Les oppositions en France ont réclamé lundi la démission de la ministre de l'Education accusée de «mensonges» sur la scolarisation de ses enfants dans le privé, ouvrant une première crise pour le tout nouveau gouvernement.
Nommée la semaine dernière dans l'équipe dirigée par Gabriel Attal, Amélie Oudéa-Castera, également en charge des Sports et des Jeux olympiques de Paris 2024, avait aussitôt dû se justifier de l'inscription de ses fils dans une prestigieuse école privée parisienne.
La faute à «des paquets d'heures pas sérieusement remplacées» dans l'enseignement public, avait-elle expliqué, en exprimant sa «frustration» et affirmant en avoir «eu marre, comme des centaines de milliers de familles».
Des propos mal reçus par les syndicats d'enseignants, certains les qualifiant de «lunaires» et faisant notamment valoir que la ministre était là pour résoudre les problèmes d'effectifs du système éducatif public, pas s'en prévaloir.
Une explication de surcroît inexacte selon le journal Libération. Revenant sur l'histoire dimanche soir, le quotidien de gauche a donné la parole à l'ancienne institutrice d'un enfant de la ministre qui a expliqué ce choix du privé par une volonté de faire sauter une classe, sans lien avec le non-remplacement d'enseignants.
«Un mensonge qui la disqualifie», a estimé sur la radio franceinfo le coordinateur de la France insoumise (LFI, gauche radicale), Manuel Bompard.
«Les jours passent et les mensonges s'accumulent», a aussi réagi le patron du Parti communiste Fabien Roussel dans un message sur X, ajoutant qu'"il est temps de démissionner". Tout comme la députée écologiste Sandrine Rousseau, qui a écrit sur le même réseau social: «Il faut partir maintenant Madame».
A l'autre bout de l'échiquier politique, le député Rassemblement national (extrême droite) Julien Odoul s'est également élevé contre ces «ministres qui mentent allègrement comme Amélie Oudéa-Castéra», jugeant qu'elle est déjà «discréditée» et «qu'elle devrait partir».
Caillou dans la chaussure
Interrogée, la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot a botté en touche sur la radio France inter: «Je ne sais pas si elle a menti, je dis simplement qu'elle a expliqué pourquoi son fils a été scolarisé dans le privé».
Mme Oudéa-Castéra avait déjà tenté samedi de rassurer les enseignants du secteur public, en affirmant qu'elle serait «toujours à leur côté» et disant «regretter» d'avoir «pu blesser» certains d'entre eux. Lundi, elle a demandé de «clore ce chapitre des attaques personnelles» à son encontre, dans l'espoir d'éteindre la polémique.
La nomination de cette ministre des Sports à un ministère élargi comprenant l'Education, la Jeunesse, les Sports et les JO de Paris 2024 avait déjà fait craindre à certains syndicalistes qu'elle soit une «ministre à mi-temps» pour s'occuper de l'enseignement.
C'est dans ce contexte que la ministre, surnommée «AOC», devait commencer à rencontrer les syndicats de l'enseignement lundi pour évoquer les priorités de son ministère dont sans doute le sujet de l'absentéisme et des remplacements. Une prise de contact déjà sous la menace de grèves annoncées pour le 25 janvier et le 1er février.
Cette polémique contrarie les plans de l'exécutif, moins d'une semaine après un remaniement censé lui donner un nouveau souffle incarné par Gabriel Attal, 34 ans et plus jeune Premier ministre de la Vème république.
D'autant plus qu'ancien titulaire de l'Education, M. Attal a assuré qu'il serait le «garant» de la «priorité absolue» accordée à l'école. L'affaire est aussi un caillou dans la chaussure du chef de l'Etat Emmanuel Macron, qui considère que l'éducation «fait partie du domaine réservé du président».
M. Macron doit préciser mardi soir lors d'une conférence de presse comment il entend mener à bien le «réarmement» du pays, qui pourrait passer par des annonces dans ce domaine.