Interview Jonas Schneiter: «J’ai appris à accorder plus de temps à mes proches»

Aurélia Brégnac/ AllTheContent

16.11.2018

Il vient tout juste de souffler ses 28 bougies, et se montre déjà quasi virtuose du petit écran! Après deux ans de succès aux commandes de «C’est ma question», Jonas Schneiter, jeune recrue de la RTS, s’offre un nouveau rendez-vous, cette fois en prime-time et en direct. 

A partir de ce samedi, le nouveau télécrochet réservé aux groupes et aux chorales, «Chorus», espère mettre l’audience au diapason. Une occasion en or, pour l’animateur que l’on connaît volontiers irrévérencieux, de prouver que divertissement et authenticité peuvent résonner à l’unisson. Ses projets, sa vision de la télé et ses modèles en matière audiovisuelle… Jonas Schneiter livre pour «Bluewin» sa propre partition de ce que signifie pour lui une bonne animation télé!

«Je sens la pression qui monte!»

Tout d’abord: bon anniversaire! Vous fêtez aujourd’hui vos 28 ans. Du succès, de nouveaux projets pro ou personnels… Qu’est-ce que l’on peut vous souhaiter?

Jonas Schneiter: Que tous les projets et de radio aujourd’hui en cours se passent bien, du point de vue de l’audience et de la qualité. Il y a beaucoup de défis en cours, et j’aimerais bien qu’ils aient du succès…

Justement, comment vous sentez-vous à quelques jours du lancement de «Chorus», ce samedi?

Je sens la pression qui monte! C’est une émission importante pour moi et tous ceux qui la font, les candidats qui travaillent depuis plusieurs mois pour être au top. On a envie de donner le meilleur!

Quel est le principe de l’émission?

Ce sont des équipes de talents vocaux qui s’affrontent. Six équipes sont sélectionnées dans chacune des deux premières émissions; puis vient la grande finale, le 1er décembre, où l’on retrouve les meilleures d’entre elles. Elles interprètent des titres pop, du moment, et ont quelques minutes pour séduire le jury et les téléspectateurs, les deux votant à hauteur de 50% chacun. Le jury se compose d’Alizé Oswald du groupe Aliose, qui est l’une des plus belles voix du moment en Suisse romande, et de Marc Aymon, lui aussi bien connu ici, qui a récemment réinterprété des titres du folklore suisse. Il y a donc à la fois ce côté «terroir», dont sont proches certains candidats, et cette ouverture au show-business. Ce qui est l’ADN de cette émission.

«On ne va pas se mentir. Il y a quand même un aspect téléréalité.»

Si ce n’est qu’elle sélectionne des groupes et des chorales, en quoi est-elle finalement différente des autres émissions comme «The Voice», «Nouvelle Star», etc.?

Ce sont en effet des groupes par équipes, et non individuels; ce qui est nouveau. Et puis, c’est beaucoup plus proche de notre culture. Ce sont des candidats de la région, qui nous ressemblent. Dans la compétition et le scénario, on est aussi plus proche de la culture helvétique. On ne cherche pas le clash, on est plus dans la volonté d’offrir un beau spectacle. Les notes du jury restent confidentielles… Cela devrait plaire davantage au public suisse que les divertissements français du même genre.

Il y aura moins de téléréalité, en fait?

On ne va pas se mentir. Il y a quand même un aspect téléréalité, puisque l’on va apprendre des choses personnelles sur eux… On va aussi jouer sur ce registre des émotions, bien sûr. Mais on ne va prendre que ce qui élève, pas ce qui rabaisse. On ne veut pas de conflits, de clashs, ce genre de choses, qui sont très présentes dans les téléréalités françaises.

«C’est vrai que ça me manque.»

Pendant deux ans, vous avez animé avec succès le jeu «C’est ma question», que vous avez décidé d’arrêter l’an dernier. Regrettez-vous ce choix?

Oui, je le regrette en partie. Avant, je pensais que les jeux TV, ce n’était pas ma culture, que je ne savais pas faire. Mais en fait, j’y ai pris énormément de plaisir. J’ai découvert à quel point on pouvait avoir des émotions fortes. J’ai été très étonné du nombre de retours sur l’émission. Donc c’est vrai que ça me manque. Mais c’était en même temps nécessaire de travailler sur d’autres projets encore plus incroyables à vivre. Finalement, c’est un mal pour un bien. Je le regrette mais je me réjouis de la suite.

Quels sont les animateurs qui vous inspirent en ce moment?

