Reportage «Je n’arrive pas à voir le futur de la France»

Grégoire Galley, à Méribel

24.3.2022

Les Français éliront dans quelques jours leur nouveau président de la République. Choisiront-ils Emmanuel Macron pour un nouveau mandat ou préfèreront-ils donner leurs voix à un candidat de l’opposition ? Prise de température dans la station savoyarde de Méribel.

Les gilets jaunes ont marqué le quinquennat d’Emmanuel Macron (ici en 2019).
Les gilets jaunes ont marqué le quinquennat d’Emmanuel Macron (ici en 2019).
KEYSTONE

Grégoire Galley, à Méribel

24.3.2022

Le 10 avril prochain, nos voisins se rendront aux urnes pour désigner leur nouveau président. Favori des sondages, Emmanuel Macron semble imbattable dans une élection qui ne déchaine pas les passions. L’actuel locataire de l’Elysée profite de la guerre en Ukraine et de sa bonne gestion de la pandémie pour caracoler en tête des intentions de vote. «Je pense qu’Emanuel Macron a eu un quinquennat plutôt difficile. Je ne l’aurais souhaité à personne. Il a dû gérer les gilets jaunes, une pandémie suivie d’une guerre en Europe. Je ne pense pas qu’il n'ait fait que des mauvaises choses», explique Syl qui travaille comme agent de direction dans un magasin de location de skis à Méribel.

Même son de cloche chez Dorothée qui officie également dans un magasin de skis dans la station savoyarde : «Emmanuel Macron n’a pas eu de facilités pour son quinquennat parce qu’il a eu tellement de choses à gérer entre les gilets jaunes, le Covid, la guerre en Ukraine et tout le reste. Sa présidence a été difficile mais je lui tire mon chapeau car il y a eu du boulot à faire et que les décisions ne devaient pas être toujours simples à prendre vu son jeune âge.»

Croisé sur une terrasse au pied des pistes, Léon se montre en revanche plus critique. «Ce quinquennat n’a pas été fameux parce que Macron est très bien mais il est mal entouré. Certains membres du gouvernement sont trop jeunes et ils ne connaissent pas la vie professionnelle, ce qui est bien regrettable. Ils se permettent de prendre des décisions qui vont à l’encontre de la société travailleuse», assène le septuagénaire originaire de la région parisienne.

Si les avis concernant le bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron divergent, les personnes interviewées voient Marine Le Pen comme la principale adversaire du président sortant. Pour mémoire, les deux candidats s’étaient déjà retrouvés en 2017 au second tour de l’élection présidentielle. Emmanuel Macron avait alors été élu en obtenant 66% des voix. Si cette année la victoire du candidat de La République en Marche parait à nouveau très probable, elle serait moins flagrante qu’en 2017 puisqu’il n’obtiendrait «que» 58% des intentions de votes selon plusieurs sondages.

Retrouver confiance

Quoiqu’il en soit, celui ou celle qui tiendra les rênes de la France dans les cinq prochaines années aura d’immenses défis à relever. «Le président devra relever l’emploi, redonner du positivisme aux gens, repenser à faire du social et de l’économie, c’est toujours compliqué mais on ne peut pas faire l’un sans l’autre», détaille Syl qui, malgré les enjeux, n’est pas transcendée par cette élection. La faute principalement à la guerre en Ukraine qui focalise toutes les attentions. Un conflit «qui devrait permettre d’ailleurs à la France de retrouver son lustre d’antan sur le plan international», espère Léon.

Mais au-delà de ces nombreux défis, c’est peut-être les propos de Dorothée qui reflètent le mieux la pensée de beaucoup de Français dans un contexte mondial si troublé. «Je n’arrive pas à voir le futur de la France», estime-t-elle. Un taux d’abstention record pourrait corroborer les propos de la jeune femme. Redonner confiance à nos voisins, c’est finalement le principal challenge qui attend le futur président.