Investiture républicaine Donald Trump au Nevada : la grande controverse

AFP

5.2.2024

Dans la course à l'investiture républicaine pour la présidentielle américaine de novembre, qui oppose Donald Trump et son ancienne ambassadrice à l'ONU Nikki Haley, la prochaine étape est l'Etat du Nevada, où règne une grande confusion pour les électeurs conservateurs.

Nevada : Trump se voit reprocher d'avoir tordu les règles à son avantage.
Nevada : Trump se voit reprocher d'avoir tordu les règles à son avantage.
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Les habitants républicains se voient en effet proposer cette semaine non pas une possibilité de vote pour départager les candidats, mais deux: d'abord une primaire mardi, puis jeudi des caucus, des assemblées locales d'électeurs durant lesquelles est désigné le champion du parti.

La raison de cette situation inédite: l'ancien gouverneur démocrate Steve Sisolak a promulgué une loi en 2021 instituant un vote de primaire, remplaçant les traditionnels caucus organisés dans l'Etat depuis des années.

Mise en oeuvre par l'Etat, une primaire accroît en effet les possibilités pour les électeurs de voter, que ce soit où, quand et comment, avec par exemple l'option du bulletin par correspondance. A l'opposé, les caucus, organisés par le parti, impliquent la présence physique des électeurs, pièce d'identité en main, dans un lieu déterminé et à une heure précise.

Or Donald Trump, dont les partisans assimilent le vote à distance à de la triche, sait bien que les caucus auront tendance à le favoriser.

L'avantage caucus

Le Parti républicain du Nevada, contrôlé par l'ex-président en campagne, a donc refusé le nouveau calendrier d'une primaire, en maintenant des caucus deux jours plus tard. Pire, le parti a interdit à tout candidat aligné à la primaire de participer aux caucus.

Résultat, Nikki Haley figure sur le bulletin de la primaire mardi, sans Donald Trump. Et Donald Trump figure sur le bulletin des caucus jeudi, sans Nikki Haley.

Mais, hélas pour cette dernière, seuls les caucus détermineront qui recevra l'appui des 26 délégués du parti. Par conséquent, on sait d'ores-et-déjà que Trump empochera ces délégués et l'ex-magnat de l'immobilier se voit en conséquence reprocher d'avoir tordu les règles à son avantage.

«Cela ne sert à rien de participer au caucus. Je ne peux pas voter pour ma candidate», déplore ainsi Charles Fruit, un partisan de Nikki Haley, cité par Las Vegas Review Journal.

«En gros, ils me privent de mon droit de vote. Et cela se passe dans mon propre Parti républicain. Je suis très mécontent».

«Les caucus ont été verrouillés, achetés et payés depuis longtemps», a quant à elle déclaré Nikki Haley le mois dernier. «Mais nous allons nous concentrer sur les Etats équitables».

Etat-clé

Cette controverse passe largement inaperçue aux Etats-Unis, alors qu'une grande partie de l'attention politique se focalise sur la primaire républicaine du 24 février en Caroline du Sud, où Mme Haley, 52 ans, espère réduire l'avance de son rival septuagénaire.

Politologue à l'Université du Nevada à Las Vegas, Daniel Lee confirme l'efficacité du calcul politique de Donald Trump de tabler sur les caucus.

«Les participants à un caucus se démarquent par leur ferveur, ce sont des militants vraiment enthousiastes et mobilisés pour leur candidat, prêts à sacrifier du temps dans leur journée pour aller voter dans un gymnase malodorant. C'est typiquement le type de partisans de Trump», déclare-t-il à l'AFP.

Côté démocrate, la primaire dans le Nevada se tiendra également mardi, mais sans grand suspense: Joe Biden est en lice contre Marianne Williamson et Dean Phillips, deux prétendants promis seulement à faire de la figuration.

On risque fort d'entendre toutefois parler à nouveau du Nevada dans cette campagne au long cours, qui verra probablement s'affronter l'actuel président démocrate et son prédécesseur républicain: c'est un Etat-pivot que Joe Biden avait remporté de justesse en 2020.

Les perspectives s'annoncent pour lui plus compliquées quatre ans plus tard, avec une cote locale de confiance en berne et des sondages qui le montrent perdre du terrain au sein de l'électorat hispanique, pourtant crucial ici.