Coronavirus – Turquie Démission d'un ministre refusée par Erdogan

ATS

13.4.2020 - 00:11

La démission du ministre turc de l'Intérieur, qui voulait prendre ses responsabilités pour sa gestion du confinement dans la lutte contre le coronavirus, a été refusée par le président Erdogan (archives).
La démission du ministre turc de l'Intérieur, qui voulait prendre ses responsabilités pour sa gestion du confinement dans la lutte contre le coronavirus, a été refusée par le président Erdogan (archives).
Source: KEYSTONE/AP/Burhan Ozbilici

Le ministre turc de l'Intérieur Süleyman Soylu a présenté dimanche sa démission, refusée quelques heures plus tard par le président Recep Tayyip Erdogan. M. Soylu essuye de vives critiques sur sa gestion d'un confinement mis en place pour lutter contre le coronavirus.

«Que ma nation, à laquelle jamais je n'ai voulu nuire, et notre président, à qui je serai fidèle toute ma vie, me pardonnent. Je quitte la fonction de ministre de l'Intérieur que j'ai eu l'honneur de remplir», a déclaré Süleyman Soylu dans un communiqué.

Mais quelques heures plus tard, coup de théâtre: la présidence a indiqué que sa requête avait été rejetée par M. Erdogan. «La démission de notre ministre de l'Intérieur n'a pas été acceptée. Il va continuer de remplir sa fonction», a déclaré la présidence dans un communiqué.

Vendredi soir, le ministère de l'Intérieur avait pris des millions de Turcs de court en annonçant l'entrée en vigueur deux heures plus tard d'une interdiction de sortir pendant 48 heures dans les 30 plus grandes villes du pays.

Cette annonce au dernier moment a eu pour effet immédiat d'inciter des milliers de Turcs paniqués à se précipiter dans les commerces pour faire des provisions, sans tenir compte des règles de distanciation sociale.

«Mesure de bonne foi»

De nombreux opposants et internautes avaient dans la foulée critiqué le gouvernement pour la manière dont ce confinement a été mis en oeuvre. Ils avaient accusé les autorités d'avoir mis en danger la vie de milliers de personnes.

S'exprimant après les scènes de chaos vendredi soir, M. Soylu avait souligné que la mise en place du confinement s'était déroulée dans le cadre des «instructions de notre président» Recep Tayyip Erdogan.

Dimanche, il a cette fois endossé l'«entière responsabilité de la mise en oeuvre de cette mesure». «Il s'agissait d'une mesure prise de bonne foi, visant à ralentir autant que possible la propagation de l'épidémie pendant le week-end», a-t-il ajouté.

Le confinement, qui devait prendre fin dimanche à minuit (23h00 suisses), a été mis en place alors que l'épidémie de Covid-19 s'est accélérée en Turquie ces derniers jours. Près de 57000 personnes ont été infectées et environ 1200 personnes sont mortes, selon le dernier bilan officiel publié dimanche par le ministère de la Santé.

Répression du putsch

M. Soylu, 50 ans, a pris ses fonctions de ministre de l'Intérieur en août 2016, un mois après une sanglante tentative de coup d'Etat visant à renverser M. Erdogan. A ce titre, cet homme réputé pour sa poigne et sa rhétorique brutale a piloté les purges massives qui ont été lancées après le putsch avorté.

Dans le cadre de cette répression, plusieurs dizaines de milliers de personnes soupçonnées de soutenir les putschistes, mais aussi des opposants pro-kurdes et des journalistes critiques, ont été arrêtées.

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