Jean-Luc Godard«Les femmes, les actrices, je ne les ai pas bien traitées»
ATS
13.9.2022 - 13:48
Jean-Luc Godard a fait le plus souvent de ses compagnes les héroïnes de ses films. Les plus connues sont Anna Karina, égérie de la Nouvelle Vague, et Anne Wiazemsky.
Keystone-SDA
13.09.2022, 13:48
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«Je n'ai pas le sentiment de faire une différence entre la vie et la création», déclarait le réalisateur franco-suisse en 1965. «Pour moi, diriger une actrice et parler avec sa femme, c'est pareil».
Ses tout premiers films, des court-métrages, Godard les tourne avec sa première compagne, Anne Colette. Ce sera «Tous les garçons s'appellent Patrick» (1957) et «Charlotte et son jules» (1958) avec Jean-Paul Belmondo, inspiré du «Bel Indifférent» de Jean Cocteau.
En 1959, il repère une jeune Danoise, Anna Karina, dans une publicité. Il lui propose un rôle dans «A bout de souffle» qu'il s'apprête à tourner, mais elle décline, refusant de se déshabiller pour les besoins du film. Sorti en mars 1960, le long-métrage connaît un succès critique comme public (2,2 millions d'entrées).
Anna Karina accepte en revanche le rôle principal du film suivant, «Le petit soldat», qui a pour toile de fond la guerre d'Algérie. A partir de là, elle devient sa muse et tournera avec lui sept films au cours des années 60. Sept films emblématiques de la Nouvelle Vague: «Le Petit Soldat», «Une femme est une femme», «Vivre sa vie», «Bande à part», «Alphaville», «Pierrot le fou» et «Made in USA».
Ils se marient en Suisse le 3 mars 1961 et divorcent trois ans plus tard. «Ca n'a jamais marché», assène Godard lors de retrouvailles en 1987 avec Anna Karina à la télévision. Elle quitte le plateau en larmes. «Moi, je pleurerai chez moi, mais pas ici», dit le réalisateur.
Les années politiques
En août 1965, il rencontre la toute jeune Anne Wiazemsky (19 ans), la petite fille de François Mauriac, sur le tournage d'"Au hasard Balthazar» de Robert Bresson. Le réalisateur est déjà auréolé de prestige et – elle le racontera dans son livre «Une année studieuse» – elle se demande ce qu'il lui trouve alors que les gazettes annoncent déjà ses fiançailles avec Marina Vlady, avec qui il termine «2 ou 3 choses que je sais d'elle».
L'année suivante, elle lui déclare sa flamme et l'introduit dans le milieu étudiant lorsqu'elle s'inscrit à l'université de Nanterre. Ce sera la toile de fond de «La Chinoise» (1967), où Anne fait partie d'un groupe de jeunes bourgeois jouant à la révolution maoïste.
Dans la foulée, Godard tourne «Week-end» et, pour la seconde fois de sa vie, le 21 juillet 1967, épouse à la ville son héroïne à l'écran. Cette fois aussi, le mariage ne dure guère et le couple se sépare en octobre 1970.
Le 9 juin 1971, pendant la préparation de «Tout va bien», Godard est victime d'un grave accident de moto qui lui vaut de rester plusieurs mois à l'hôpital. C'est à ce moment qu'il se lie avec la scénariste Anne-Marie Miéville. A sa sortie de l'hôpital, en novembre 1971, il s'installe avec elle et lui propose de travailler comme photographe de plateau sur la reprise du tournage de «Tout va bien».
A partir de 1973, tous deux vivent à Grenoble et réalisent plusieurs documentaires-fictions, entre vidéo et télévision. En 1976, ils s'installent à Rolle (VD). Ce sera le début d'une longue collaboration. D'Anne-Marie Miéville, Godard dira: «Il y a eu les femmes dans mes films et la femme dans ma vie».
A plus de 60 ans, en mai 1995, il reconnaissait: «Les femmes, les actrices, je ne les ai pas bien traitées. J'ai respecté leur beauté aléatoire, mais je n'ai pas fait très attention à ce qu'elles pouvaient dire ou faire... Tous les peintres ont eu des modèles mais, moi, c'étaient des copies».