Gamin, dans les années nonante, j’adorais Vincent Lagaf’. Mais aujourd’hui, les gens attendent autre chose. Un bon animateur de cette époque-là n’est plus forcément un bon animateur en 2018. Aujourd’hui, la principale différence est la recherche de l’authenticité, l’émotion, et moins le sens du spectacle… J’aime beaucoup la manière dont Nagui et Frédéric Lopez animent, dans ce registre de la sincérité. J’apprécie moins la TV à la Arthur ou à la Nikos Aliagas, qui sont très axés «show» et «paillettes», et sont finalement un peu datés, pas assez dans l’émotion. Certes, il y a chez eux une proximité avec les artistes parce qu’on sent qu’ils font partie de ce petit monde, mais moins avec le public. Nikos, à la radio sur NRJ, a d’ailleurs essayé d’être plus proche du public, mais ce n’était de loin pas le meilleur. Il est par contre l’un des plus forts dans le rôle de «Monsieur Loyal», de l’animation du show et du «cirque télévisuel».

Tout ça est finalement trop surjoué?

Les animateurs qui jouent la carte de l’authenticité ont beaucoup de succès aujourd’hui. Si l’on doit reconnaître quelque chose à Cyril Hanouna, c’est qu’il a toujours cherché à être la TV comme il est dans la vie, à parler de la même manière, faire les mêmes blagues… Je ne suis pas un fan de Cyril Hanouna et de ce qu’il fait, mais il a une forme d’authenticité qui fonctionne. Avant, il ne fallait surtout pas que la télévision ressemble au salon des gens: il fallait qu’elle les fasse rêver. Tout ça, c’est dépassé aujourd’hui.

On connait aussi, en parallèle, pour votre engagement dans l’humanitaire (dans l’émission «Cœur à Cœur» et l’association «Terre des Hommes»). Pourquoi êtes-vous aussi impliqué dans ce type d’actions?

La télé donne de la visibilité, mais cette visibilité est un peu vaine si elle ne permet pas de transmettre quelque chose de plus profond. Là, j’ai fait un voyage en Ukraine qui m’a vraiment bouleversé, j’étais sur la ligne de front avec des enfants, dans la guerre. Je suis heureux de me sentir utile dans ces actions qui dépassent la futilité de la télévision. La télé reste le moyen le plus puissant pour toucher le plus grand nombre de personnes.

«J’ai déjà deux chats, et ça me prend beaucoup d’énergie!»

Vous parlez régulièrement des générations Y et Z – dites «connectées» – qui souffriraient de préjugés, auxquelles on accorderait pas assez de responsabilités. En quoi ces jeunes peuvent-ils faire évoluer la société?

Les anciennes générations reprochent aux plus jeunes de ne pas descendre dans la rue pour manifester, d’être démobilisés… Mais c’est faux, on ne regarde juste pas au bon endroit. Ils cherchent de nouveaux moyens plus efficaces. On le voit à travers le succès de petites associations… Ils s’engagent peut-être sur de plus petits enjeux, mais ont de plus grands résultats. Il y a beaucoup de futile sur les réseaux sociaux mais aussi beaucoup d’engagement.

Comment vous voyez-vous dans deux ans, lorsque vous fêterez vos 30 ans?

Je ne pense qu’il n’y a pas grand-chose qui va changer dans ma vie ces deux prochaines années. Ce qui me manque, c’est de travailler dans la durée, qu’on donne la chance aux émissions sur le long terme. On a tendance aujourd’hui à juger trop vite les programmes. J’aimerais bien, à 30 ans, être dans une émission qui dure.

Vous êtes donc bien occupé… Vous reste-t-il encore du temps pour vos proches?

Oui, j’ai des congés! J’ai appris à accorder plus de temps à mes proches. Avant, je croyais que l’ambition n’était que professionnelle, mais elle est aussi personnelle: des amitiés fortes, construire quelque chose de stable…

Construire quelque chose de stable»… Une famille, par exemple?

(Rires)… J’ai déjà deux chats, et ça me prend beaucoup d’énergie! Je leur donne un maximum d’amour, donc c’est déjà une famille… pour le moment.

Qu’allez-vous faire ce soir, pour votre anniversaire?

Non, j’ai déjà beaucoup fêté ce week-end! Je vais me reposer, parce qu’on doit encore travailler sur «Chorus», pour ce samedi.

«Chorus», à partir de samedi 17 novembre à 20h10 et jusqu’au 1er décembre sur RTS Un. Avec Swisscom TV Air, vous profitez gratuitement de Swisscom TV sur votre ordinateur, votre tablette et votre Smartphone. Ainsi, vous pouvez regarder Swisscom TV, vos enregistrements inclus, où que vous soyez.

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