Interview Elodie Gossuin: «Ce buzz a été mon pire souvenir»

de Caroline Libbrecht/AllTheContent

17.3.2021

La pétillante Elodie Gossuin s'est fait connaître grâce à l'élection de Miss France, en 2001. Vingt ans ont passé. A la tête d'une famille nombreuse, elle présente aujourd'hui «Familles extraordinaires» (6ter), sans oublier les matinales à la radio (RFM).

de Caroline Libbrecht/AllTheContent

17.3.2021

Quel est votre rythme de travail en ce moment?

Je partage mon temps entre les matinales sur la radio RFM - que je coprésente depuis six ans - et l’émission «Familles extraordinaires» sur la chaîne 6ter. Quand on m’a proposé ce programme, je ne voulais pas juste faire des plateaux de lancement en lisant un prompteur; je voulais m’immerger dans les sujets et faire la voix off. J’ai aussi quelques engagements avec l’Unicef… Et j’ai surtout une vie de famille bien remplie. Je passe les mercredis avec mes enfants. Le vendredi, j’essaie de finir plus tôt.

Comment vous êtes-vous retrouvée à incarner «Familles extraordinaires» (6ter) en 2018?

Je travaillais déjà ponctuellement avec le groupe M6. J’aime travailler avec des gens que je connais et que je respecte. Quand j’ai appris que 6ter se positionnait sur la famille, j’ai foncé. Je ne voulais pas faire de la télé juste pour exister, je voulais vraiment faire un programme qui me ressemble et que j’ai envie de défendre.

«Il n’y a pas un sujet que je mixe sans pleurer...»

De l’écologie aux changements de vie, en passant par les vacances, comment se fait le choix des sujets?

On essaie de rebondir sur l’actualité et d’être engagés. Par exemple, en pleine Semaine de l’agriculture, on va s’intéresser aux agriculteurs: comment ces familles s’organisent-elles, vu leurs horaires de travail? On partage plein d’informations pratiques, par exemple, lorsque les familles nombreuses partagent leurs bons plans, pour partir en vacances, etc. Rien n’est scénarisé, tout est réel! Les gens racontent leur vraie vie, sans avoir besoin de tricher ou de jouer un rôle. La télévision, quand elle est authentique, c’est ce qui fait la différence.

Qu’est-ce qui fait le succès de «Familles extraordinaires»?

Il n’y a pas un sujet que je mixe sans pleurer; cela me procure une émotion incroyable. Parfois, on revit des moments du passé, comme la petite enfance, quand on court partout, on n’a pas le temps de prendre une douche et on est au bord de la crise de nerfs. Cela me replonge dans mes propres souvenirs. Parfois, je me sens moins concernée, mais j’admire les gens, comme ceux qui osent changer de vie ou qui font de grands voyages avec leurs enfants. Cela m’inspire beaucoup!

«Je ne suis pas une maman méticuleuse, maniaque et hyper ordonnée.»

Et vous, en tant que maman de quatre enfants, comment qualifierez-vous votre famille?

Une famille XXL qui tente d’organiser son joyeux bordel. Je ne suis pas une maman méticuleuse, maniaque et hyper ordonnée. Je suis une mère-copine, je ne suis pas autoritaire. Heureusement que papa est là avec un peu d’autorité (rires). Infographiste, il travaille à la maison et il gère les enfants lorsque je ne suis pas là. On s’est connus grâce à une amie commune, j’avais 23 ans.

«Pour un couple, avoir des enfants, c’est à la fois le plus grand bonheur et la plus grande épreuve. Mieux vaut le savoir!»

Vous imaginiez-vous à la tête d’une famille nombreuse?

Je me suis toujours imaginée maman, mais je n’avais pas de plan précis. Dès que j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari, c’était comme une évidence. On s’est projetés comme parents sans se poser trop de questions. Je suis certaine que c’est mon âme sœur. Avoir des enfants, c’est la principale source de conflit au sein du couple, même si on s’aime profondément. Pour un couple, avoir des enfants, c’est à la fois le plus grand bonheur et la plus grande épreuve. Mieux vaut le savoir!

Quels sont vos secrets pour être une famille harmonieuse?

D’abord, je pense qu’on n’avance pas sans quelques concessions. Ensuite, on rit de tout, même de nos différences. Chez nous, ce n’est jamais tranquille, j’ai aussi besoin de ça pour me sentir vivante. Même si on est mariés depuis longtemps, il n’y a pas de routine. J’aime tout renouveler en permanence, même si c’est épuisant…

Sur Instagram, vous affichez en effet une image très positive et enthousiasmante de la famille. Comment faites-vous?

