L'astronaute américain Scott Kelly, lors de son atterrissage près de Dzhezkazgan, au Kazakhstan, de retour d'une mission dans l'espace, le 2 mars 2016
L'astronaute canadien Chris Hadfield, au sein d'une capsule de la station spatiale internationale, le 25 décembre 2012, dans une photo transmise par la NASA
Les couchettes des membres de l'équipage du sous-marin nucléaire Suffren, à Cherbourg, le 12 juillet 2019
La salle à manger des officiers du sous-marin nucléaire Suffren, le 12 juillet 2019
La navigatrice française Isabelle Autissier à bord de son bateau PRB, au large des côtes bretonnes le 1er janvier 1998
Bâtiments de la base franco-italienne Concordia en Antarctique, le 27 janvier 2007
Il faut appeler ses proches régulièrement, garder le contact et rassurer les personnes âgées
Dans l'espace ou sous l'eau, des stratégies dont s'inspirer pour supporter le confinement
L'astronaute américain Scott Kelly, lors de son atterrissage près de Dzhezkazgan, au Kazakhstan, de retour d'une mission dans l'espace, le 2 mars 2016
L'astronaute canadien Chris Hadfield, au sein d'une capsule de la station spatiale internationale, le 25 décembre 2012, dans une photo transmise par la NASA
Les couchettes des membres de l'équipage du sous-marin nucléaire Suffren, à Cherbourg, le 12 juillet 2019
La salle à manger des officiers du sous-marin nucléaire Suffren, le 12 juillet 2019
La navigatrice française Isabelle Autissier à bord de son bateau PRB, au large des côtes bretonnes le 1er janvier 1998
Bâtiments de la base franco-italienne Concordia en Antarctique, le 27 janvier 2007
Il faut appeler ses proches régulièrement, garder le contact et rassurer les personnes âgées
Astronautes ou sous-mariniers, certains s'enferment loin du monde pendant des semaines ou des mois, usant de stratégies pour vivre au mieux une situation qu'ils ont choisie.
Des tactiques qu'ils veulent partager avec les plus de deux milliards de Terriens contraints au confinement.
«Routine quotidienne»
Pour l'astronaute américain Scott Kelly, le principal c'est de «ne pas avoir trop d'attentes», «parce nous ne savons pas quand ça va finir», explique-t-il à l'AFP depuis Houston, au Texas, où il n'est «pas encore» confiné.
«Quand j'étais dans la Station spatiale international (ISS), c'était pour un an (...) j'ai fait l'effort de penser que désormais je vivais là, que je faisais partie de cet environnement, que c'était mon nouveau chez-moi».
Et il suggère de s'en inspirer en faisant «comme si» on allait vivre dans l'espace pendant un an: «je dois avoir un programme, je dois me lever à une heure régulière, me coucher à une heure régulière, m'occuper de mon travail si je peux le faire à distance».
Mais aussi faire de l'exercice et prendre l'air. Et si vous n'avez pas de jardin, «ouvrez les fenêtres et passez la tête dehors, ça doit être un élément de votre routine quotidienne».
Sans oublier les loisirs «importants pour vous changer les idées». Il prévoit d'apprendre la guitare: «Peut-être que cette pandémie fera de Scott Kelly une rock star !«, lance-t-il en riant.
Pour gérer les conflits, dans l'espace confiné de votre appartement ou dans l'espace tout court, «si quelque chose vous embête, parlez-en, sans agressivité. Parce que si vous étouffez vos émotions, ça va empirer».
Pour l'astronaute, c'est surtout le sentiment de «servir à quelque chose» qui aidera à surmonter le confinement. «Les gens doivent comprendre que ce qu'ils font là sert à toute l'Humanité».
Remplir sa «mission»
Le sentiment d'être «investi d'une mission» est primordial, renchérit Vincent Larnaudie-Eiffel, ancien commandant du sous-marin nucléaire lanceur d'engin le Téméraire.
Comme les sous-mariniers, «confinés dans nos appartements, on partage une mission qui est de protéger les autres, de nous protéger, de protéger les personnels médicaux et de réussir la traversée de cette épreuve».
Mais «la difficulté, c'est que le temps n'a pas la même durée, la veille ressemble au lendemain donc il est important de jalonner, de donner du rythme à nos journées».
«Il ne faut pas subir (...) et il faut faire quelque chose de ce temps suspendu».
Comme ces sous-mariniers s'étant mis à la construction de maquettes, au tricot ou à faire pousser des plantes sans lumière du jour.
«Pour supporter cette promiscuité, il faut aussi que chacun ait son coin à lui. Sur un sous-marin c'est un lit exigu. Dans un appartement exigu, c'est la même chose».
