Afrique australe Course pour sauver les victimes du cyclone

ATS

19.3.2019 - 21:49

Les secouristes étaient engagés mardi dans une course contre la montre pour sauver des milliers de personnes réfugiées sur des arbres et des toits après le passage du cyclone Idai en Afrique australe. La situation est encore compliquée par des pluies continues.

Le cyclone, qui a balayé le centre du Mozambique puis l'est du Zimbabwe voisin, a fait au moins 300 morts. Au Mozambique, pays le plus frappé par les intempéries, «on est déjà à plus de 200 morts», selon un nouveau bilan annoncé mardi par le président mozambicain Filipe Nyusi qui a décrété un deuil national de trois jours.

«D'après les informations qui nous ont été données ici en arrivant sur le terrain (...), près de 350'000 personnes» sont actuellement en zones inondées, a déclaré le président à la fin d'un conseil des ministres qui se tenait à Beira (centre), en partie détruite par le cyclone.

«Nous sommes dans une situation extrêmement difficile», a-t-il estimé. Sur le plan matériel, 23'000 habitations, 30 «unités de santé» et 507 salles de classes ont été détruits.

Au Mozambique, une surface d'un rayon de 100 km est totalement inondée, selon le ministre de l'Environnement Celson Correia. Il y a un «océan» dans les terres, isolant complètement des villages, a expliqué une humanitaire qui a requis l'anonymat.

Des barrages menacent

Pour compliquer la situation, plusieurs barrages menacent de céder, leur capacité approchant du niveau maximum, selon des ONG. Le chef de l'Etat mozambicain a demandé à ses concitoyens qui habitent près de rivières dans la région «de quitter la zone pour sauver leur vie». Car les autorités pourraient n'avoir d'autre choix que d'ordonner l'ouverture des vannes de barrages, alors que les terres sont déjà totalement submergées.

Au Zimbabwe voisin, environ une centaine de personnes ont été tuées, mais le bilan pourrait tripler, a prévenu le ministre zimbabwéen du gouvernement local July Moyo. «Il y a des corps qui flottent, certains flottent jusqu'au Mozambique», a-t-il précisé.

Ponts et routes emportés

Au Mozambique comme au Zimbabwe, de nombreux ponts et routes ont été emportés par des eaux, compliquant les opérations de secours. La deuxième ville du Mozambique, Beira était toujours privée d'électricité et d'internet mardi, cinq jours après avoir été balayée par Idai. Les liaisons téléphoniques étaient en revanche très progressivement rétablies.

Au Zimbabwe voisin, où les habitants enterraient leurs morts, le président Emmerson Mnangagwa était attendu dans la journée dans la province du Manicaland, la plus touchée par le cyclone. Au moins 200 personnes sont encore portées disparues dans la région.

L'arrivée du cyclone avait été précédée de très fortes précipitations au Mozambique mais aussi au Malawi voisin. Ces intempéries avaient fait au moins 122 morts. Le Malawi a finalement été épargné par Idai.

Idai «pourrait être le cyclone le plus meurtrier en Afrique australe» à ce jour, selon l'organisation Care. «Nous parlons d'un désastre majeur», a renchéri le porte-parole du Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, à Genève.

Aide internationale

Mardi, l'aide internationale se mettait en place. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a réagi à Genève, affirmant avoir lancé une aide pour plus de 500'000 personnes. Le gouvernement mozambicain a estimé que 600'000 avaient été affectées. Mais l'ONU ajoute que ce chiffre pourrait potentiellement être près de trois fois plus important.

La principale difficulté est l'accès et le PAM achemine de l'aide par voie aérienne. De son côté, Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé mardi le début d'une intervention d'urgence dans ce pays mais aussi au Malawi et au Zimbabwe. L'ONG ajoute que l'approvisionnement en matériel médical et en eau potable sera notamment crucial dans les prochains jours.

MSF a dû suspendre son dispositif médical à Beira en raison des dommages. Au Zimbabwe, elle a établi un centre de prise en charge à plusieurs dizaines de kilomètres d'une ville à laquelle elle n'a pu accéder.

Les hélicoptères ne sont pas assez nombreux. «On sauve qui on peut et les autres vont périr», a prévenu l'un des secouristes. «On doit prendre des décisions difficiles». Au moins 80 personnes, uniquement des femmes et des enfants, ont été secourues mardi dans la région de Buzi, au sud de Beira, selon Rescue SA.

Aide suisse

De son côté, la Chaîne du Bonheur met immédiatement à disposition un million de francs suisses de son fonds «urgence». Plusieurs ONG suisses partenaires de la Chaîne du Bonheur et actives depuis des années au Mozambique et dans les régions voisines touchées se mobilisent en parallèle pour venir en aide aux populations, écrit mardi dans un communiqué la Chaîne du Bonheur qui appelle à la solidarité la population suisse.

Et l'équipe d'aide d'urgence de la Croix-Rouge suisse décollera jeudi après-midi de l'aéroport de Zurich-Kloten pour se rendre dans la zone sinistrée. Composée de sept logisticiens expérimentés, elle s'attellera notamment, dans les semaines à venir, à la gestion et à la distribution des produits de première nécessité – nourriture, eau potable, tentes, matériel de construction -, ceux disponibles sur le marché indigène et ceux qui devront être acheminés à partir d'autres régions.

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