Coronavirus Environ 30% de la population sans eau et savon face à la pandémie

sn, ats

1.7.2021 - 16:58

Le manque d'accès à l'eau potable chez soi est souvent plus important dans les zones en conflit selon l'ONU (archives).
Le manque d'accès à l'eau potable chez soi est souvent plus important dans les zones en conflit selon l'ONU (archives).
ATS

Environ 30% de la population mondiale n'a pas eu accès à du savon ou de l'eau potable chez elle pendant la pandémie. D'ici 2030, des milliards de personnes seront affectées si le taux de progression ne quadruple pas, a averti jeudi à Genève l'ONU.

Keystone-SDA, sn, ats

Selon un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), environ un quart des personnes manquaient l'année dernière d'eau potable sûre dans leur habitation. Près de la moitié n'avaient pas de dispositif d'assainissement des eaux adapté, alors que la pandémie a montré le besoin de garantir une hygiène pour tous.

«Nous ne sommes pas en ligne» avec les objectifs de garantir un accès pour tous d'ici 2030, a dit à la presse la directrice de la santé à l'OMS, Maria Neira. Des centaines de milliards de francs par an sont requis pour tenter de les atteindre. Chaque année, plus d'1,2 million de décès pourraient être évités.

Un investissement dans les infrastructures sur cette question doit être un chantier «mondial» face au coronavirus, a estimé de son côté le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus. Avec la pandémie, «tous les pays vont finalement comprendre» que ses dépenses en valent la peine, renchérit Mme Neira.

«Le seul moyen de réduire notre vulnérabilité face à une potentielle prochaine pandémie ou même la crise actuelle du changement climatique» est de garantir un accès à l'eau et à l'assainissement des eaux, ajoute-t-elle. Selon un responsable de l'UNICEF, il est prématuré d'évaluer l'effet du coronavirus sur l'accès à l'eau potable ou à l'assainissement des eaux.

Quelques avancées récemment

Un quart des personnes en Afrique disent avoir eu «bien davantage» de difficultés, affirme-t-il. Plusieurs pays ont lancé des feuilles de route pour évaluer où ils devaient injecter des financements pour améliorer les dispositifs d'hygiène.

Certains ont subventionné aussi l'approvisionnement en eau. Ils ont aussi interdit une interruption sur celui-ci en cas de non-paiement par les clients. Ce dispositif contribue à sécuriser les personnes mais pourrait, s'il n'est pas compensé financièrement, mettre en difficulté les prestataires, dit un responsable de l'OMS.

Quelques avancées ont été obtenues depuis 2016. L'accès à l'eau potable chez soi a augmenté de 70 à 74% jusqu'à l'année dernière. Celui à l'assainissement s'est étendu de 47 à 54% et les infrastructures avec savon et eau de 67 à un peu plus de 70%.

L'année dernière, pour la première fois, davantage de personnes ont utilisé des dispositifs sur site, mieux dotés pour les déchets, que des connexions aux égouts. Les gouvernements sont appelés à davantage de soutien.

Afrique largement affectée

Sans investissement, 1,6 milliard de personnes n'auront pas accès à l'eau potable chez elles d'ici 2030. Près de 2,9 milliards n'auront pas d'assainissement adapté des eaux et près de 2 milliards n'auront pas de savon ou d'eau chez elles.

Dans les pays affectés par des conflits ou des désastres, le taux de progression doit être multiplié par plus de 20. La directrice exécutive de l'UNICEF appelle à «accélérer» les efforts.

Parmi les autres données, 80% des personnes qui manquent de dispositifs adaptés se trouvent dans des zones rurales. En Afrique subsaharienne, seules 54% des personnes ont accès à une eau potable sûre et un quart seulement dans les zones difficiles.

Les deux organisations appellent les décideurs des agences internationales, des gouvernements, de la société civile et du secteur privé à oeuvrer. Une conférence internationale est notamment attendue dans deux ans.