Podcast Un podcast bilingue pour parler d’histoire

ATS

8.8.2020 - 10:04

Jan-Friedrich Missfelder, professeur d'histoire à l'Université de Bâle et co-fondateur du podcast «Cliocast», une plate-forme de discussion avec les historiens.
Jan-Friedrich Missfelder, professeur d'histoire à l'Université de Bâle et co-fondateur du podcast «Cliocast», une plate-forme de discussion avec les historiens.
Source: KEYSTONE/GAETAN BALLY

Des échanges avec des historiens autour de leur dernier livre ayant un rapport avec la Suisse ou un intérêt à s’y faire connaître: c’est la formule de Cliocast, le podcast du portail pour les sciences historiques infoclio.ch.

«L’idée maîtresse est de mener une discussion très ouverte et détaillée sur le travail de ces historiens, qui soit intéressante pour les deux parties», souligne Jan-Friedrich Missfelder, professeur d’histoire à l’Université de Bâle et l’un des deux fondateurs de Cliocast. Pas question toutefois de se perdre dans le jargon scientifique et de distancer l’auditeur: «les gens doivent pouvoir écouter ces entretiens en conduisant, ou en préparant le repas.»

Les émissions, d’environ trente minutes chacune, ne sont surtout pas des critiques de livres ou des recensions, insiste M. Missfelder. La conversation porte sur les thèmes abordés par l’ouvrage, la démarche et les réflexions de l’historien, l’intérêt du livre pour la recherche en sciences historiques et pour la Suisse, etc. «Par exemple, on peut parler du style si cela a du sens et demander à l’auteur pourquoi il a choisi telle ou telle écriture», illustre le professeur.

Colonialisme et genre au XXe siècle, émergence du numérique, bestiaire du Pape, tourisme historique et aspiration à l’authentique, les sujets diffèrent complètement d’un podcast à l’autre. Chaque membre de la rédaction de Cliocast est spécialisé dans une période historique, du Moyen-Âge à nos jours. Tous sont libres de choisir les ouvrages et de mener les entretiens avec leurs auteurs à leur rythme, suivant la charge de travail à côté de cette activité bénévole.

Une rédaction bilingue

Comme M. Missfelder, les quatre autres podcasteurs enseignent à l’université ou sont des chercheurs postdoctoraux. Les cinq membres de la rédaction, deux femmes et trois hommes, sont actifs à Lausanne, Bâle et Zurich. «Cliocast est bilingue», note Eliane Kurmann, collaboratrice scientifique à infoclio.ch et coordinatrice du comité de rédaction. «Mais si des spécialistes italophones se portent volontaires, nous serions prêts à couvrir trois langues.»

Il arrive aussi que la discussion soit menée en anglais, dans le cas où un historien originaire de l’étranger ne parle ni allemand, ni français. Cependant, les membres de Cliocast, qui ne se réunissent que deux fois l’an pour garder une vue d’ensemble des activités, n’invitent pas des auteurs en Suisse exprès pour des entretiens. Ils profitent parfois de leur présence dans le pays lors de colloques ou de conférences pour les interroger sur leur dernier ouvrage.

Dans certains cas, les émissions peuvent aussi recouper l’actualité internationale. «Au vu des récentes manifestations contre la violence raciale et le racisme dans le monde entier, la rédaction a décidé de consacrer une production spéciale au mouvement pour les droits civiques aux États-Unis depuis les années 1960 autour de l’ouvrage à paraître de l’historienne bâloise Alexandra Binnenkade», détaille M. Missfelder. Le podcast devait être diffusé fin juin.

Des discussions face à face

En règle générale, les conversations avec les auteurs sont enregistrées face à face par les podcasteurs. Dans de rares cas, via Skype ou une autre plateforme de communication. Le portail infoclio.ch met aussi à disposition des membres de la rédaction ses locaux de Berne depuis fin 2018 et la naissance du projet Cliocast, en plus de couvrir les faibles coûts liés aux déplacements, au matériel et à l’hébergement des podcasts.

Malik Mazbouri, maître d’enseignement et de recherche à l’Université de Lausanne, devait justement se rendre à Berne mi-mars pour enregistrer son prochain entretien, mais l’épidémie de coronavirus a eu raison de ce rendez-vous. «Les mesures sanitaires et de distanciation sociale ont reporté la production des podcasts», explique Mme Kurmann. «Toutefois, cinq émissions sont actuellement en préparation.» La diffusion devait reprendre au début de l’été.

La rédaction espère qu’un nouveau podcast sortira désormais toutes les six à huit semaines en moyenne, poursuit-elle. Les contenus seront diffusés systématiquement via les réseaux sociaux Twitter et Facebook, la newsletter et sur les plateformes de partage audio les plus connues. Afin de garantir leur conservation à long terme, ils continueront d’être archivés auprès de la Phonothèque nationale suisse.

Des retours encourageants

Cliocast aurait encore de beaux jours devant lui. Les retours sur les émissions sont nombreux et très positifs, assure Eliane Kurmann. Quant à Jan-Friedrich Missfelder, il note une évolution réjouissante depuis le début de l’aventure : «nous avons toujours plus de pratique, et cela se ressent». Les auteurs interrogés «nous disent souvent qu’ils ont rarement parlé de façon aussi intense de leurs livres et de leur manière de travailler», sourit le professeur.

Jan-Friedrich Missfelder, 46 ans, enseigne à l’Université de Bâle. Il s’intéresse notamment à la médiation historique à travers la société et les médias ainsi qu’à la transmission du savoir historique hors du monde académique. Collaboratrice scientifique à infoclio.ch, la chercheuse Eliane Kurmann occupe également plusieurs autres fonctions éditoriales ou de coordination.

Les podcasts sont consultables sur https://www.infoclio.ch, ainsi que sur les plateformes iTunes, Spotify et SoundCloud.

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