Procès des viols en série Le scénario «catastrophe» s'éloigne: Dominique Pelicot attendu mardi

AFP

16.9.2024

Le scénario «catastrophe» d'un long report de l'emblématique procès des viols en série dans le sud de la France semble s'éloigner, le principal accusé, absent depuis une semaine, étant en principe en mesure selon les médecins de revenir à l'audience mardi, moyennant quelques aménagements.

Dominique Pelicot a subi dimanche un scanner et souffre d'un «calcul rénal, d'une infection rénale et d'un problème au niveau de la prostate» (archives).
Dominique Pelicot a subi dimanche un scanner et souffre d'un «calcul rénal, d'une infection rénale et d'un problème au niveau de la prostate» (archives).
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«On a reçu un message du président (de la cour criminelle, ndlr) faisant valoir que Dominique Pelicot sera présent à l'audience demain avec des conditions particulières d'adaptation, à savoir: séquençage des auditions et temps de repos régulier», a indiqué à l'AFP son avocate, Me Béatrice Zavarro.

Lundi matin, une nouvelle fois, le retraité de 71 ans était absent. Il est accusé d'avoir drogué son ex-femme Gisèle Pelicot pour la violer et la faire violer par des dizaines d'hommes, dont cinquante sont également jugés dans cette affaire emblématique des violences sexuelles et de la soumission chimique.

Dominique Pelicot a subi dimanche un scanner et souffre d'un «calcul rénal, d'une infection rénale et d'un problème au niveau de la prostate», avait précisé le président de la cour, Roger Arata, en ordonnant une expertise médicale.

Les parties civiles n'en sont pas moins très critiques.

«Ce procès est une épreuve de tous les jours»

«Ce procès est une épreuve de tous les jours pour Gisèle Pelicot et sa famille qui, chaque jour, se présentent avec courage pour affronter les regards, pour croiser les accusés, pour venir déposer. Cette épreuve, elle est en train de devenir un supplice chinois», avait expliqué après la brève audience de lundi matin l'un des avocats des parties civiles, Me Stéphane Babonneau.

«Les mots manquent pour exprimer à quel point la situation où nous nous retrouvons ce matin est anormale. Il y a des personnes dont le travail est de s'assurer que M. Pelicot est en état d'assister à son procès», avait-il estimé quelque minutes plus tôt devant la cour.

L'avocat général a lui indiqué «regretter cette situation» et Me Zavarro a de son côté fustigé le manque de prise en charge médicale de son client.

«On a une prise en charge médicale des détenus de France qui n'est pas à la hauteur», a-t-elle accusé. «Mais c'est sûr qu'il veut toujours s'exprimer, il le fera».

Dominique Pelicot, qui documentait tous les viols dans des dossiers classés sur son ordinateur, a reconnu les faits mais il ne s'est encore jamais expliqué en détail à son procès. Son témoignage est aussi crucial pour le cas des autres hommes, âgés de 26 à 74 ans, jugés à Avignon.

Interrogée pour savoir si son client pourrait être entendu dès mardi, Me Zavarro n'a pu être plus précise à ce stade. «Est-ce que le président commencera par lui ou commencera par Madame et ses enfants? Je n'en ai aucune idée. Mais en tout cas, il sera là», a-t-elle dit.

«Vous n'êtes pas seules»

Les faits visant M. Pelicot avaient éclaté au grand jour après son interpellation en septembre 2020 en train de filmer sous les jupes de trois femmes dans un centre commercial de Carpentras, dans le sud de la France.

En fouillant dans son ordinateur, les enquêteurs avaient alors découvert une décennie de viols perpétrés sur celle qui était alors son épouse, au domicile conjugal.

Gisèle Pelicot, qui a refusé que ce dossier soit jugé à huis clos, a remercié lundi les quelque 10.000 manifestants qui ont défilé à travers la France samedi, brandissant son visage stylisé, pour la soutenir.

«Grâce à vous tous, j'ai la force de mener ce combat jusqu'au bout», a-t-elle déclaré  à la presse. «Je dédie (ce combat) à toutes les personnes, femmes et hommes, à travers le monde, qui sont victimes de violences sexuelles. A toutes ces victimes, je veux leur dire aujourd'hui: +Regardez autour de vous, vous n'êtes pas seules+».