PandémieLa Task Force n'a pas de preuve que les mesures prises suffisent
ATS
6.11.2020
Les mesures prises le 18 octobre n'ont pas suffi pour véritablement ralentir l'évolution de l'épidémie. La Task Force scientifique ne dispose pas d'indices probants en ce sens, a indiqué son chef Martin Ackermann. Stefan Kuster de l'OFSP: «On n'est plus aussi pessimiste qu'il y a quelques jours». L'armée soutiendra le canton de Genève.
Les chiffres du Valais sont révélateurs: alors que le canton a pris dès le 23 octobre des mesures plus strictes, les contaminations ont continué de croître, a illustré l'expert.
«En ce moment, on n'a pas d'indication qu'un renversement de tendance est en cours», a-t-il complété. Il s'agit maintenant de voir si les nouvelles mesures annoncées par la Confédération la semaine dernière ainsi que les restrictions prises par certains cantons font effet.
Le 18 octobre, le Conseil fédéral avait notamment rendu le port du masque obligatoire dans tous les espaces publics clos, quais de gare et stations de bus compris. Le gouvernement avait aussi limité les réunions publiques spontanées à 15 personnes et recommandé la reprise du travail à la maison. Le 28 octobre, il a durci toutes une série de mesures, notamment celles concernant le masque et le monde de la nuit et les réunions publiques.
Taux de reproduction trop haut
De manière générale, le taux de reproduction est toujours supérieur à 1 ce qui donne lieu à une croissance exponentielle. Il est essentiel de ramener cette valeur en-deçà de 1. «C'est la seule manière de freiner l'épidémie», a dit M.Ackermann. Il faut redoubler d'efforts.
La Task Force recommande de poursuivre le traçage des contacts et le dépistage: «Cette bataille ne peut être abandonnée». Elle prône également une communication la plus homogène possible. Enfin, les gestes simples restent de mise: le maintien de la distance de précaution, le port du masque, l'hygiène des mains, l'aération des locaux et le télétravail. M. Ackermann n'a pas cité d'autres mesures à prendre.
Kuster: «On n'est plus aussi pessimiste qu'il y a quelques jours»
«On n'est plus aussi pessimiste qu'il y a quelques jours", a noté Stefan Kuster, chef de la division Maladies transmissibles de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) vendredi lors d'un point de presse. Mais il a ajouté que les chiffres sont toujours critiques.
Les nombres de cas et d'hospitalisation augmentent encore mais ils commencent à se stabiliser, a-t-il expliqué, avant de souligner qu'il faut tout faire pour casser cette augmentation et aplatir les courbes. «Avec ces chiffres élevés, nous devons continuer à compter avec une surcharge du système de santé», a-t-il déclaré.
M. Kuster estime qu'il est encore trop tôt pour juger si les mesures prises par le Conseil fédéral le 28 octobre dernier à l'échelle nationale sont efficaces. «On se trouve dans une phase encore incertaine, on n'a aucune certitude si les mesures suffisent ou non», a-t-il ajouté.
Les nouveaux cas sont les plus nombreux en Suisse romande, surtout dans les cantons du Valais, de Fribourg et de Genève. Les taux d'hospitalisations sont les plus marqués à Fribourg notamment. Les personnes de plus de 50 ans sont les plus hospitalisées, a relevé M. Kuster.
Le taux de reproduction du virus s'élève actuellement à 1,1. Même s'il a diminué ces derniers jours, il faut descendre en dessous de 1, a indiqué M. Kuster.
L'armée soutiendra le canton de Genève
Le canton de Genève recevra le soutien de l'armée dès lundi. Sa demande a été examinée et approuvée, a indiqué vendredi la directrice de l'OFSP Anne Lévy.
Le Conseil fédéral a décidé mercredi que l'armée pourrait venir en aide aux hôpitaux. Les militaires pourront prêter main-forte entre autres pour les soins de base ou le transport de malades. Des conditions ont toutefois été posées. Les cantons doivent notamment démontrer qu'ils ont épuisé toutes les autres possibilités.
Cinq cantons ont fait appel à l'armée, a rappelé Anne Lévy devant la presse. Seule la requête de Genève a été acceptée pour le moment. Le nombre de places en soins intensifs y est faible, des patients genevois ont déjà dû être envoyés dans d'autres hôpitaux et le risque d'un manque de personnel existe, a-t-elle expliqué.
Une compagnie sera engagée dès lundi dans le canton, a complété le commandant de la division territoriale 1 de l'armée Yvon Langel. Et de préciser que l'armée va "travailler sur mesure" à l'avenir. Les troupes seront engagées au fur et à mesure des demandes cantonales, selon les besoins de chacun.
Diminution des réserves
La cheffe de l'OFSP a encore souligné que la situation était toujours tendue au niveau des places dans les unités de soins intensifs. «Les réserves diminuent.» Elles sont passées de 36 à 25% au cours des cinq derniers jours. Le nombre de patients en soins intensifs double quant à lui encore tous les huit jours.
La limite de capacité pourrait être atteinte déjà le 10 novembre a précisé Martin Ackermann, chef de la Task Force scientifique. L'augmentation des capacités est bien sûr possible, mais ce n'est pas la solution au problème, a-t-il ajouté.
Anne Lévy s'est réjouie de l'intérêt des cantons pour l'aide de l'armée. Il est toutefois clair que "l'armée ne peut pas stopper l'épidémie", a-t-elle souligné. Les règles d'hygiène et de distanciation doivent être absolument respectées.
20 millions de francs par jour pour les RHT
Un total de 8,3 milliards de francs a été dépensé jusqu'à présent pour les indemnités en cas de réduction de l’horaire de travail (RHT) en raison de la pandémie, a indiqué Oliver Schärli, chef du centre de prestations Marché du travail et assurance-chômage du Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO).
Les mesures sanitaires ont un impact sur l'économie, a-t-il noté lors du point de presse des experts vendredi. Actuellement, le montant des indemnités de RHT s'élève à environ 20 millions de francs par jour. Une légère augmentation des demandes a été enregistrée en novembre. Au printemps, lors de la première vague, le montant était de plus de 100 millions de francs par jour, a comparé M. Schärli.
Au cours de l'année, 50'000 demandeurs d'emploi supplémentaires ont été enregistrés jusqu'à présent, a poursuivi M. Schärli. Pour faire face aux demandes croissantes, les offices régionaux de placement (ORP) ont employé 10% de personnel en plus, a-t-il précisé. Et de souligner que les fonds étaient toutefois suffisants auprès des ORP et des caisses de chômage.