«Un des endroits les plus sûrs»Les répercussions de la crise du coronavirus dans l’espace
DPA/tafi
3.4.2020
Sur Terre, la crise du coronavirus a complètement changé la vie dans de nombreux endroits – et dans l’espace? L’ISS est actuellement l’un des endroits les plus sûrs épargnés par le coronavirus. Cependant, de nombreux projets spatiaux ont été affectés par le virus.
La Station spatiale internationale (ISS) est actuellement occupée par un Russe et deux Américains qui voyagent autour de la Terre à une altitude d’environ 400 kilomètres – loin de la crise du coronavirus. «En ce qui concerne le coronavirus, l’ISS est probablement l’un des endroits les plus sûrs à l’heure actuelle», affirme Luis Zea de l’université du Colorado, située à Boulder, dans des propos relayés par le magazine «Newsweek».
Mais qu’en est-il des autres projets spatiaux? Voici comment la crise du coronavirus affecte les missions spatiales de l’humanité.
Le nouvel équipage de l’ISS sous haute protection
«Les activités se poursuivront ici quoi qu’il arrive sur Terre», indique l’astronaute américain Andrew Morgan, qui travaille avec ses collègues Jessica Meir et Oleg Skripotschka dans l’avant-poste orbital. Le soutien en provenance de la Terre arrivera bientôt – et il est impératif de faire en sorte que les trois nouveaux astronautes n’apportent pas le virus dans la station.
Avant leur vol vers l’ISS prévu le 9 avril, les deux Russes et l’Américain sont donc en grande partie isolés au centre d’entraînement des cosmonautes de la Cité des étoiles, près de Moscou.
La plupart des rituels habituels ont été annulés: pas de fleurs devant les murs du Kremlin, pas de visite chez le concepteur de fusées soviétique Sergueï Korolev. Il y a eu une exception: les astronautes ont visité le monument dédié à Youri Gagarine, le premier homme à être allé dans l’espace, ainsi que son bureau dans un musée.
«Bien que les vols spatiaux comportent toujours un risque particulier, nous comprenons très bien que l’ISS sera l’endroit le plus sûr dans les mois à venir», affirme le cosmonaute Anatoli Ivanichine. «Nous sommes en bonne santé, l’équipage est examiné très attentivement par le personnel médical», indique également l’astronaute Christopher Cassidy.
Tous deux s’envoleront pour l’espace début avril en compagnie du Russe Ivan Vagner. L’équipage est censé y rester pendant 196 jours.
Il est difficile de deviner comment les choses évolueront sur Terre durant cette période. Mais il est déjà clair que la situation affecte de nombreux projets spatiaux.
Kourou à l’arrêt, Baïkonour encore en activité
En raison de la pandémie, il n’y a actuellement plus de lancements depuis la base de Kourou, en Guyane française, en Amérique du Sud. L’agence spatiale russe Roscosmos y a également retiré la plupart de son personnel.
Le cosmodrome russe de Baïkonour, dans l’ex-république soviétique du Kazakhstan, continue en revanche de fonctionner comme prévu, comme l’a souligné le directeur de Roscosmos, Dmitri Rogozine. Seuls les journalistes ne sont plus autorisés à assister aux lancements, par ailleurs soigneusement mis en scène. Depuis des années, Roscosmos est la seule agence spatiale en mesure de proposer des vols habités vers l’ISS.
De nombreuses missions de la NASA au point mort
«La technologie nous permet d’effectuer à distance une grande partie de ce que nous devons faire», explique au «New York Times» Jim Bridenstine, directeur de la NASA, l’agence spatiale américaine.
L’ISS et toutes les missions spatiales en cours peuvent toujours être coordonnées, affirme-t-il. La donne est différente pour les missions qui sont encore en phase de planification et de construction. Lorsque les travaux sur le terrain ne peuvent être effectués en toute sécurité, «nous devons les arrêter temporairement», indique Jim Bridenstine.
Cela concerne par exemple le Space Launch System et Orion, la fusée et la capsule spatiale avec lesquelles la NASA comptait amener des astronautes sur la Lune d’ici cinq ans. Le calendrier du télescope spatial James-Webb, dont le lancement était en réalité prévu pour 2021, risque également d’être encore retardé, tout comme le lancement du rover martien Perseverance, attendu cet été. De même, il reste à voir si la NASA, avec la société spatiale privée SpaceX, pourra vraiment amener deux astronautes à l’ISS en mai comme annoncé.
