Crise à Vevey (VD) Vevey: Agnant et Christen devant la justice

ATS

13.11.2019 - 08:08

Les municipaux veveyans Michel Agnant (à gauche) et Jérôme Christen comparaissent ce mardi devant le tribunal de police. Ils sont accusés d'avoir violé le secret de fonction.
Les municipaux veveyans Michel Agnant (à gauche) et Jérôme Christen comparaissent ce mardi devant le tribunal de police. Ils sont accusés d'avoir violé le secret de fonction.
Source: KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

Les municipaux veveysans Michel Agnant et Jérôme Christen ont comparu ce mardi devant le Tribunal de police à Vevey (VD) pour avoir transmis des documents internes à des tiers. Le procureur a requis 40 jours-amende avec sursis pour chacun des deux élus de Vevey Libre.

Les municipaux sont accusés de violation du secret de fonction pour avoir fourni, dès fin 2017, des documents confidentiels à leur conseiller politique, leur avocat et la commission de gestion de la Ville de Vevey. Des démarches qui se sont déroulées alors que l'exécutif était fortement divisé et les deux hommes minorisés.

Devant le Tribunal de police de l'arrondissement de l'Est vaudois, les élus ont martelé leur message: incapables de se faire entendre au sein du collège, ils ont agi de bonne foi. «J'ai fait les choses en mon âme et conscience. Cela fait trente ans que j'agis dans l'intérêt public et je considère que c'était de mon devoir de chercher à intervenir», a expliqué Jérôme Christen.

Conséquences modestes

Le procureur Stephan Johner dit bien vouloir croire que «cela partait d'une bonne intention». Il concède que les faits ne sont pas graves d'un point de vue pénal et les conséquences modestes. Mais à ses yeux, ils méritent tout de même une peine.

De son avis, il aurait été possible pour le duo de suivre les procédures légales plutôt que d'agir dans l'ombre. Et de balayer l'argument de l'état de nécessité. «Le but était de contourner la collégialité (....) Et la collégialité est un des fondements de notre système politique, de nos autorités», a-t-il argué.

Du côté des avocats des deux municipaux, qui réclament l'acquittement, on a insisté sur le climat délétère, le dialogue rompu et la situation de tension dans laquelle se trouvait l'exécutif.

«Il n'y avait déjà plus de collégialité. C'était une situation exceptionnelle», a plaidé Robert Fox, conseil de Jérôme Christen. Quant aux personnes qui ont obtenu ces documents, elles étaient triées sur le volet, relativise Pierre Chiffelle, l'avocat de Michel Agnant.

Extraits de PV

Pour rappel, dès septembre 2017, se plaignant d'une mauvaise retranscription du contenu des séances de l'exécutif, Michel Agnant et Jérôme Christen ont remis des procès-verbaux de celles-ci à leur conseiller politique, également secrétaire parlementaire du groupe PDC-Vaud Libre au Grand Conseil, afin d'obtenir son avis. En mai 2018, la syndique dénonçait les faits.

Dans la même veine, insatisfaits de la gestion de certains dossiers par l'exécutif et menacés de dénonciation par la syndique, les deux élus ont pris contact avec un avocat sans en informer la Municipalité. Ils lui ont alors fourni des documents confidentiels sur lesquels le conseil s'est basé pour établir un avis de droit.

Cet avis et certains documents internes en lien avec l'affaire Girardin – du nom du municipal socialiste poursuivi pour gestion déloyale et abus de confiance – ont ensuite été transmis à la commission de gestion de la Ville à l'insu de la Municipalité. Cette dernière a dénoncé les faits en mai et octobre 2018.

Cinq points classés

Sur cinq autres points litigieux, le procureur a rendu une ordonnance de classement. Reste que quel que soit le verdict, qui sera connu mercredi après-midi, les deux hommes ne cachent pas que ces événements les ont affectés. «L'année 2018 a été la pire de ma vie», a ainsi lâché Jérôme Christen.

Quant à Michel Agnant, il n'en revient toujours pas. «Ce sont des coups auxquels personne ne s'attend. On s'engage corps et âme (....) et on se voit mis à l'écart pour des dénonciations aussi faibles. Cela dépasse l'entendement (...) Encore aujourd'hui, je me demande ce que je fais là. J'ai agi de bonne foi».

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