Des forces titanesques en actionLe jour où Deepwater Horizon a explosé
De Philipp Dahm
25.4.2020
Le jour où Deepwater Horizon a explosé
Deepwater Horizon avant la catastrophe de 2010: la plate-forme de forage pétrolier navigue sous le pavillon des îles Marshall, appartient à Triton Asset Leasing GmbH et est exploitée par Transocean. Elle fore pour le groupe BP…
Photo: Keystone
… le jour de son explosion, le 20 avril. En raison de nombreuses failles, du gaz méthane s’accumule sans être détecté dans le puits. Il ne peut pas s’échapper; en effet…
Photo: Keystone
… la présence de boue ou peut-être aussi de ciment l’empêche de remonter.
Photo: Keystone
En deux jours, la plate-forme en proie aux flammes coule en mer. Onze personnes sont tuées dans la catastrophe, suite à laquelle…
Photo: Keystone
… 1,3 million de litres s’écoulent du puits chaque jour.
Photo: Keystone
Cette photo date du 26 avril: des robots sous-marins tentent de fermer le bloc obturateur du puits pour colmater la fuite de pétrole – en vain.
Photo: Keystone
D’énormes nappes de pétrole se propagent dans le golfe du Mexique, ce qui a naturellement…
Photo: Keystone
… des effets dévastateurs sur la faune.
Photo: Keystone
Début mai, un Basler BT-67 pulvérise des produits chimiques au-dessus de la mer.
Photo: Keystone
Cependant, même si les produits chimiques lient le pétrole, celui-ci s’agglutine et coule – sans être neutralisé.
Photo: Keystone
Cette image satellite de la région a été prise début mai 2010.
Photo: Keystone
Fin mai, BP tente d’injecter de la boue dans le puits, mais celle-ci s’échappe à nouveau suite à la rupture d’un pipeline.
Photo: Keystone
19 mai 2010: lorsque les conditions météorologiques le permettent, les nappes de pétrole sont également brûlées de manière ciblée.
Photo: Keystone
Cependant, cette photo du puits prise en juin montre que le succès a été faible.
Photo: Keystone
Une tortue de mer est nettoyée à l’Audubon Nature Institute de la Nouvelle-Orléans (Louisiane), en juin.
Photo: Keystone
Il faut attendre septembre pour que la fuite soit colmatée à l’aide de plates-formes de forage auxiliaires.
Photo: Keystone
Le jour où Deepwater Horizon a explosé
Deepwater Horizon avant la catastrophe de 2010: la plate-forme de forage pétrolier navigue sous le pavillon des îles Marshall, appartient à Triton Asset Leasing GmbH et est exploitée par Transocean. Elle fore pour le groupe BP…
Photo: Keystone
… le jour de son explosion, le 20 avril. En raison de nombreuses failles, du gaz méthane s’accumule sans être détecté dans le puits. Il ne peut pas s’échapper; en effet…
Photo: Keystone
… la présence de boue ou peut-être aussi de ciment l’empêche de remonter.
Photo: Keystone
En deux jours, la plate-forme en proie aux flammes coule en mer. Onze personnes sont tuées dans la catastrophe, suite à laquelle…
Photo: Keystone
… 1,3 million de litres s’écoulent du puits chaque jour.
Photo: Keystone
Cette photo date du 26 avril: des robots sous-marins tentent de fermer le bloc obturateur du puits pour colmater la fuite de pétrole – en vain.
Photo: Keystone
D’énormes nappes de pétrole se propagent dans le golfe du Mexique, ce qui a naturellement…
Photo: Keystone
… des effets dévastateurs sur la faune.
Photo: Keystone
Début mai, un Basler BT-67 pulvérise des produits chimiques au-dessus de la mer.
Photo: Keystone
Cependant, même si les produits chimiques lient le pétrole, celui-ci s’agglutine et coule – sans être neutralisé.
Photo: Keystone
Cette image satellite de la région a été prise début mai 2010.
Photo: Keystone
Fin mai, BP tente d’injecter de la boue dans le puits, mais celle-ci s’échappe à nouveau suite à la rupture d’un pipeline.
Photo: Keystone
19 mai 2010: lorsque les conditions météorologiques le permettent, les nappes de pétrole sont également brûlées de manière ciblée.