Le coronavirus a déjà été détecté chez des employés d’au moins deux centres de recherche de la NASA aux Etats-Unis. A quelques exceptions près, tous les employés sont encouragés à travailler depuis chez eux.
Un personnel très réduit à l’ESA
Pour l’Agence spatiale européenne (ESA) également, les projets ne peuvent pas toujours se poursuivre comme prévu. Désormais, le Centre européen des opérations spatiales (ESOC) de Darmstadt n’accueille qu’un personnel très réduit.
En moyenne, 30 des 900 employés travaillent actuellement au centre de contrôle. «C’est le minimum», indique Paolo Ferri, directeur adjoint de l’ESOC, qui précise que les instruments de quatre satellites ont été éteints et que les essais effectués dans le cadre de la mission solaire Solar Orbiter, lancée récemment, ont également été interrompus.
Cette prudence s’explique également par le survol imminent de la Terre par la sonde mercurienne BepiColombo. «Nous ne devons pas la mettre en danger.» Il s’agit d’une phase délicate qui nécessite un pilotage précis – il ne faut donc pas prendre le risque de devoir mettre en quarantaine d’autres membres du personnel réduit, explique-t-il. «Nous ne pouvons pas piloter les satellites depuis chez nous.» En principe, concède-t-il, ce serait techniquement possible, mais le risque serait tout simplement trop grand.
Claude Nicollier avec une maquette du télescope spatial Hubble dans son bureau du Swiss Space Center sur le site de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).
Photo: Keystone
Entre 1992 et 1999, Nicollier a participé à quatre missions spatiales.
Photo: Keystone
Le 31 juillet 1992, l’astronaute est le premier Suisse à s’envoler vers l’espace. Ici, on le voit apprivoiser le système de verrouillage d’urgence de la porte de la soute...
Photo: Keystone
... sur cette photo, il se prépare devant le tableau de bord du centre d’entraînement de la Nasa à Houston, aux Etats-Unis.
Photo: Keystone
Claude Nicollier au Kennedy Space Center en Floride (Etats-Unis) juste avant son premier vol dans l’espace. «La montée en orbite n’a duré que huit minutes trente. Au début, ça secouait beaucoup et la poussée était énorme.»
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La navette spatiale «Atlantis», qui va conduire Nicollier dans l’espace, sur la rampe de lancement du Kennedy Space Center à Cap Canaveral, aux Etats-Unis, le 31 juillet 1992.
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De nombreux fans d’aérospatial, venus de Suisse et d’ailleurs, ont assisté au décollage de la navette.
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Le 1er août 1992, dans le cadre de la mission STS-46, le satellite «EURECA» est détaché de la navette «Atlantis» à l’aide d’un bras télécommandé et placé en orbite.
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Pendant la mission à bord de l’Atlantis, le conseiller fédéral Adolf Ogi a tenu à féliciter l’astronaute en direct avec cette célèbre phrase: «Bonjour Claude Nicollier, c'est Adolf Ogi, Grüess Gott, Freude herrscht.» Une phrase désormais devenue culte.
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Le conseiller fédéral Jean-Pascal Delamuraz reçoit Nicollier et le félicite à l’issue de la mission Atlantis.
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Début d’un vol de onze jours à bord de la navette spatiale américaine Endeavour. Claude Nicollier et les six autres astronautes réussissent à faire quelques opérations de maintenance et à réparer le télescope spatial Hubble. La conseillère fédérale Ruth Dreifuss le félicite en direct pour le succès de la mission en cours.
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22 février 1996: la navette spatiale Columbia décolle du Centre Spacial Kennedy à Cap Canaveral pour une mission de 16 jours dans l’espace avec sept astronautes à bord – parmi lesquels Claude Nicollier. À droite, l’astronaute italien Umberto Guidoni.
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20 décembre 1999: la navette spatiale américaine Discovery s’apprête à décoller pour un vol de huit jours. Claude Nicollier et six autres astronautes doivent équiper Hubble de nouveaux systèmes de commande.
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Claude Nicollier à gauche sur la photo à l’extérieur du télescope spatial Hubble.
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Nicollier est optimiste: «Dans les 10 ou 20 prochaines années, d’autres astronautes suisses seront amenés à participer à des missions dans l’espace.»
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Aujourd’hui encore, il donne des cours à des étudiants au Swiss Space Center. «J’ai la responsabilité de transmettre mes expériences.»