Brexit Brexit: début des discussions UE-Royaume-Uni

ATS

2.3.2020 - 15:33

La rencontre entre Michel Barnier (photo) et David Frost devait être suivie par un premier cycle de négociation entre les équipes britanniques et européennes, qui doit s'achever jeudi.
La rencontre entre Michel Barnier (photo) et David Frost devait être suivie par un premier cycle de négociation entre les équipes britanniques et européennes, qui doit s'achever jeudi.
Source: KEYSTONE/EPA/STEPHANIE LECOCQ

Une rencontre entre le négociateur en chef de l'UE sur le Brexit Michel Barnier et son homologue britannique David Frost a commencé lundi en début d'après-midi. Elle lance officiellement les discussions entre Londres et Bruxelles sur leur relation post-Brexit.

«La rencontre est en cours», a affirmé selon des sources européennes. Elle sera suivie par un premier cycle de négociation entre les équipes britanniques et européennes, une centaine de personnes de chaque côté, qui doit s'achever jeudi.

La rencontre a lieu dans un climat tendu, sous la pression d'un calendrier imposant la prudence sur les chances d'aboutir à un accord. Le Britannique est arrivé peu avant 14h00, sans dire un mot, dans les locaux de la Commission européenne, où l'attendait M. Barnier.

Risque d'une absence d'accord

Après la publication la semaine dernière des mandats de négociation des deux camps, qui ont affiché avec vigueur leurs lignes rouges confirmant des divergences profondes, toute la question est de savoir si un terrain d'entente est possible.

En cas d'échec, c'est un «no deal» avec ses conséquences économiques brutales, pour le Royaume-Uni mais aussi pour le continent, qui s'imposera à la fin de la période de transition, le 31 décembre.

D'un premier bilan des négociations prévu en juin, le gouvernement de Boris Johnson a fait une date-butoir: il menace de claquer la porte dès l'été si les discussions s'enlisent. «Dans toute négociation, il y a toujours un peu de posture», remarque Fabian Zuleeg, du European Policy Centre (EPC).

Les discussions vont se dérouler en parallèle au sein de onze groupes de négociation, avec un thème pour chacun (commerce, transports, énergie, conditions de concurrence, pêche, coopération judiciaire notamment), alternativement à Bruxelles et Londres toutes les deux à trois semaines.

Trois domaines prioritaires

Mais compte tenu du faible temps imparti, trois domaines sont prioritaires pour l'UE: les conditions de concurrence dans l'accord de libre-échange, le règlement des différends et la pêche. Trois sujets hautement inflammables, qui promettent de chaudes discussions.

L'UE n'est pas prête à brader l'accès de son marché de 440 millions de consommateurs, avertissant qu'elle ne conclura pas d'accord à «n'importe quel prix».

L'accès des Britanniques à ce marché aux conditions proposées par l'UE de «zéro quota, zéro droit de douane» sera fonction de son respect de conditions loyales de concurrence, en particulier celui sur le long terme des normes européennes en matière de droit du travail, environnement, fiscalité et d'aides d'Etat. Pas question pour l'Union d'accepter une économie dérégulée à sa porte.

Or, Londres, qui revendique sa liberté commerciale après le divorce, martèle son refus de s'aligner d'office sur les règles européennes.

Cour de justice

Autre pierre d'achoppement: la Cour de justice européenne. Les Britanniques refusent qu'elle ait un rôle dans le mécanisme de résolution des différends, comme le prévoit le mandat européen, au nom d'une relation entre «égaux souverains».

Dernier sujet vital pour plusieurs Etats membres, France en tête: celui de la pêche. L'Union souhaite le maintien d'«un accès réciproque aux eaux territoriales» alors que Londres entend redevenir un «Etat côtier indépendant» et négocier chaque année l'accès à ses eaux.

L'UE a d'ores et déjà prévenu qu'il n'y aurait pas de traité commercial sans accord sur la pêche. «Si Londres reste sur sa ligne, il ne peut pas y avoir d'accord. Le Brexit a toujours été une question politique, idéologique pas économique», souligne Fabian Zuleeg, doutant que l'inquiétude des milieux d'affaires soit suffisante pour peser sur Boris Johnson.

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