Seconde Guerre mondiale Il y a 75 ans, Stein am Rhein sous les bombes

tafu

21.2.2020

Il y a 75 ans, des bombes alliées sont tombées sur Stein am Rhein, prise par erreur pour une ville allemande. Ce n’était pas la première fois – et malheureusement, pas la dernière – que des citoyens suisses ont perdu la vie à la suite de bombardements fatals effectués par erreur pendant la Seconde Guerre mondiale.

Les gens étaient attablés pour déjeuner lorsque les bombes alliées sont tombées sur Stein am Rhein le 22 février 1945. Les pilotes se seraient trompés en croyant que Stein se trouvait en territoire allemand. L’horreur de la guerre était également arrivée jusqu’ici.

Quatre femmes et cinq enfants ont perdu la vie au cours de cette attaque. Quinze personnes ont été gravement blessées et six maisons ont été détruites. Même si l’alerte aérienne a prévenu à de nombreuses reprises les gens qui vaquaient à leurs occupations quotidiennes, personne ne s’attendait à ce que des bombes tombent réellement.

Ils s’étaient habitués aux attaques contre leurs voisins allemands. Mais ici, en Suisse? Ils avaient trop souvent entendu les sirènes et trop souvent, ils avaient vu les bombardiers américains survoler la ville. Rien ne s’était jamais passé à Stein. Jusqu’au 22 février 1945. Jusqu’à ce que l’alarme retentisse à 12h18.

Les Américains avaient déjà commis erreur lourde de conséquences le 1er avril 1944: la cible était la ville allemande de Ludwigshafen, mais les pilotes s’étaient perdus. Ils avaient alors largué 371 bombes sur Schaffhouse. Ce n’était pas la première attaque sur le territoire suisse, mais elle fut la plus grave.

Des «badauds insouciants»

A Schaffhouse, les gens avaient aussi l’habitude d’entendre l’alarme et de voir les avions. Cette fois-ci aussi, au lieu d’entrer dans les abris antiaériens, ils étaient sortis dans la rue pour regarder le ciel. Après le bombardement, la «NZZ» avait évoqué une «mentalité de badauds insouciants». Selon les estimations, 60 personnes avaient perdu la vie ce jour-là, des centaines d’autres avaient été blessées et environ 500 personnes avaient perdu leur toit.

Afin de prévenir de nouvelles erreurs fatales, la population avait peint d’énormes croix suisses sur les toits pour lancer un signal aux pilotes: «Nous sommes la Suisse, pas l’Allemagne.» En dépit de cette initiative sensée, de nombreux pilotes américains ignoraient malheureusement à quoi ressemblait le drapeau suisse.

Le commandant du bombardier qui a attaqué Stein a écrit dans un rapport qu’il avait vu des carrés rouges avec de grandes croix blanches sur les toits lors du bombardement de la ville allemande d’Ebingen (qui était en réalité Stein am Rhein). «What are they?» («Qu’est-ce que c’est?»), a-t-il demandé dans le rapport.

Le bombardier volait à une altitude d’environ 5000 mètres et se dirigeait vers la ville depuis Klingenberg. Il a largué douze bombes explosives de 250 kilos au-dessus de Stein. Lorsque les bombes ont atteint la ville, l’horloge de la porte inférieure s’est également arrêtée, pile à 12h35. Ce jour d’hiver chaleureux est alors devenu le jour le plus noir de l’histoire de Stein am Rhein.

Cette attaque ne fut pas la dernière: le 4 mars 1945, des avions américains ont bombardé Zurich. Le même jour, Bâle a aussi été victime des bombes. Ces deux attaques visaient également des villes allemandes. Ce furent les dernières attaques lancées par erreur contre la Suisse pendant la Seconde Guerre mondiale.

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