Terrorisme, espionnage... Menaces plus visibles sur la sécurité suisse

ATS

3.5.2019 - 16:01

Le menace terroriste figure toujours en tête des préoccupations des autorités suisses en charge de la sécurité (archives).
Le menace terroriste figure toujours en tête des préoccupations des autorités suisses en charge de la sécurité (archives).
Source: KEYSTONE/EPA/STEPHANIE LECOCQ

Les autorités de sécurité suisses s'inquiètent surtout de la menace terroriste, de l'espionnage et des tensions régionales croissantes. Selon un rapport publié vendredi, certains risques sont devenus beaucoup plus visibles.

Elevée depuis novembre 2015, la menace terroriste est principalement liée à des acteurs djihadistes, partisans du groupe Etat islamique en tête. Les attentats contre des buts ne nécessitant qu’une faible logistique et perpétrés par un seul individu ou un petit groupe constituent actuellement la menace la plus plausible en Suisse.

Les attaques aux substances chimiques ou biologiques demeurent un scénario réaliste, mais l’utilisation de substances radioactives est moins vraisemblable. Comme toute l'Europe, la Suisse est confrontée au défi du traitement des djihadistes sortis de prison ou des personnes radicalisées en détention. Le terrorisme et l’extrémisme nationaliste (Parti des travailleurs du Kurdistan par exemple) restent une menace d'actualité pour la Suisse.

Espionnage

Les activités d’espionnage ont progressé avec le renouveau de la politique de puissance. Certains Etats ont de moins en moins de scrupules à défendre ainsi leurs intérêts, que ce soit pour annexer des territoires contrairement au droit international ou faire assassiner des opposants ou des journalistes critiques.

Des fuites de données sont susceptibles de faire perdre des parts de marché aux entreprises helvétiques. La réputation de la Genève internationale et la position de la Suisse comme place de négociation pourraient en pâtir. Un risque de sabotage existe.

Activités syriennes

La Suisse demeure par ailleurs la cible d'opérations d’acquisition au profit de programmes étrangers d’armes de destruction massive. Les autorités accordent une attention particulière aux activités commerciales de la Syrie afin d’éviter l’acquisition de composants pour le programme d’armes chimiques du pays. Ces activités reprennent de l'ampleur en Suisse avec la fin du conflit syrien.

Les autorités s'inquiètent encore d'opérations iraniennes dans le domaine des technologies de missiles visant à acquérir des biens en Suisse via des États tiers. De tels biens sont susceptibles d’être utilisés dans des systèmes d’armes qui joueraient un rôle important en cas de nouveau conflit au Proche-Orient. La dissémination de ces technologies souligne l’importance des efforts helvétiques durables de non-prolifération.

Autres menaces pour la sécurité, les cyberopérations visant des infrastructures critiques. Un grand nombre de services fédéraux et d’entreprises privées ont été victimes de graves cyberattaques étatiques étrangères ces dernières années.

Pour le moment, il n'y a pas eu de dégâts matériels de grande ampleur. L’attaque lancée en mai 2017 au moyen du logiciel malveillant WannaCry a toutefois eu des répercussions considérables sur les services d’urgence des hôpitaux britanniques. La multiplication des cyberattaques fait peser un risque de plus en plus important sur la Suisse et ses infrastructures critiques.

Secours attaqués

Le potentiel de violence de l’extrémisme en Suisse subsiste également. Dans les manifestations, les milieux d’extrême gauche participent de plus en plus à des actions violentes visant les forces de sécurité mais aussi les organisations d’intervention d’urgence.

Les tendances globales importantes pour la sécurité suisse n'ont pas changé depuis le rapport RAPOLSEC 2016 décrivant un nouvel ordre mondial multipolaire et durablement instable. Deux ans plus tard, les Etats-Unis ont considérablement durci leur position vis-à-vis de l'Iran et mènent une guerre commerciale avec la Chine dont les effets sont difficiles à évaluer.

Or, l'Europe montre de son côté des faiblesses en tant qu'acteur politico-sécuritaire. Cette situation peut être exploitée via des opérations d’influence, mais aussi d’ingérences dans les scrutins et les élections afin de remettre en question les processus démocratiques. Il faut analyser ces efforts et calculer leurs effets, d'autant que de nouvelles possibilités technologiques rendront la manipulation plus difficile à détecter.

Le succès de la politique de sécurité suisse dépend de sa capacité à acquérir ses propres informations et à les analyser, concluent les auteurs du rapport. Ce dernier est le premier à apprécier la menace sur la base de la loi fédérale sur les renseignements. Il a été approuvé mercredi par le Conseil fédéral.

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