ArachnophobiePourquoi ces petites bêtes font-elles si peur?
DPA/tafi
1.11.2019
Elles ne grognent pas, ne montrent pas les dents et ne vous bondissent pas dessus. Et pourtant des araignées relativement petites et insignifiantes peuvent déclencher de véritables attaques de panique chez un certain nombre de personnes. Avec de sérieuses conséquences dans leur vie quotidienne.
En ce moment, les individus souffrant d'arachnophobie ont de la peine à contenir leur peur: des arthropodes en peluche ou en plastique sont encore suspendus ou trônent un peu partout, restes des décorations d'Halloween. «Environ 10% de la population souffre au moins une fois dans sa vie d’une phobie animale, mais les personnes atteintes d’arachnophobie constituent de loin le groupe le plus important», déclare Georg Alpers, chercheur étudiant les troubles anxieux auprès de l’université de Mannheim dans le land allemand de Bade-Wurtemberg.
Le dégoût et la crainte des araignées peuvent atteindre de tels stades qu’ils en perturbent la vie quotidienne. Les scientifiques désignent cet état comme la phobie des araignées: «Certaines personnes n’ont pas le courage de descendre seules à la cave, ne veulent pas sortir la voiture du garage par crainte de rencontrer une araignée» explique Georg Alpers.
Un énorme stress psychologique
Les personnes sujettes à l’arachnophobie inspectent à plusieurs reprises leur lit avant de se coucher, évitent les promenades en forêt ou refusent de s’asseoir dans un pré, elles sont prêtes à tout pour ne pas faire de désagréables rencontres avec ces petites créatures. «Il en résulte un énorme stress psychologique», affirme le psychologue Georg Alpers. Les proches ne devraient pas prononcer de phrases telles que «Mais ressaisis-toi maintenant». «Les personnes atteintes savent que leur comportement n’est pas adéquat». Apporter son réconfort et son soutien est plus précieux.
On trouve plusieurs causes possibles à l’origine de ces anxiétés maladives. Les personnes généralement plus nerveuses et facilement irritables ou celles souffrant de troubles psychiques ou faisant face à des difficultés sociales sont plus fréquemment concernées. Et de nombreux enfants héritent ces troubles anxieux de leurs parents selon Alpers. Ses propres expériences effrayantes ou celles vécues par d’autres individus avec des araignées pourraient également déclencher une phobie.
Peu d’espèces d’araignées sont dangereuses
Peter Jäger, expert des araignées auprès du muséum Senckenberg de Francfort, identifie aussi une cause dans la représentation traditionnellement effrayante des araignées. «Des films d’horreur comme "Tarantula" et "Arachnophobie" associés à un éloignement toujours plus marqué vis-à-vis de la nature peuvent renforcer les peurs de certains individus». En même temps, les araignées ont une importance capitale car elles chassent les moustiques, les cloportes, les poissons d'argent et les pyrales de la farine, créatures que personne ne souhaite avoir chez soi.
L’arachnologue chiffre à 48 000 le nombre d’espèces d’araignées connues à travers le monde, parmi lesquelles seules 20 à 40 spécimens sont si venimeuses qu’une morsure provoque de forts symptômes voire, dans les cas extrêmes, la mort. Sur les quelque 1000 espèces répertoriées en Allemagne par exemple, seule Cheiracanthium punctorium est venimeuse «mais pas vraiment dangereuse».
Les femmes ont plus fréquemment peur des araignées
Les femmes sont deux fois plus souvent sujettes à des troubles anxieux de tout type, donc également à la peur pathologique des araignées. «Et cette situation est tout à fait stable dans tous les milieux culturels que nous connaissons» explique Alpers. Le fait de savoir pourquoi c’est ainsi n’est pas encore complètement élucidé. Alpers cite les différences génétiques entre hommes et femmes tout comme les diverses expériences d’apprentissage. «Lorsque des filles expriment leur peur, cela est mieux accepté que pour les garçons que l’on a poussés à être courageux».
Les personnes qui ont la phobie des araignées développent, à la vue de ces animaux, des symptômes comparables à ceux d’un sprinter peu avant le départ d’un 100 mètres: sueur, palpitations et mobilisation de tous les sens. Alpers explique: «Le phobique considère qu’il doit se défendre ou s’enfuir à tout moment, et il s’y prépare automatiquement». Ce sont des réactions normales mais sans justification réelle pour la personne phobique. «Ce décalage entre menace réelle et menace perçue est très désagréable pour les personnes atteintes».
L’arachnophobie peut être traitée
La perception des individus souffrant d’arachnophobie diffère considérablement de celle des autres personnes: ils racontent voir des araignées partout, penser à elles, en rêver. Alpers et son doctorant Ulrich Müller ont prouvé au cours d’une expérience que la perception visuelle des sujets souffrant d’arachnophobie est effectivement différente.
Cette découverte majeure est une aide pour comprendre les peurs pathologiques et les processus sous-jacents relatifs à la perception, qui peuvent généralement être bien traités. Douze séances auprès d’un psychologue au bénéfice d’une formation complémentaire en thérapie comportementale peuvent déjà aider. Le directeur d’une clinique ambulatoire de soins psychothérapeutiques déconseille la prise de tranquillisants.
Le comportementaliste Ulrich Müller souhaite désormais engager l’expérience avant et après une thérapie unique afin de déterminer si cela produit des résultats probants. À cette occasion, et en accord avec le patient respectif, un animal particulièrement effrayant pour la plupart des gens entre également en action: une tarentule.