Les quatre premiers jours du voyage d'Apollo 11 s'étaient déroulés comme à l'entraînement mais une vingtaine de minutes avant l'alunissage, le 20 juillet 1969, les premiers problèmes ont surgi.
Les communications radio sont d'abord brièvement coupées avec la salle de contrôle, à Houston. Puis, en pleine descente, des alarmes retentissent à l'intérieur du module lunaire, le «LEM», piloté par Edwin «Buzz» Aldrin et par le commandant de la mission Neil Armstrong.
Le LEM s'est détaché deux heures auparavant du véhicule principal, le module de commande, où est resté le troisième membre d'Apollo 11, Michael Collins.
50 ans de la mission Apollo 11
Buzz Aldrin le 20 juillet 1969 sur la Lune, photographié par Neil Armstrong, visible dans le reflet de la visière de son coéquipier
Neil Armstrong, Michael Collins et Buzz Aldrin (de gauche à droite), le 30 mars 1969 au centre spatial Kennedy
Buzz Aldrin devant le module lunaire le 20 juillet 1969, photographié par Neil Armstrong
Décollage de la mission Apollo 11 le 16 juillet 1969 depuis le centre spatial Kennedy en Floride
Le module lunaire en train de remonter vers le module de commande en orbite de la Lune le 21 juillet 1969, avec un lever de Terre en arrière-plan
Le président américain Richard Nixon avec les trois astronautes d'Apollo 11, placés en quarantaine à bord du porte-avions USS Hornet, le 24 juillet 1969
Il y a 50 ans, deux Américains marchaient sur la Lune
50 ans de la mission Apollo 11
Buzz Aldrin le 20 juillet 1969 sur la Lune, photographié par Neil Armstrong, visible dans le reflet de la visière de son coéquipier
Neil Armstrong, Michael Collins et Buzz Aldrin (de gauche à droite), le 30 mars 1969 au centre spatial Kennedy
Buzz Aldrin devant le module lunaire le 20 juillet 1969, photographié par Neil Armstrong
Décollage de la mission Apollo 11 le 16 juillet 1969 depuis le centre spatial Kennedy en Floride
Le module lunaire en train de remonter vers le module de commande en orbite de la Lune le 21 juillet 1969, avec un lever de Terre en arrière-plan
Le président américain Richard Nixon avec les trois astronautes d'Apollo 11, placés en quarantaine à bord du porte-avions USS Hornet, le 24 juillet 1969
Inquiétude d'Armstrong, un taiseux. «Donnez-nous l'explication pour l'alarme du programme 12 02», exige-t-il de Houston. «Ignorez», répond Houston: l'ordinateur de bord est débordé mais les systèmes fonctionnent.
Les cratères défilent à toute vitesse. Trop vite, s'aperçoit le commandant: la zone d'alunissage prévue sera dépassée de plusieurs kilomètres. Armstrong prend les commandes manuelles. Il cherche une nouvelle zone, par son hublot. Mais «c'est très rocailleux».
La machine qui a aidé les hommes à arriver sur la Lune
La machine qui a aidé les hommes à arriver sur la Lune
Le clavier DSKY utilisé par les astronautes d'Apollo pour commander l'ordinateur de bord
Des circuits intégrés indispensables à la miniaturisation de l'ordinateur embarqué dans les modules spatiaux
Photo non datée de Margaret Hamilton, membre du laboratoire Draper, qui travailla sur l'ordinateur Apollo
Paul Ceruzzi, spécialiste de l'électronique aérospatiale au Smithsonian Institute, chez lui à Kensington, le 9 juillet 2019 dans le Maryland
«On était en train de tourner de l'oeil ... »
Aldrin lui lit les informations de l'ordinateur: la vitesse verticale et l'altitude. «600 pieds... 300 pieds...»
Armstrong: «Ce sera juste après ce cratère»
La jauge du carburant descend. Armstrong, concentré, ne dit plus rien.
«30 secondes», annonce Houston, qui surveille le carburant restant.
Le commandant ralentit. Le LEM fait presque du surplace. Enfin, il se pose.
