Sommet Biden-PoutineDes attentes limitées sur le sommet entre Biden et Poutine
sn, ats
15.6.2021 - 09:32
Les attentes sont limitées sur le sommet entre présidents américain Joe Biden et russe Vladimir Poutine à Genève. Du désarmement au Bélarus en passant par Navalny, les divergences vont rester. Les deux devraient au mieux s'entendre sur une «confrontation acceptable».
Keystone-SDA, sn, ats
15.06.2021, 09:32
ATS
«Les relations entre la Russie et l'Occident se sont détériorées de façon continue», affirme à Keystone-ATS le nouveau directeur du Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP), l'ambassadeur suisse Thomas Greminger. «La polarisation est sans précédent depuis la Guerre froide et la confiance mutuelle est au plus bas», ajoute celui qui était jusqu'en juillet dernier secrétaire général de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
«Les attentes sont très limitées mais en même temps très importantes», selon le chercheur russe Dimitri Suslov, spécialiste des relations entre son pays et les Etats-Unis. Tous les experts s'accordent sur le fait que la rencontre en elle-même constitue une avancée.
Contrairement à la période sous Donald Trump, un dialogue américain avec les Russes n'est plus stigmatisé, dit le directeur du GCSP. Dans le meilleur des cas, les deux dirigeants devraient acter les possibilités d'une «collaboration sélective». Il faut aussi qu'ils identifient rapidement «les lignes rouges» qui les séparent, selon M. Greminger.
Parmi elles, l'affaire Navalny dont Moscou ne veut entendre parler mais sur laquelle M. Biden est attendu. Même si la Russie, comme les Etats-Unis, se sont engagés au sein de l'OSCE à accepter d'être scrutés sur les droits humains ou l'Etat de droit. Les différends sur la cybersécurité ou la situation au Bélarus devraient aussi rester trop importants.
Armement ou encore Iran
Une collaboration est possible en revanche sur le nucléaire iranien, le changement climatique ou le retour des ambassadeurs à Washington et Moscou. Sur la Corée du Nord aussi, selon M. Suslov.
Le plus important sera de réussir le suivi du sommet, estime de son côté une source diplomatique européenne. Les deux acteurs n'ont pas intérêt à une détérioration sécuritaire en Europe, ni à un emballement budgétaire sur la défense. En cas d'impulsion positive à Genève, un accord sur le format de futures négociations sur le désarmement nucléaire comme conventionnel devrait être décidé rapidement, dit M. Greminger.
Une question qui, comme en 1985 lors du sommet entre les dirigeants américain Ronald Reagan et soviétique Mikhaïl Gorbatchev, sera au centre des pourparlers. Washington et Moscou rassemblent toujours 90% des armes nucléaires.
Les deux pays n'ont réussi à prolonger pour cinq ans le traité New Start sur la réduction des armes nucléaires stratégiques qu'au dernier moment avant l'expiration. Un accord finalisé quelques jours après l'arrivée de M. Biden à la Maison Blanche.
Mais les arrangements sur les armes de portée intermédiaire (FNI) ou sur la surveillance militaire ("Ciel ouvert") restent suspendus. Pour autant, les deux Etats veulent «geler» leurs désaccords, estime M. Suslov.
Pas trop de limite
Selon les experts, les Etats-Unis ne peuvent se permettre d'affronter Moscou et la Chine en même temps, Pékin étant désormais le principal adversaire. Autre donnée, de plus en plus de questions demandent une approche multilatérale et le sommet pourrait aussi donner une impulsion à la collaboration internationale sur la sécurité, insiste M. Greminger.
Chercheur associé au GCSP, John Erath connaît l'approche américaine du désarmement pour avoir mené la délégation de son pays à des négociations. Actif au Centre pour le désarmement et la non-prolifération à Washington, il rappelle que les Russes ont toujours fait d'une discussion sur le bouclier antimissile américain une condition d'une avancée sur le désarmement.
Dans ses conseils à M. Biden, M. Erath souhaite que le président américain ne fixe pas trop de limites à la marge de manoeuvre de son pays. Mais «il ne faut pas non plus donner d'excuses à Vladimir Poutine pour éviter des discussions sérieuses».
M. Erath appelle à la réaffirmation de 1985 selon laquelle «une guerre nucléaire ne peut être remportée» par personne. Il souhaite aussi un engagement à réduire davantage encore le nombre d'armes nucléaires.
Le chercheur recommande de lancer des pourparlers formels sur chaque composante du désarmement et d'élargir l'approche à d'autres pays. Même si tous les experts considèrent comme impossible le rattachement rapide de la Chine au traité New Start, comme le souhaite Washington. Et M. Erath d'appeler à discuter de nouvelles questions comme la sécurité nucléaire, le terrorisme, la sécurité des réseaux et le changement climatique.
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