Interview Martin Lamotte: «Le cinéma m'a perdu»

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1.11.2019

À 72 ans, Martin Lamotte est toujours un boulimique de travail.
À 72 ans, Martin Lamotte est toujours un boulimique de travail.
Lisa Lesourd

Il faisait immanquablement partie de nos souvenirs cinématographiques avant qu’on ne le retrouve dans des séries qui sont devenues aussi cultes que ses rôles au cinéma. Aujourd’hui à plus de 70 ans, Martin Lamotte nous parle de son métier avec toujours autant d’énergie! Interview exclusive pour «Bluewin.ch».

Vous avez commencé au Café de la Gare à Paris dans les années 70. Est-ce que le jeune comédien que vous étiez rêvait déjà d’une carrière aussi populaire?

Non pas du tout! Je rêvais déjà simplement d’une carrière… Mais je ne savais pas du tout où on allait mettre les pieds. Comme nous tous d’ailleurs. Au début, on faisait ce qu’on pouvait mais la base c’était le cinéma. Seulement le seul moyen de se faire connaître et d’avancer dans le métier c’était d’attaquer par le théâtre. Il fallait aussi qu’on en vive!

«On avait entendu dire qu’on pouvait se faire inviter au Club Med...»

«Les Bronzés», «Papy fait de la résistance», «Le père Noël est une ordure»… Vous pouvez nous raconter l’un de vos meilleurs souvenirs avec l’équipe du Splendid?

On s’est rencontré il y a tellement longtemps… J’ai eu la chance de travailler avec Coluche pendant deux, trois ans alors j’ai été un intermédiaire. C’est moi qui ai présenté Josiane Balasko à Coluche. Et ensuite on a fait plein de choses au Café Théâtre. À la fin de la première année, on avait entendu dire qu’on pouvait se faire inviter au Club Med à condition d’y jouer quelques fois par semaine un spectacle. Alors nous y sommes allés avec Christian Clavier, Marie-Anne Chazel, Thierry Lhermitte… Là on a beaucoup ri, on a vu des tas de choses qui allaient nous servir pour Les Bronzés. D’ailleurs, on a vu tellement de choses que tout ne pouvait pas rentrer dans le film!

«Je pense qu’on ne peut pas encore parler de succession.»

Vous avez régné en maître de la comédie pendant des années avec la troupe du Splendid. Qui vous a succédé selon vous?

C’est vrai qu’on était en tête! Je ne sais qui nous a succédé… Mais je pense que ce qui doit faire rire, c’est ce qui doit faire rire tout le monde. Selon moi il faut distinguer deux choses: la comédie au cinéma ou au théâtre et les humoristes. Il y en a tellement maintenant… Je pense qu’on ne peut pas encore parler de succession, c’est trop tôt pour le dire.

Quelle est la dernière comédie qui vous a fait rire?

Des grosses comédies, il n’y en a plus! Avant il y avait des producteurs qui avaient envie de faire de la comédie, qui convoquaient des gens pour écrire, qui voulaient faire jouer tel et tel comédien… Maintenant ce n’est plus pareil.

Vous pensez que les producteurs ont maintenant moins d’audace?

Aujourd’hui les producteurs sont des comptables! Ils parlent en chiffres alors il n’y a plus de démarche artistique, plus d’envie spéciale sauf celle de rapporter de l’argent. L’ambiance est différente.

Pendant longtemps vous avez jonglé entre cinéma, télévision, théâtre… Comment faites-vous pour tout faire en même temps?

Moi je voulais travailler. Je ne voulais pas faire la fine bouche et je ne voulais pas perdre le contact avec le public. C’est pour ça que j’ai toujours fait du théâtre en plus du cinéma et de la télévision. Et je continuerai. Pour moi ce qu’il y a de plus agréable c’est de tourner toute la journée et puis d’aller jouer au théâtre le soir pour se détendre. (rires)

«La télévision est un monstre très bizarre: ça ne s’arrête jamais pour les bonnes raisons»

Vous avez aussi joué dans des séries: «Nos chers voisins» pendant 5 ans, «Soeur Thérèse.com» pendant presque 10 ans. Comment c’est, quand ça s’arrête?

La télévision est un monstre très bizarre: ça ne s’arrête jamais pour les bonnes raisons. Souvent c’est un problème d’écriture parce que les scénaristes ne sont pas bien rémunérés, ils ne sont pas assez nombreux et donc ce n’est pas assez bon. Mais c’est en train de changer et ça va donner de bons résultats.

Vous aussi vous avez été scénariste. Pourquoi vous n’écrivez plus?

J’ai beaucoup écrit par nécessité, pour avancer, pour travailler. Et puis j’ai réalisé un film dont je n’avais pas écrit le scénario et je me suis rendu compte que beaucoup de gens auraient aimé que je le fasse… Mais j’avais l’impression de ne plus avoir qu’un seul métier et moi je voulais jouer. Tout ça m’a contrarié et je n’ai plus écrit une ligne. Peut-être que ça va me reprendre, on verra.

Vous êtes plutôt resté fidèle à vos premières amours, le jeu. Comment on fait pour avoir toujours envie?

C’est une boulimie. C’est un métier qui peut être éprouvant alors il faut s’entraîner à être toujours actif. Parfois on peut pousser un coup de gueule mais il faut toujours trouver ce qu’il y a de positif.

Martin Lamotte, pas aussi colérique que les personnages qu'il campe.
Martin Lamotte, pas aussi colérique que les personnages qu'il campe.
Lisa Lesourd

«Moi quand je gueule, c’est souvent trop tard.»

En parlant de coup de gueule, vous jouez souvent des hommes colériques. Est-ce parce que ce sont des rôles que vous aimez jouer ou parce que vous êtes vous-même un peu comme ça?

Je dois être un peu comme ça mais c’est rare. Il y a des gens qui gueulent tout le temps, moi quand je gueule, c’est souvent trop tard. Ce n’est jamais injustifié mais j’aurais dû l’ouvrir avant et moins fort.

Qu’est-ce que vous vous souhaitez pour l’avenir?

Renouer avec le cinéma. Je n’ai rien perdu du reste mais le cinéma m’a perdu. Ça n’a pas été catastrophique pour moi, je fais du théâtre, et je continuerai, mais j’ai envie de faire plus d’image.

Et aura-t-on le plaisir de vous retrouver dans une série prochainement?

Je suis en pourparlers. Si on me propose quelque chose de bien, je foncerai!

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