«Lumière de contact», dit Aldrin.
Extinction du moteur.
«Houston, ici la Base de la Tranquillité. L'Aigle s'est posé», annonce Armstrong.
«Bien reçu, Tran... Tranquillité», répond le «capcom» Charlie Duke au sol. «On était en train de tourner de l'oeil. On respire de nouveau».
Les 10 plus grands astronautes de tous les temps
Les 10 plus grands astronautes de tous les temps
Trois des plus grands astronautes que l'espace ait jamais connus: Neil A. Armstrong, Youri Gagarine et Valentina Terechkova.
Le 21 juillet 1969, Neil A. Armstrong a été le premier homme à marcher sur la Lune. En prononçant son célèbre «Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'humanité», il est entré dans l'Histoire. Le héros national américain est décédé en 2012, des suites d'une opération du cœur. Il avait 82 ans.
Les astronautes d'Apollo 11 Neil Armstrong et Edwin E. "Buzz" Aldrin, en 1969
Le 12 avril 1961, le cosmonaute Youri Gagarine, qui ne mesurait qu'1,57 mètre, a réalisé le premier vol habité dans l'espace à bord du vaisseau spatial «Vostok 1».
Elle a été la première femme à voyager dans l'espace: la cosmonaute russe Valentina Terechkova. Elle a effectué son premier vol dans l'espace au printemps 1963, à bord du «Vostok 6». Aujourd'hui, l'ancienne cosmonaute, désormais âgée de 79, est députée pour le parti «Russie unie».
La cosmonaute russe Valentina Terechkova avant son départ pour l'espace, en 1963.
Edwin Eugene "Buzz" Aldrin Jr. est connu pour être le deuxième homme – peu après Neil Armstrong – à avoir marché sur la Lune en 1969. Aujourd'hui, il apparaît régulièrement à la télévision en tant que spécialiste de l'espace, anime des conférences et apporte des conseils aux entreprises en matière de productions cinématographiques.
L'astronaute de la mission Apollo 11 Edwin 'Buzz' Aldrin sur la Lune, à côté d'un dispositif expérimental destiné à étudier le vent solaire, le 20 juillet 1969.
Le Russe Alexeï Arkhipovitch Leonov a été le premier homme à sortir d'un vaisseau spatial (1965). Après sa carrière spatiale, l'ancien cosmonaute, aujourd'hui âgé de 79 ans, a rejoint l'univers de l'écriture et a publié plusieurs livres évoquant son expérience dans l'espace.
Alexei Arkhipovich Leonov, 1965
Christa McAuliffe a été la première enseignante à voyager dans l'espace. Elle avait répondu à l'annonce «Teachers-in-Space», publiée par la NASA en 1985, et pu réaliser son premier vol dans l'espace, à bord du vaisseau spatial Challenger, l'année suivante. Le Challenger a explosé seulement quelques secondes après son lancement. Les sept membres d'équipage ont perdu la vie. La jeune institutrice de 37 ans a laissé derrière elle son mari et ses deux enfants.
Christa McAuliffe (à gauche) et Barbara Morgan, 1986
Alan B. Shepard Jr. a été le premier Américain à voyager dans l'espace. Le 5 mai 1961, il s'est envolé pour l'espace à bord du premier vol habité d'une navette spatiale américaine. En 1996, il a développé une leucémie et est décédé deux ans après le diagnostic, à l'âge de 74 ans.
L'astronaute de la mission Apollo 14 Alan Shepard a été le premier joueur de golf sur la Lune, en 1971.
Alan Shepard Jr. sur la Lune, 1971
James Arthur Lovell a été le premier astronaute à avoir réalisé quatre vols spatiaux et à se diriger vers la Lune sans se poser. En 1970, lorsqu'il s'est envolé pour la Lune avec Apollo 13, la mission a dû être interrompue suite à une explosion à bord. Le sauvetage dramatique de l'équipage de l'Apollo 13 a été adapté au cinéma en 1995, avec Tom Hanks dans le rôle principal. Aujourd'hui, James Arthur Lovell est âgé de 88 ans.
