Grogne généraleTous critiquent la hausse, tous ont leurs remèdes
olpe, ats
27.9.2022 - 17:21
Hôpitaux, caisses maladie, médecins, consommateurs, syndicats: le mécontentement est général après l'annonce des primes d'assurance maladie 2023. Les acteurs concernés proposent chacun leurs remèdes et déplorent l'absence de mesures fortes.
olpe, ats
27.09.2022, 17:21
ATS
Aux yeux de la FMH, l'augmentation des primes de 6,6% annoncée mardi «n'aurait pas lieu d'être»: deux importantes réformes bloquées depuis longtemps pourraient freiner la croissance des coûts. Il s'agit du financement uniforme des prestations ambulatoires et hospitalières (EFAS) et du nouveau tarif Tardoc, qui n'a toujours pas été approuvé par le Conseil fédéral, déplore-t-elle.
La faîtière des médecins suisses souligne par ailleurs que, grâce aux progrès constants de la médecine, de plus en plus de traitements peuvent être effectués en ambulatoire. Mais ces coûts ne sont financés que par les primes. L'absence de cofinancement cantonal fait ainsi grimper la charge sur les assurés, estime la FMH.
Les assureurs au créneau
Les faîtières des assurances maladie Santésuisse et Curafutura demandent aux acteurs politiques de saisir le taureau par les cornes. Santésuisse propose de réduire les offres médicales excessives, appelant les cantons à jouer un rôle actif par une limitation du nombre de médecins.
Concernant les médicaments, l'organisation réclame davantage de génériques à des prix plus bas et une adaptation du règlement des marges des pharmaciens. Elle demande aussi que le «potentiel d'économies» existant dans le domaine des thérapies onéreuses – toujours plus nombreuses – soit exploité.
Curafutura de son côté déplore «le retard» pris dans les réformes du système de santé. Une révision du modèle des marges de distribution pour les médicaments augmenterait la part de génériques, qui est encore très faible en Suisse à environ 20%, note-t-elle. D'une façon générale, l'organisation juge «beaucoup trop élevés les prix des médicaments en Suisse».
H+ veut une adaptation des tarifs
Pour l'association faîtière des hôpitaux et cliniques, H+, «les tarifs hospitaliers doivent urgemment être adaptés à l'inflation, d'autant que celle-ci va encore renforcer la pression politique qui s'exerce sur les coûts de la santé. H+ rappelle que dans l'assurance obligatoire, les établissements sont bridés pour l'établissement de leurs tarifs, alors même que leurs coûts augmentent sans cesse.
L'Association des entreprises suisses de santé (Ospita) estime que la situation actuelle témoigne de l'échec de la «réglementation excessive» du secteur de la santé. La «politique de planification» via notamment les rationnements n'a pas porté ses fruits et doit être arrêtée, au profit d'une politique qui élargit la marge de manoeuvre des entreprises concernées, écrit-elle.
La Fédération romande des consommateurs (FRC) dénonce, elle, «l'aboutissement d'un échec collectif annoncé». Selon elle, la responsabilité de «l'ensemble des prestataires» est engagée. «Ces acteurs ont tout fait pour torpiller des mesures pourtant ambitieuses, principalement parce qu'elles mettaient à mal leur rémunération», dénonce-t-elle.
Diverses mesures auraient permis d'endiguer la hausse des coûts, assure la FRC, citant des actions sur le prix des médicaments, un cadre pour prévenir la surprescription, la surfacturation d'actes médicaux ou encore la mise en place d'un financement uniforme des soins. Mais elles ont soit été abandonnées, soit elles sont bloquées au Parlement.
Primes en fonction des revenus
Pour l'Union syndicale suisse (USS), le seul moyen d'action durable «est d’amener une part de financement par le biais de ressources prélevées en fonction des revenus», comme ailleurs en Europe.
Caritas réclame une extension des subsides maladie, face à l'augmentation de la précarité. Plusieurs cantons ont déjà annoncés qu'ils allaient rehausser leurs aides aux ménages modestes.
Le président de la Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la santé (CDS) Lukas Engelberger «déplore mais comprend» la forte hausse des primes et craint qu'elle se poursuive. Il salue cependant le fait que les caisses maladie aient réduit leurs réserves.
Vice-présidente de la CDS, la Vaudoise Rebecca Ruiz demande aux élus fédéraux de «s'extraire du lobbying permanent» des acteurs de la santé. Elle estime que cette situation «délétère» empêche le Parlement de prendre les mesures nécessaires pour limiter les coûts de la santé. Quant au conseiller d'Etat genevois Mauro Poggia, il dénonce l'opacité du mécanisme de fixation des primes.