Je n’assume pas pleinement les moments où je ne vais pas bien, car il y en a! Mais dans ce cas, je ne m’expose pas, je me replie. Mes passages à vide sont liés surtout à la fatigue. Je me lève à 4 heures du matin pour présenter la matinale à la radio. Alors, si la nuit a été courte et si je n’ai pas eu le temps de me poser dans la journée, si je dois enchaîner le soir avec les devoirs et les bains, je craque. Physiquement, je ne tiens pas! A la base, je suis une très grosse dormeuse. Le week-end, je peux dormir 12 heures d’affilée sans soucis.

«Je suis une maman louve et je suis malheureuse quand je suis loin de mes enfants.»

Avez-vous un peu d’aide de la part de votre famille?

On vit en Picardie pour être proches de ma famille. En cas d’imprévus, ma mère peut nous dépanner. Mais en général, on se débrouille. C’est mon mari qui dépose les enfants à l’école le matin et c’est moi qui vais les chercher en fin de journée. Et comme ma sœur a trois enfants, il m’arrive aussi de la dépanner et de récupérer les sept enfants en fin de journée (rires)! Il y a une vraie solidarité familiale. C’est une chance. Contrairement à ce que certaines personnes peuvent penser, je n’ai pas de nourrice, je n’ai pas de jeune fille au pair et je ne pars jamais en week-end sans mes enfants. Je suis une maman louve et je suis malheureuse quand je suis loin d’eux.

Vous qui vous apprêtiez à devenir infirmière, comment l’élection de Miss France en 2001 a-t-elle bouleversé votre vie?

J’ai cru que Miss France était une parenthèse dorée et que la vie d’avant allait reprendre son cours; or d’autres opportunités se sont présentées. Je me suis retrouvée dans un tourbillon, mon quotidien a été chamboulé du jour au lendemain. Je me suis retrouvée à avoir un appartement à Paris, on m’a offert une voiture, j’avais un planning chargé, ce qui m’a poussée à arrêter mes études. Il faut du temps pour retrouver ses repères, des habitudes et un équilibre.

«J’ai été victime d’une rumeur selon laquelle j’étais transsexuelle.»

Avec le recul, que pensez-vous de cette période?

C’était magique, c’était un conte de fées. Le revers de la médaille, ça a été la gestion de l’image publique, des critiques et des buzz médiatiques… Mon pire souvenir, ça a lors de l’élection de Miss Univers: j’ai été victime d’une rumeur selon laquelle j’étais transsexuelle. Je me suis retrouvée à la une de tous les journaux. J’ai dû me justifier. Mes proches se sont retrouvés pris dans cette tempête: on a demandé à ma mère un acte de naissance. J’aurais pu être transsexuelle, mais il se trouve que je suis une femme, et fière de l’être. Ce buzz a été mon pire souvenir, en tant que Miss France. Cela m’a fait grandir très vite, j’ai perdu un peu de naïveté et ça m’a ouvert les yeux.

L’année suivante, vous avez été élue Miss Europe.

Contrairement à Miss France qui donne un rôle d’ambassadrice, Miss Europe m’a donné des opportunités professionnelles: j’ai animé une émission de télévision à Dubaï, j’ai participé à des galas de charité en Grèce et en Russie, j’ai eu des contrats de mannequinat. Ce qui était avantageux, c’était les cadeaux. Je ne gagnais pas spécialement bien ma vie, je n’étais pas salariée, mais ça m’a permis de voyager. Je n’ai jamais exclu de revenir au métier d’infirmière. Mais finalement, les choses se sont bien enchaînées: j’ai fait de la radio, de la télé avec Cyril Hanouna, etc. J’ai juste arrêté de travailler lorsque j’ai eu mes enfants, en 2007 (les jumeaux Rose et Jules, NDLR) et 2013 (les jumeaux Joséphine et Léonard, NDLR).

«A la radio par exemple, je me sens valorisée car l’image ne compte pas.»

Vous aimez participer à des jeux, comme «Pyramide», «Mot de passe», «Fort Boyard», «Danse avec les stars», pourquoi?

Ce sont des émissions que j’adore! Je me verrais bien présenter un jour un jeu. Quand on a été Miss France, il y a toujours des clichés liés aux concours de beauté. J’ai envie de montrer que je suis capable d’autre chose. A la radio par exemple, je me sens valorisée car l’image ne compte pas. C’est une revanche. Les jeux aussi montrent une autre version de moi-même.