James Arthur Lovell (à gauche) avec Frank Borman.
Aujourd'hui âgé de 73 ans, Valeri Poliakov détient le record du monde du vol spatial le plus long, qui a démarré en janvier 1994 et a duré 437 jours. Sur la photo: Poliakov à bord de la station «Mir», en 1995.
John Herschel Glenn Jr. a effectué sa première mission spatiale en 1962. Il est ainsi devenu le premier Américain à avoir fait le tour de la Terre. (1962)
John Glenn monte à bord de la capsule «Friendship 7», en 1962.
Wernher Von Braun
Le chiffre donné à l'époque est que 400.000 personnes ont participé au programme Apollo. Mais deux l'ont véritablement lancé.
En 1961, le président John Fitzgerald Kennedy a demandé à son vice-président Lyndon Johnson comment battre les Soviétiques dans l'espace. «Si un homme entre en orbite terrestre cette année, il s'appellera Ivan», s'était-il lamenté l'année précédente.
Johnson interroge le «Monsieur fusées» de la Nasa: le transfuge nazi Wernher von Braun. C'est l'inventeur des fusées V-2 qui ont plu sur Londres. Vers la fin de la guerre, il se rend aux Américains, qui l'exfiltrent avec une centaine de ses meilleurs ingénieurs, direction l'Alabama... fondant ce qui s'appelle depuis «Rocket City».
L'Allemand répond avec enthousiasme à Johnson que l'envoi d'hommes sur la Lune est le seul projet sur lequel les Russes peuvent être battus car ils n'ont pas de fusée assez puissante. «OK», répond Kennedy.
Tout est allé très vite
Huit ans plus tard, c'est Richard Nixon qui préside le pays. En cas de tragédie, il avait fait préparer un hommage: «Le destin a dicté que les hommes qui partirent explorer la Lune en paix, reposeront sur la Lune en paix».
Mais l'effort national extravagant a payé. Tout est allé très vite, grâce aux chèques en blanc du Congrès. Entre octobre 1968 et mai 1969, quatre missions Apollo préparatoires réussissent.
Armstrong est choisi en décembre 1968 pour commander la onzième. Mais ce n'est que quelques mois avant le lancement qu'il annonce à ses coéquipiers qu'il sera le premier à sortir du LEM.
«Je me suis tu pendant plusieurs jours, tout en luttant pour ne pas être en colère contre Neil. Après tout, il était commandant et donc le chef», a raconté plus tard Aldrin, dans son autobiographie.
«50% de chance de réussir»
Quand la monstrueuse fusée de von Braun décolle avec à son sommet la capsule d'Apollo 11, le mercredi 16 juillet 1969, un million de personnes assistent au spectacle sur les plages de Floride, près de Cap Canaveral.
Mais beaucoup doutaient que les hommes parviennent à atterrir cette fois-ci. «Je nous donnais au moins 90% de chance de revenir en vie, et 50% de chance de réussir à alunir», dit Armstrong en 1999.
Pour les Américains, la descente finale se passe un dimanche soir. En Europe, c'est déjà la nuit mais partout les gens sont devant les téléviseurs... avec seulement des communications radio crépitantes, jusqu'à ce qu'Armstrong installe une caméra en noir et blanc, avant de poser le premier pas.
«Bond de géant»
Sa grand-mère lui avait recommandé de ne pas le faire s'il sentait un danger; il avait répondu d'accord, selon le livre «Rocket Men» de Craig Nelson.
«Les pieds du LEM s'enfoncent dans la surface de seulement un ou deux pouces, bien que la surface semble être très, très finement granuleuse», décrit Armstrong. «C'est presque comme de la poudre».
«Okay, je vais descendre du LEM».
Puis, après une pause: «C'est un petit pas pour l'homme, un bond de géant pour l'humanité».
Il est 22H56 le 20 juillet à Houston, 02H56 le 21 juillet en heure GMT.
«J'y ai pensé après avoir atterri», a assuré Armstrong dans un long entretien en 2001. En fait, Armstrong a expliqué avoir voulu dire «pour un homme», mais a reconnu que ce n'était pas audible dans la transmission.