Photo: Keystone
Cependant, cette photo du puits prise en juin montre que le succès a été faible.
Photo: Keystone
Une tortue de mer est nettoyée à l’Audubon Nature Institute de la Nouvelle-Orléans (Louisiane), en juin.
Photo: Keystone
Il faut attendre septembre pour que la fuite soit colmatée à l’aide de plates-formes de forage auxiliaires.
Photo: Keystone
Deepwater Horizon n’est en activité que depuis neuf ans et jouit d’une bonne réputation en 2010. Jusqu’à cette date du 20 avril, prélude à la pire catastrophe environnementale de l’histoire des Etats-Unis.
La plate-forme de forage pétrolier Deepwater Horizon jouit en réalité d’une bonne réputation. Dans les médias, sa «bonne fortune» est «célébrée» – puis le 20 avril 2010, elle explose et prend feu avant de couler à 1500 mètres au fond du golfe du Mexique. La fuite de pétrole qui se poursuit au fond de la mer deviendra la pire catastrophe environnementale de l’histoire des Etats-Unis.
Cette histoire a également un lien avec la Suisse: Deepwater Horizon est la propriété d’une société établie à Steinhausen, dans le canton de Zoug. Chiffrée à 560 millions de dollars (environ 543 millions de francs), sa construction est confiée à Hyundai Heavy Industries, en Corée du Sud; l’acheteur, Triton Asset Leasing GmbH, est livré en 2001. La société transfère Deepwater Horizon à Freeport, au Texas, et la loue à BP jusqu’à la catastrophe.
Un marché juteux pour tous les acteurs, à condition qu’aucun d’imprévu ne survienne: pour le dernier bail, qui doit s’étendre de 2010 à 2013, BP verse à Triton un loyer de 544 millions de dollars (environ 528 millions de francs), soit 497'000 dollars (environ 482'000 francs) par jour. La compagnie pétrolière doit encore prévoir un montant similaire pour l’équipement, l’équipage et l’exploitation.
La société Transocean de Vernier (canton de Genève) est responsable de l’exploitation de Deepwater Horizon, tandis que Triton (canton de Zoug) en est le propriétaire. Au début du millénaire, le trio formé par BP, Transocean et Triton profite pleinement de la plate-forme maritime mobile. Tout d’abord, Deepwater Horizon fore avec succès dans le gisement de pétrole Atlantis, qui n’a été découvert qu’en 1998 et qui s’avère être le troisième plus grand gisement de pétrole sous-marin du golfe du Mexique.
En 2006, elle découvre le gisement de pétrole Kaskida dans le Keathley Canyon, dans les blocs 291 et 292 – les canyons sous-marins offshore sont divisés en parcelles, comme les montagnes pour l’extraction de matières premières. Et en septembre 2009, Deepwater Horizon détecte le gisement de pétrole Tiber dans le Keathley Canyon (bloc 102). Sa capacité de plus de 250 millions de barils de pétrole lui vaut le qualificatif de «géant».
Quelques heures plus tôt, des VIP de BP célèbrent encore Deepwater Horizon
Pour l’exploiter, BP a foré à plus de 10 000 mètres de profondeur – soit le puits le plus profond au monde, s’émerveille la BBC. La mine d’or que constitue Tiber a un défaut: les fonds marins ne commencent qu’à une profondeur de 1500 mètres, où l’on mesure 35 °C. Des équipements spéciaux sont nécessaires ici, mais Deepwater Horizon s’affaire dans le bloc 252 du Mississippi Canyon depuis février 2010. Par ailleurs, elle accuse un certain retard.
Elle a déjà cinq semaines de retard sur son calendrier – et le temps, c’est de l’argent. Pour rappel, la plate-forme coûte un million de dollars (environ 970'000 francs) par jour à BP. Mais le forage d’essai dans le gisement pétrolier Macondo est en réalité pratiquement terminé. Le ciment censé sceller le puits est encore en train de durcir. Cette opération est confiée à la société Halliburton.
Vient ensuite le 20 avril 2010:
le matin même, Patrick O’Bryan est en visite à bord de Deepwater Horizon. Le vice-président de BP et quelques VIP font le tour du propriétaire, emmenés par Curt Kutcha, capitaine de la plate-forme employé par Transocean. Ce jour-là, la compagnie pétrolière célèbre justement sept ans sans accident. Halliburton a en fait terminé de remplir le puits de ciment, il ne reste plus qu’à le boucher.
