L'alpiniste népalais Nirmal Purja parle aux journalistes, avec à ses côtés son compatriote Mingma David Sherpa (D), à Katmandou le 28 mai 2019
L'alpiniste népalais Nirmal Purja lors d'une conférence de presse, à Katmandou le 28 mai 2019
Vue du Dhaulagiri depuis le village de Nagi, à environ 200 km à l'ouest de Katmandou, le 27 octobre 2010
Vue générale de la chaîne de l'Himalaya côté indien prise depuis un avion le 14 mai 2019
Gravir les quatorze «8.000» en sept mois: le sprint haletant d'un alpiniste népalais
L'alpiniste népalais Nirmal Purja parle aux journalistes, avec à ses côtés son compatriote Mingma David Sherpa (D), à Katmandou le 28 mai 2019
L'alpiniste népalais Nirmal Purja lors d'une conférence de presse, à Katmandou le 28 mai 2019
Vue du Dhaulagiri depuis le village de Nagi, à environ 200 km à l'ouest de Katmandou, le 27 octobre 2010
Vue générale de la chaîne de l'Himalaya côté indien prise depuis un avion le 14 mai 2019
Foncer au sommet, dévaler jusqu'au camp de base, sauter dans un hélico, enchaîner avec un autre pic enneigé: l'alpiniste népalais Nirmal Purja n'est qu'à quelques longueurs de réussir son pari surhumain de gravir les 14 montagnes de plus de 8.000 mètres d'altitude en seulement sept mois – contre près de huit ans pour le record actuel.
«Personne ne croyait que je pouvais le faire lorsque je l'ai dit pour la première fois», raconte «Nims» à l'AFP par téléphone depuis le camp de base chinois du Cho Oyu (8.188m), où il est engagé dans la troisième et dernière phase de son «Project Possible».
«Je suis si fier d'inspirer des générations de tous âges à travers cette aventure. C'est ce qui me pousse», déclare ce solide vétéran des forces spéciales britanniques de 36 ans à la fine moustache brune, dont le dos est tatoué des 14 «8.000» de la Terre – tous situés dans l'Himalaya.
De sa liste de départ ne lui restent plus que le Cho Oyu, le Manaslu (Népal, 8.163m) et le Shishapangma (Chine, 8.027m). S'il prévoit de réaliser les deux premiers d'ici la fin du mois de septembre, l'ultime sommet en «zone de la mort» pourrait bien lui faire dépasser la date limite du 23 novembre qu'il s'est fixée.
Le Shishapangma est en effet fermé cette saison par les autorités chinoises qui considèrent la course comme trop dangereuse. Le Népal et l'équipe de Nirmal Purja tentent de lui obtenir une autorisation exceptionnelle, mais l'issue de leur démarche reste incertaine.
- Quasi-inconnu -
Inconnu jusqu'à peu du petit monde de l'himalayisme, Nims a récemment quitté les unités Gurkhas de l'armée britannique après 16 ans de service pour troquer les rangers contre les crampons aiguisés.
Sa course de vitesse commence en avril sur l'Annapurna (Népal, 8.091m), où il participe au passage au sauvetage périlleux d'un grimpeur malaisien – qui succombera par la suite à ses blessures. Cette action attire l'attention du grand public et lui donne une bouffée d'oxygène en apportant des fonds, une préoccupation constante dans son entreprise.
Sans reprendre son souffle, en manque de sommeil, sautant d'un camp de base au suivant en hélicoptère, démontrant une endurance exceptionnelle en gravissant certaines montagnes d'un trait sans halte aux camps intermédiaires, l'ancien soldat enchaîne alors au pas de charge les illustres sommets népalais: Dhaulagiri (8.167m), Kanchenjunga (8.586m), Everest (8.848m), Lhotse (8.516m) et Makalu (8.485m).
Quelques semaines de repos plus tard, Nims s'attaque en juillet aux cinq «8.000» du Pakistan, dont les redoutables K2 et Nanga Parbat, pour la deuxième phase de son projet. Alors que la plupart des expéditions commerciales sur place renoncent au sommet du K2 en raison de conditions jugées trop risquées, il s'y élance tout de même et parvient à ouvrir la voie avec son équipe.
À chaque sommet, «je me disais +celui-là c'est fait, au suivant. Nous en avons encore un autre à monter+», relate-t-il à l'AFP.
- Alpinisme de vitesse -
Se fixer une fenêtre de temps si resserrée pour conquérir ces 14 sommets glacés et hostiles est follement ambitieux. De tels délais ne laissent aucune place à l'aléa, poussant à la prise de risques.
Ce défi «n'est pas à propos de moi», affirme Nims, qui recourt à l'oxygène en bouteille en très haute altitude. «C'est pour montrer ce que peut faire le corps humain. Pour amener un changement de paradigme dans la perception du potentiel humain.»
Dans les années 1980, l'alpiniste polonais Jerzy Kukuczka avait réussi cet exploit physique et technique en sept ans, onze mois et quatorze jours en utilisant de l'oxygène. En 2013, le Sud-Coréen Kim Chang-ho – tué l'année dernière sur le Gurja au Népal – avait amélioré le record d'un mois, sans recours à une aide respiratoire cette fois.
Élevé dans un village du nord-ouest du Népal, Nirmal Purja dit avoir grandi dans un milieu où il n'y avait même pas assez d'argent pour lui acheter des tongs. «L'histoire de ma vie enseigne à quiconque n'est pas né privilégié qu'il peut rêver de grandes choses. Tout est possible si vous y mettez votre cœur et votre esprit et vous y investissez à 100%«, estime-t-il.
Son aventure pourrait contribuer à écrire une nouvelle page de l'histoire de l'himalayisme, notait l'alpiniste britannique Rebecca Stephens dans un récent portrait qu'elle lui consacrait dans les pages du Financial Times.
Après l'ère des pionniers et des premières conquêtes des plus hauts sommets de la Terre dans les années 1950-1960, puis l'avènement des expéditions commerciales dans les années 1990, «une troisième phase ou, peut-être plus précisément, une branche de l'alpinisme de haute montagne (car les deux précédentes perdurent) est en train d'émerger – celle de la vitesse».
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