#WeNeedDemocracyLa contestation s'amplifie, internet perturbé dans tout le pays
ATS
6.2.2021 - 06:41
Près d'un millier de Birmans manifestaient samedi à Rangoun, le plus gros rassemblement depuis le coup d'Etat contre Aung San Suu Kyi. Les généraux putschistes, avec qui l'ONU a établi un premier contact, ont censuré internet.
«A bas la dictature militaire», criaient des contestataires dans la capitale économique, agitant des drapeaux rouges aux couleurs de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti de l'ex-dirigeante de 75 ans, arrêtée lundi.
La Birmanie connaît des «coupures d'internet» dans l'ensemble du pays, constatait samedi l'ONG de surveillance d'internet, NetBlocks. Ces importantes perturbations «ont commencé vers 10h00» heure locale (04h30 en Suisse), a fait savoir l'organisation.
L'accès à Twitter et Instagram avait été restreint vendredi soir pour tenter de faire taire la contestation, surtout sur les réseaux sociaux où les hashtags #WeNeedDemocracy, #HeartheVoiceofMyanmar, #Freedomfromfear ont été utilisés des millions de fois.
«Provoquer des malentendus»
Le groupe norvégien Telenor, l'un des principaux opérateurs de télécommunications du pays, a confirmé que les autorités avaient ordonné le blocage de ces plates-formes «jusqu'à nouvel ordre».
«Nous sommes profondément préoccupés» par cette injonction qui porte atteinte «au droit des gens de faire entendre leurs voix», a indiqué à l'AFP un porte-parole de Twitter.
L'armée avait ordonné deux jours plus tôt d'empêcher l'accès à Facebook, principal outil de communication pour des millions de Birmans.
Ces réseaux servent à «provoquer des malentendus chez le public», a justifié le ministère des Transports et des Communications, dans un document que l'AFP a pu consulter. Pour tenter d'échapper à la censure, des Birmans se tournent vers des VPN, outils virtuels qui permettent de contourner toute restriction géographique.
Premier contact de l'ONU
Les événements restaient au coeur de l'agenda international. La diplomate suisse Christine Schraner Burgener, envoyée spéciale de l'ONU pour la Birmanie, a eu un premier contact avec les militaires.
Elle a «clairement exprimé notre position»: mettre un terme au coup d'Etat et libérer les personnes détenues, a indiqué vendredi à la presse, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
Mais le Conseil de sécurité n'a pas formellement condamné le putsch dans sa déclaration commune, Chinois et Russes s'opposant à une telle prise de position. La Chine reste le principal soutien de la Birmanie aux Nations unies, où elle a contrecarré toute initiative contre l'armée au moment de la crise des musulmans rohingyas.
Une réunion en ligne s'est aussi tenue vendredi entre les autorités birmanes et plusieurs diplomates et ambassades étrangères, selon le journal Global New Light of Myanmar, détenu par l'Etat.
«Le gouvernement comprend les préoccupations de la communauté internationale sur la poursuite du processus de transition démocratique» du pays, a déclaré le ministre de la Coopération internationale Ko Ko Hlaing lors de cette réunion, selon le journal.
L'Union européenne et les Etats-Unis font planer la menace de sanctions depuis les premières heures du coup d'Etat.
Arrestations à foison
Écrivains, moines, étudiants, activistes, députés, responsables locaux: l'armée a multiplié les arrestations. Win Htein, proche d'Aung San Suu Kyi, qui a passé plus de vingt ans en détention sous la junte, de 1989 à 2010, a été arrêté vendredi.
Malgré la peur des représailles, dans un pays habitué aux répressions sanglantes comme en 1988 et 2007, des centaines d'enseignants et d'étudiants avaient déjà manifesté vendredi à Rangoun.
Des dizaines de fonctionnaires avaient cessé le travail dans plusieurs ministères et 300 députés organisé une session virtuelle pour dénoncer la prise de contrôle du parlement.
A la tombée de la nuit, des habitants de la capitale économique ont une fois de plus klaxonné et tapé sur des casseroles pour «chasser les démons», les militaires.
Une vingtaine de personnes qui avaient ainsi manifesté leur mécontentement la veille ont été condamnées à sept jours de détention. Quatre étudiants ont été inculpés pour avoir manifesté.