Les premiers pas sur la Lune: le récit de l'AFP le 21 juillet 1969
Les premiers pas sur la Lune: le récit de l'AFP le 21 juillet 1969
Photo, prise le 24 mai 2019, du flash de l'AFP annonçant le premier pas de l'homme sur la Lune, publié le 21 juillet 1969 à 02H56 GMT et conservé sur microfilm
Buzz Aldrin le 20 juillet 1969 sur la Lune, photographié par Neil Armstrong, visible dans le reflet de la visière de son coéquipier
Buzz Aldrin descend l'échelle du module lunaire, le 21 juillet 1969 à 03H14 GMT
Les astronautes Neil Armstrong et «Buzz» Aldrin plantent le drapeau américain sur le sol de la lune, le 20 juillet 1969
Le président des Etats-Unis Richard Nixon au téléphone depuis la Maison Blanche félicite les astronautes de la mission Apollo 11, le 21 juillet 1969
L'empreinte de pas sur la Lune d'un des astronautes d'Apollo 11, le 20 juillet 1969
Buzz Aldrin au garde-à-vous devant le drapeau américain planté sur la Lune
50 ans de la mission Apollo 11
A quoi ressemble la Lune, de près?
La couleur varie selon l'angle du Soleil: de marron à gris à noir comme du charbon.
La faible gravité requiert un temps d'adaptation. «J'ai commencé à courir doucement, j'avais l'impression de me déplacer au ralenti, dans de grandes foulées paresseuses», a écrit Aldrin dans un livre en 2009.
Pendant deux heures et demie, Armstrong ramasse des kilos de pierres et photographie. Aldrin installe un sismomètre et d'autres instruments scientifiques. Ils plantent un drapeau américain et laissent des traces de leur passage, dont une médaille honorant Youri Gagarine.
Sur les 857 photos en noir et blanc, et 550 en couleur, seules quatre montrent Armstrong. La plupart représentent Aldrin. «Il est beaucoup plus photogénique que moi», plaisanta Armstrong en 2001.
Collins les attend depuis 22 heures
A l'heure de repartir, les astronautes sont recouverts de poussières. Dans le cockpit, il y a comme une odeur de «cendres mouillées dans une cheminée», selon Armstrong. En orbite, Collins les attend depuis 22 heures.
«Ma terreur secrète depuis six mois est de les laisser sur la Lune et de revenir seul sur Terre. S'ils n'arrivent pas à quitter la surface, ou s'ils s'écrasent, je ne vais pas me suicider. Je reviendrai à la maison mais je serai un homme à abattre pour le restant de mes jours, je le sais», a écrit Collins.
Heureusement, l'unique moteur du LEM s'allume, le rendez-vous fonctionne et les trois hommes repartent vers la Terre.
A la fin, la capsule --débarrassée des modules inutiles-- pèse 5,5 tonnes sur les 3.000 initiales de la fusée. Le 24 juillet, elle traverse dans une boule de feu l'atmosphère pour tomber comme une pierre dans le Pacifique, ralentie par trois grands parachutes.
Accueillis par Nixon
Les Etats-Unis ont dépêché un porte-avions pour les récupérer. Richard Nixon est à bord.
Bientôt la capsule apparaît dans le ciel. Elle fait plouf, et des plongeurs d'élite extraient les hommes, indemnes mais sales, pour les transférer par hélicoptère sur le navire où ils sont placés en quarantaine, par peur d'une contamination d'imaginaires micro-organismes extraterrestres.
A leur première conférence de presse, trois semaines plus tard, les reporters ont demandé aux trois «héros» s'ils pensaient qu'ils retourneraient un jour sur la Lune.
«Nous avons eu très peu de temps pour méditer», répond Armstrong, toujours aussi peu enclin au lyrisme.
Aucun d'eux ne retournera dans l'espace.
Le programme Apollo fut arrêté en 1972. Et il fallut attendre Donald Trump pour que l'Amérique se décide à lancer la soeur d'Apollo, le programme Artémis.
Les dates clés de la conquête spatiale:
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