Interview Mabrouk El Mechri: «Je faisais semblant d'écouter tout le monde!»

Caroline Libbrecht / AllTheContent

27.3.2018

Le réalisateur Mabrouk El Mechri sur le tournage de Nox.
Le réalisateur Mabrouk El Mechri sur le tournage de Nox.
Xavier Lahache / Gaumont /Canal+

Après «Maison close», Mabrouk El Mechri revient à la réalisation avec la série «Nox» (création originale Canal+). En six épisodes, ce thriller explore les profondeurs de Paris. Avec Nathalie Baye, Malik Zidi et Maïwenn dans les rôles principaux.

«Nox» est une série souterraine. Comment tourne-t-on dans les sous-sols de la capitale française?
On ne peut pas tourner dans les égoûts, pour des motifs de sécurité sanitaire, car il y a des gaz qui s’échappent et qui peuvent être très toxiques. Du coup, on a tourné un peu en dehors de Paris, à la Plaine-Saint-Denis, à l’école des égoûts, là où les employés se forment. Il y a un circuit de simulation qu’on peut inonder, etc. Comme des égoûts, les odeurs en moins…

Quelles sont les spécificités d’un tournage dans un tel décor?
Il y a un kilomètre de tunnel où les égoutiers peuvent s’exercer, un décor très visuel pour la série! Le problème, c’est que ce long tunnel résonne. On a l’impression d’un bourdonnement permanent, dès que quelqu’un parle. C’est très étroit: on ne peut pas tenir à deux l’un à côté de l’autre. Toute l’équipe est en ligne. Quand la maquilleuse veut faire un raccord de maquillage, elle doit se faufiler. Autre difficulté: il y a une humidité incroyable, tout comme dans les carrières où ont été tournées d’autres scènes.

Quelle était votre idée de base pour réaliser cette nouvelle série?
On voulait quelque chose de très coloré, pour compenser la noirceur des sous-sols. Sur le format, il fallait donner un écrin à cette mini-série, envisager une histoire, des personnages et une esthétique. La série en six épisodes est bouclée: il y a un début, un milieu et une fin. Ensuite, on a fait des allers-retours entre extérieur et intérieur, pour habituer l’oeil du spectateur à évoluer dans des univers différents.

La réalisation de Nox est très différente de celle de Maison close. Comment l’expliquez-vous?
L’époque de Maison close permettait le fantasme et un certain naturalisme. Dans Nox, c’est plus contemporain et réaliste.

Les dialogues sont-ils très écrits ou y-a-t-il une place pour l’improvisation?
Certaines scènes se prêtent à plus de liberté: pour les scènes d’adieux, c’est dur de respecter ce qui était écrit. Les acteurs peuvent aussi proposer des choses qui leur viennent viscéralement, dans la situation. On s’adapte! Dans d’autres scènes, j’ai retiré des dialogues, car on s’installe dans les silences.

«J’accordais plus d’importance à l’avis de Maïwenn qui est aussi réalisatrice!»

Comment dirige-t-on deux actrices comme Maïwenn et Nathalie Baye?
Ce sont des actrices très différentes dans leur jeu, dans leur approche, dans leur fonctionnement: il faut tenter de saisir la jonction, le téléscopage des deux personnages. Il faut être à l’écoute de ce qui se passe sur le plateau. En réalité, je faisais semblant d’écouter tout le monde, mais j’accordais plus d’importance à l’avis de Maïwenn qui est aussi réalisatrice! (rires)

Le personnage de Julie joué par Maïwenn a peu de temps pour s’installer. Elle est pourtant centrale dans la série…
La qualité de sa disparition, c’est qu’elle a peu de scènes, mais on en parle tout le temps. Pour le spectateur, la série débute comme si on allait suivre Maïwenn et Malik (Zidi, NDLR). On ne prépare pas la disparition du personnage. Le plaisir avec ces acteurs, c’est le mouvement, l’électricité qu’on tente de capturer, il ne faut rien figer. Il y a une évolution dans la dramaturgie.

«Il y avait une vraie qualité ludique chez Maïwenn. Cette légèreté était très plaisante!»

Comment avez-vous dirigé les scènes d’action?
Les scènes d’action, on s’en fait toute une montagne, à cause de la contrainte technique… Mais il y avait une vraie qualité ludique chez Maïwenn. Cette légèreté était très plaisante!

Imaginez-vous réaliser un jour une série au long cours?
Pourquoi pas? Je suis fasciné par le fait qu’à force, l’acteur connaît mieux son personnage que le scénariste! Au bout de quelques saisons, c’est un véritable échange qui s’opère.

Quels sont vos projets?
Je prépare un film pour cet été, si tout se passe bien.

Le réalisateur Mabrouk El Mechri et Nathalie Baye (Catherine Susini).
Le réalisateur Mabrouk El Mechri et Nathalie Baye (Catherine Susini).
Mika Cotellon / Gaumont Télévision / Canal+

La série Nox est diffusée durant ce mois de mars sur Canal+. Avec Swisscom TV Air, vous profitez gratuitement de Swisscom TV sur votre ordinateur, votre tablette et votre Smartphone. Ainsi, vous pouvez regarder Swisscom TV, vos enregistrements inclus, où que vous soyez.

Nathalie Baye

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