«Essayer de nouvelles choses»
Première navigatrice à avoir accompli un tour du monde en solitaire en compétition, Isabelle Autissier n'a jamais «ressenti la solitude comme un fardeau». «Parce que je l'ai choisie».
Mais ceux qui sont aujourd'hui seuls chez eux par contrainte peuvent peut-être aussi «profiter de ce moment pour essayer de nouvelles choses, la lecture, écouter de la musique différente, écrire leur journal, faire des photos, peindre ou dessiner...»
«Même des choses auxquelles ils n'ont pas spontanément pensé: il faut se creuser la tête».
Et surtout «il ne faut pas se projeter» parce que «si on imagine un timing, on est déçu». C'est comme pour une course au large: «quand on est en mer, la première des choses, c'est de ne pas compter les jours. Il ne faut pas se dire je vais arriver dans 3 mois, 1 mois, ou 10 minutes».
«Ne pas culpabiliser»
Quelles que soient les stratégies, «il est normal d’avoir des baisses de moral et de productivité. Ce n’est pas un signe de faiblesse», insiste de son côté Cyprien Verseux, astrobiologiste à l'université de Brême.
«N’ajoutez pas la culpabilité à vos difficultés», explique à l'AFP le scientifique qui a vécu deux expériences distinctes de confinement choisi.
Neuf mois sur la base Concordia en Antarctique. Et 366 jours avec 5 autres volontaires dans un dôme de 11 mètres de diamètre pour simuler une mission sur mars, lors d'une expérience de la Nasa. «Sans jamais être à l’air libre ni communiquer en temps réel avec l'extérieur.»
Même si «nous ne sommes pas tous égaux face au confinement», «en adoptant les bons gestes, ces périodes étaient largement supportables».
Il faut «maitriser la façon dont on gère son temps», et «choisir une ou deux activités où l'on crée, où l’on apprend quelque chose, ou les deux», énumère celui qui a ressorti son ukulélé.
Ensuite «faire du sport, musculation, corde à sauter, yoga, zumba... même avec peu de place et d'équipement, des solutions existent, quelle que soit votre condition physique».
Et «assurez-vous de parler chaque jour à quelqu’un de vive voix».
Garder le contact
«Les moyens de communication actuels sont un grand avantage, il faut faire l'effort de les utiliser», insiste Frank de Winne, premier européen à avoir été commandant de l'ISS en 2009.
Chaque jour le Belge appelle sa mère de 86 ans, confinée dans un appartement d'une résidence de personne âgée. «En vidéo, pour qu'elle puisse me voir. Ca donne aussi un peu de structure parce qu'elle sait que je vais appeler».
Dans l'ISS ou sur Terre, la «structure» est nécessaire en confinement, pour «réduire le stress», insiste le chef des astronautes de l'Agence spatiale européenne qui donnera jeudi avec d'autres collègues des conseils en ligne via la web télé de l'ESA.
«Il faut aussi être conscient de son comportement (...), se mettre dans la tête des autres». Et ne pas laisser trainer ses chaussettes partout dans la maison si on sait que ça dérange sa femme ou ses enfants...
Maladie psychique et confinement
Maladie psychique et confinement
Le coronavirus favorise la solitude des gens. Il nous contraint à l’isolement. La vie sociale s’arrête.
Thomas Steiner, psychologue spécialisé en psychothérapie FSP déclare que toutes les tranches d’âge sont concernées d’une manière ou l’autre par le problème.
«Chez les jeunes, les contacts sociaux servent à façonner l’identité», déclare le psychologue, sinon quelque chose leur manquerait.
«Vous ne pouvez pas sortir, les manifestations sont annulées, les contacts dans le domaine de la formation sont réduits au strict minimum et il n’est presque plus possible de voyager», selon Thomas Steiner.
Les personnes qui s’identifient à leur activité professionnelle et doivent désormais faire du télétravail remarquent aussi combien la solitude peut peser et combien les routines et les actions entreprises chaque jour peuvent bien remplir une journée.
«On s’aperçoit que les gens sont souvent programmés automatiquement: se lever, prendre sa douche, travailler, se nourrir», dit Steiner. En l’absence de routines, la situation peut être éprouvante mentalement.
«Nous sommes alors confrontés à nous-mêmes. Les distractions quotidiennes ne parviennent plus à nous détourner de notre personne et de la réflexion à ce sujet», affirme Steiner.
La solitude touche aussi et surtout les personnes retraitées durant cette période de coronavirus. «Elles ont envisagé de faire toutes sortes de choses qu’elles peuvent à présent réaliser après leur vie professionnelle. Le virus les freine toutefois dans leurs projets» déclare Thomas Steiner.
Les résidents des maisons de retraite et des établissements médico-sociaux souffriraient également de la situation. «L’absence de stimuli, comme une visite, ainsi que les subventions, posent problème».
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