilles amies. Le temps est pourtant compté… Une scène doit être enregistrée.
L’envers du décor, en plein tournage
Le tour de cette arène audiovisuelle continue, et nous voilà aux abords d’un café-restaurant reconstitué. De petites tables rondes et des chaises en bois, du carrelage au sol, un zinc de bistrot, et une poignée de figurants qui se préparent. Accoudés au comptoir, Emma Colberti (alias Eve) et Fred Bianconi (Virgile) discutent avant le tournage de la prochaine scène. Autour du décor, les caméras, les preneurs de son et autres éclairagistes. Un peu plus loin, les écrans de contrôle derrière lesquels le scénariste et l’équipe de production veillent au grain. «Silence, s’il vous plaît! Trois, deux, un… Action!» Le brouhaha cesse immédiatement, figurants et comédiens sont en place. Les répliques s’enchaînent, et seules quelques prises et ajustements suffisent pour que la scène – champ et contrechamps – soit en boîte. Il aura fallu une bonne heure pour tourner une séquence de quelques minutes. Mais les professionnels le certifient: de courts moments à l’écran sont le fruit de plusieurs longues heures de travail, préparation et postproduction comprises. On les croit.
Motus et bouche cousue!
Curieux que nous sommes, nous en profitons pour grappiller (enfin!) quelques informations exclusives sur les épisodes à venir. Ceux-là étant tournés bien amont – trois mois avant leur diffusion –, l’équipe est dure en affaire: on craint de nous en dévoiler trop. Nous promettons d’être sages et de ne rien dire. Nos investigations restent assez vaines, mais nous devinons qu’Eve et Virgile vont bientôt renouer. Le ténébreux patron de paillote parviendra, pour sûr, à ressusciter la passion qu’il a jadis partagée avec la belle prof aux yeux azur… Mais pour y assister, il vous faudra encore patienter quelques semaines!
Mélanie Maudran en images