Des forces titanesques en action
Les conditions autour du puits sont à peine imaginables: les fluides dans la carotte sont soumis à une énorme pression et chauffés à 250 °C. En réalité, du gaz s’échappe déjà dans le trou de forage, mais il ne peut pas remonter et s’accumule en raison de la grande quantité de boue. De l’eau de mer est peut-être également pompée, un phénomène qui a pour effet de durcir le béton plus rapidement mais aussi de rendre le mélange plus explosif.
A 9h56 heure locale, soit 2h56 CET, tout bascule. Le gaz s’échappe et s’embrase. Les feux électroniques clignotent, la plate-forme est traversée par deux vibrations – une bulle de méthane s’est formée, les valve de sécurité se rompent – et lorsqu’il atteint le sommet, le mélange gazeux explose. Le feu se propage à une vitesse fulgurante: l’équipage n’a que quelques minutes pour quitter la plate-forme.
Il y a 126 personnes à bord: 79 de Transocean, 7 de BP et 40 d’autres entreprises comme Halliburton. La côte se trouve à 66 kilomètres.
Onze personnes perdent finalement la vie dans la catastrophe et 17 blessés sont transportés en hélicoptère vers des hôpitaux. Les personnes évacuées sont ramenées sur la terre ferme en bateau et logées dans un hôtel.
1,3 million de litres de pétrole s’échappent chaque jour en pleine mer
Deepwater Horizon est en flammes: la plate-forme coule deux jours plus tard, le 22 avril. Le même jour, les autorités découvrent que du pétrole s’écoule du puits – en l’occurrence, beaucoup de pétrole: 1'300'000 litres par jour. Il faudra attendre la mi-septembre pour que le puits soit bouché: selon les estimations des autorités américaines, 780 millions de litres de pétrole se sont échappés en pleine mer durant cette période.
Des actions en justice s’ensuivent: ce n’est qu’en 2015 que BP s’accorde avec les autorités américaines sur un paiement record de 18,7 milliards de dollars (environ 18,1 milliards de francs). Avant cela, Cameron International a versé 250 millions de dollars (environ 243 milliards de francs) à BP. La société a fabriqué des blocs obturateurs de puits pour Deepwater Horizon. BP et Halliburton ont déjà convenu d’un paiement d’1,1 milliard de dollars (environ 1,07 milliard de francs) en 2014.
Transocean a été poursuivie par la compagnie pétrolière qui lui réclamait 40 milliards de dollars (environ 39 milliards de francs), mais en 2015, le litige est finalement réglé à l’amiable. Ces sommes ne couvrent en aucun cas la facture totale pour BP: son montant est estimé à environ 146 milliards de dollars (environ 142 milliards de francs).
Mars 1978, en France: des volontaires aident à nettoyer la plage après l'accident du pétrolier supertanker «Amoco Cadiz», qui battait pavillon libérien.
Photo: dpa
Le 16 mars 1978, le pétrolier s'était échoué et disloqué non loin de la ville portuaire française de Brest.
Photo: dpa
Ce 16 mars, nous commémorerons le 40e anniversaire de la catastrophe.
Photo: dpa
Au moment de l'accident, le pétrolier n'avait que cinq ans.
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Le navire s'était brisé en trois.
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Environ 1,6 million (223'000 t) de barils de pétrole brut s'étaient déversés en mer.
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En tout, 360 kilomètres de plage avaient été pollués par le pétrole.
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Une tâche herculéenne pour les habitants de la région.
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Les travaux ont duré des mois.
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À l'époque, beaucoup de volontaires avaient prêté main-forte aux équipes d'intervention.
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Souvent, tout ce qu'il leur restait à faire, c'était ramasser les oiseaux morts.
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Les importants dégâts naturels provoqués par la catastrophe ont bouleversé la population.
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En 1978, c'est le secrétaire d'État français Marc Becam qui avait coordonné les travaux de nettoyage.
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Le combat judiciaire pour l'indemnisation des victimes a pris fin 14 ans après la catastrophe: la société américaine de transports pétroliers et chimiques Amoco a dû payer près de 230 millions de francs.