France Bataille présidentielle lancée sur les cendres des régionales

ATS

28.6.2021 - 21:59

Les élections régionales sont à peine bouclées que la bataille pour la présidentielle a déjà démarré lundi. Elle est poussée notamment par Emmanuel Macron parti défendre la relance sur les terres de Xavier Bertrand, candidat à droite déjà déclaré pour 2022.

Xavier Bertrand (gauche) et Emmanuel Macron (droite) 
Xavier Bertrand (gauche) et Emmanuel Macron (droite) 
KEYSTONE/Ludovic Marin, Pool Photo via AP

Keystone-SDA

Désireux de tourner la page d'un scrutin calamiteux pour la majorité présidentielle et des spéculations sur un éventuel remaniement, le chef de l'Etat a annoncé au magazine Elle qu'il ne changerait pas son Premier ministre Jean Castex «dans les prochains mois», alors qu'il en reste 10 avant la présidentielle.

Avec une abstention vertigineuse – autour de 66% -, difficile de tirer des enseignements du second tour de ce scrutin local pour la présidentielle, soulignent toutefois les politologues.

Les 15 à 20 millions d'électeurs qui se sont abstenus dimanche et voteront en 2022 vont «peser de manière déterminante» sur le scrutin présidentiel, souligne Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l'innovation politique. Or, étant issus «plutôt des catégories populaires et moyennes», ils diront «sans doute (leur) insatisfaction plutôt que leur contentement», a-t-il prédit sur Europe 1.

Macron veut vite tourner la page

Pour LREM, les régionales ont marqué une déroute: absence au premier tour en Paca, élimination dans les Hauts-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes ou en Occitanie, faibles scores là où il était parvenu à concourir. Mais Emmanuel Macron semble résolu à vite tourner la page pour se projeter dans la campagne de 2022.

Occupant le terrain économique, il a visité dès lundi une usine de batteries électriques à Douai (Nord), notamment en compagnie de... Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France et candidat déclaré à la présidentielle.

«Match à trois»

«Félicitations et heureux de vous retrouver ici», a lancé le président à M. Bertrand à son arrivée. «C'est une étape, mais on sait tous ce qu'il y a derrière», a-t-il poursuivi.

Quant à l'abstention, sur laquelle l'interrogeait le président de région fraîchement réélu, «elle dit beaucoup de choses. On aura tous à en tirer les conséquences», a considéré le chef de l'Etat.

Xavier Bertrand, qui avait conditionné la concrétisation de ses ambitions présidentielles à sa réélection, a, lui, tenu son pari, avec un score de plus de 52%.

Dès dimanche soir, il a dit vouloir aller à «la rencontre de tous les Français», alors que pour lui «la présidentielle est désormais un match à trois», le match «à deux» Macron/Le Pen ayant «du plomb dans l'aile».

«Système de départage»

Et tôt lundi matin, il a appelé la présidente réélue de l'Ile-de-France Valérie Pécresse (Libres!, ex-LR) et son homologue en Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez (LR) à former «une belle équipe» avec lui pour 2022.

Réponse de l'intéressée dans la foulée: «Pour moi tout commence aujourd'hui». Notant qu'"il n'y a pas d'homme providentiel aujourd'hui», Mme Pécresse, forte d'un score de 45,9% dimanche, a d'ailleurs donné rendez-vous après l'été pour savoir si elle sera candidate ou pas.

Le chef du LR, Christian Jacob, a annoncé lundi que la droite déciderait le 30 septembre de son «système de départage», qui serait ensuite soumis à un congrès militant. Quant à Laurent Wauquiez (55,2% en Auvergne-Rhône-Alpes), il refuse «ces espèces de course de vitesse où à peine élu, on passe à autre chose».

Le Pen donne rendez-vous aux Français

Au RN, c'est la déception. Comme en 2015, le parti d'extrême droite, qui espérait enclencher une dynamique en vue de la présidentielle, a échoué à emporter une région, y compris Paca, qui était sa meilleure chance.

Sa présidente Marine Le Pen a toutefois donné «rendez-vous aux Français, dès demain, pour construire tous ensemble l'alternance dont la France a besoin».

Au final, les régionales ont vu la réélection des treize présidents de régions métropolitaines sortants, qu'ils soient de droite et du centre (sept régions) ou de gauche (cinq régions).

A gauche, après les régionales, le PS et les écologistes se disputent la légitimité à rassembler derrière eux la gauche non-mélenchoniste. Le numéro un du PS Olivier Faure a estimé qu'il existait un «plafond de verre, ou même un plafond vert» alors que le patron EELV Julien Bayou a estimé que l'écologie était «la seule force en dynamique».