Arménie-Azerbaïdjan Pas de répit au Karabakh

ATS

5.10.2020 - 22:52

Le ministère des Affaires étrangères des indépendantistes du Karabakh a indiqué que leur capitale, Stepanakert, peuplée de 50'000 habitants, avait été visée par «des tirs de roquettes intensifs».
Le ministère des Affaires étrangères des indépendantistes du Karabakh a indiqué que leur capitale, Stepanakert, peuplée de 50'000 habitants, avait été visée par «des tirs de roquettes intensifs».
Source: KEYSTONE/EPA/DAVID GHAHRAMANYAN / NKR INFOCENTER / PAN PHOTO

Forces séparatistes arméniennes du Nagorny Karabakh et armée azerbaïdjanaise poursuivaient sans relâche lundi leurs affrontements. Pour la deuxième journée consécutive, des bombardements ont visés des zones urbaines, faisant craindre de nouvelles victimes civiles.

La présidence du territoire indépendantiste a pour la première fois fait état d'un retrait «tactique» de certains secteurs du front, sans plus de précisions. Elle a toutefois affirmé remporter des succès «tangibles» face à l'adversaire. Le ministère arménien de la Défense a fait état de «violents combats en cours».

Alors que les deux camps ont commencé à bombarder des zones urbaines parfois très éloignées des combats, les trois pays – Russie, France et Etats-Unis – chargés de la médiation dans ce conflit ont dénoncé dans un communiqué commun les «attaques récentes qui auraient visé des installations civiles».

«Le caractère disproportionné de telles attaques constituent une menace inacceptable pour la stabilité de la région», ont mis en garde les trois chefs de la diplomatie. Ils ont appelé de nouveau à un «cessez-le-feu immédiat et sans condition».

«Tirs de roquettes intensifs»

Depuis le début du conflit, Bakou comme Erevan restent sourds aux nombreux appels à la trêve de la communauté internationale. Le président russe Vladimir Poutine a de nouveau appelé lundi soir à l'arrêt «immédiat» des combats, lors d'une conversation avec le dirigeant arménien Nikol Pachinian.

Dans la journée, de nouveaux «tirs de roquettes intensifs» ont visé la capitale séparatiste, Stepanakert. Selon un témoin interrogé par l'AFP, beaucoup de résidents sont partis. De nombreuses constructions portent les stigmates de deux jours de frappes: bâtiments effondrés, éclats incrustés dans les façades, vitrines soufflées...

Comme la veille, l'Azerbaïdjan a aussi dit avoir vu des zones civiles visées par des tirs arméniens, notamment Gandja, deuxième ville du pays à 60 km de la ligne de contact.

Le conseiller présidentiel azerbaïdjanais Hikmet Hajiyev a diffusé sur Twitter une vidéo présentée comme ayant été filmée sur le marché central de Gandja, dont les vitres étaient soufflées. Il a dénoncé une attaque «dont le seul but est de faire des victimes civiles».

Chants patriotiques sur un écran géant

Selon des bilans officiels, depuis la reprise du conflit le 27 septembre, 19 civils arméniens et 26 azerbaïdjanais ont été tués, dont 5 et 11 respectivement depuis dimanche. Le bilan militaire reste très partiel, l'Azerbaïdjan n'annonçant aucune perte parmi ses soldats. Le Karabakh fait état de 219 morts. Les deux camps disent avoir tué de 2000 à 3000 soldats ennemis et se rejettent la responsabilité de l'escalade.

Dans les deux camps, ce conflit exacerbe les passions patriotiques. A Erevan, capitale arménienne, la municipalité a installé un écran géant sur une des places les plus fréquentées, diffusant des chants patriotiques alors que de nombreux habitants brandissent le drapeau national.

Le Comité international de la Croix-Rouge a lui condamné «les bombardements aveugles» qui ont détruit ou touché maisons, hôpitaux et écoles.

Distributions de vivres

A Goris, dernière ville d'Arménie avant le Karabakh, des distributions de vivres s'organisent pour les déplacés. Siroun Kotcharian, retraitée de 65 ans déplacée par le conflit, raconte avoir dû fuir le premier jour lorsqu'une «bombe est tombée sur la maison voisine».

Le Nagorny Karabakh, majoritairement peuplé d'Arméniens, a fait sécession de l'Azerbaïdjan à la chute de l'URSS, entraînant au début des années 1990 une guerre ayant fait 30'000 morts. Le front est quasiment gelé depuis un cessez-le-feu en 1994, malgré des heurts réguliers.

Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, dans un discours télévisé, a assuré dimanche que l'offensive continuerait jusqu'au retrait arménien du territoire, réclamant «des excuses» à Nikol Pachinian. «On les chasse comme des chiens!«, a-t-il encore lancé.

Bakou revendique nombre de succès militaires et gains territoriaux. Lundi, l'armée a diffusé des images de Talich, qui aurait été prise vendredi, montrant des soldats azerbaïdjanais patrouiller dans des rues désertes, brandissant le drapeau du pays. Le ministère de la Défense a ensuite affirmé que des troupes arméniennes avaient «abandonné leurs positions militaires» dans le district de Hadrout.

La présidence du Karabakh a réagi, assurant que «dans certains secteurs du front, dans un but tactique, l'armée a retiré des soldats, afin d'éviter des pertes inutiles». Selon la même source, les forces séparatistes enregistrent toujours des succès «tangibles» et «le jour est proche» où l'armée azerbaïdjanaise «va commencer sa retraite».

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