Migrations Migrants: l'UE cherche des pays d'accueil

ATS

8.10.2019 - 20:19

Pour Karin Keller-Sutter, le pré-accord de Malte souffre encore de lacunes.
Pour Karin Keller-Sutter, le pré-accord de Malte souffre encore de lacunes.
Source: KEYSTONE/ANTHONY ANEX

Un petit nombre de pays de l'UE ont apporté leur soutien mardi à Luxembourg à un mécanisme temporaire de répartition des demandeurs d'asile pour aider l'Italie et Malte en Méditerranée centrale. A l'instar de plusieurs pays, la Suisse a exprimé son scepticisme.

Un «pré-accord» a été trouvé à La Valette le 23 septembre entre la France, l'Allemagne, l'Italie et Malte, ces deux derniers pays étant en premières lignes pour les arrivées de migrants. Ce mécanisme est d'une durée de six mois, pouvant être prolongés.

Cette initiative doit permettre d'éviter que des bateaux chargés de demandeurs d'asile ne restent bloqués en mer pendant des semaines en attendant que des pays acceptent, au cas par cas, de les accueillir.

Lors de la réunion des ministres européens à Luxembourg, la secrétaire d'Etat française Amélie de Montchalin s'est félicitée de voir une «dizaine de pays» prêts à travailler ensemble dans le cadre de cette initiative. Elle a précisé que ce soutien se faisait à des degrés divers.

Mais le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères et de l'immigration Jean Asselborn s'est montré moins optimiste. Il a affirmé que seuls sept pays de l'UE avaient rallié cette initiative: outre les quatre participants à l'origine, il a cité son pays, l'Irlande et le Portugal. Selon le ministre allemand Horst Seehofer, cinq à six pays sont favorables au pré-accord mais veulent avoir plus de détails, comme la Roumanie, la Croatie et l'Estonie.

«Ampleur du défi»

La Méditerranée centrale est une route migratoire particulièrement meurtrière. Mais la situation d'une autre route migratoire, du côté de la Grèce, a été au centre des discussions mardi à Luxembourg: Athènes, conjointement avec Nicosie et Sofia, ont appelé les pays de l'UE à partager le «fardeau migratoire» de façon plus équitable.

«Entre mai et maintenant, la Grèce a connu une augmentation des flux migratoires de 240%. Vous imaginez l'ampleur du défi», a déclaré Georges Koumoutsakos, ministre adjoint à la Protection du citoyen. Il a appelé au «respect complet» de l'accord conclu entre l'UE et la Turquie, exhortant Ankara à lutter contre les passeurs et l'UE à envisager un soutien financier supplémentaire à ce pays.

La secrétaire d'Etat française a reconnu que l'initiative de Malte ne «réglait pas tout». Le commissaire chargé des migrations Dimitris Avramopoulos a également insisté sur la nécessité d'un «mécanisme permanent» pour régler ces questions, très conflictuelles dans l'UE.

Face aux craintes exprimées dans son pays et dans d'autres Etats de voir ce genre d'accord de répartition créer un «appel d'air», le ministre allemand de l'Intérieur Horst Seehofer a dit n'avoir pas constaté de tel effet depuis la déclaration de Malte. Il a précisé que le mécanisme temporaire pourrait être stoppé «si les centaines de migrants devenaient des milliers».

Les ONG Amnesty International et Human Rights Watch ont quant à elles qualifié le pré-accord de Malte de «point de départ positif» tout en soulignant qu'il devait être «amélioré». SOS Mediterranée s'est dite déçue par la réunion de Luxembourg, regrettant «un manque de clarté» sur le dispositif de Malte.

Keller-Sutter sceptique

La Suisse était aussi présente à Luxembourg et à fait part de son scepticisme. La conseillère fédérale Karin Keller-Sutter a estimé que ce système de répartition des migrants souffrait encore de lacunes, a estimé la ministre suisse. «Ce qui est prévu là n'est pas vraiment convaincant». Les personnes qui n'ont pas de motifs pour réclamer asile devraient en effet aussi être réparties, selon elle.

«Je sens beaucoup de scepticisme au sein des pays membres de l'UE», a observé la cheffe du Département de justice et police (DFJP).

La Suisse salue fondamentalement l'introduction d'un système de répartition. Mais il devrait être durable et tenir compte avant tout des pays qui sont le plus touchés par la migration. «En ce moment, c'est la Grèce», a constaté Mme Keller-Sutter. «Je pense qu'il faut trouver un système global». Elle a ajouté que «son espoir réside dans la nouvelle Commission européenne» dans la perspective de la réforme de l'asile de l'UE.

Rencontres bilatérales

La conseillère fédérale a aussi profité de sa visite à Luxembourg pour mener une série de rencontres bilatérales, en particulier avec le ministre allemand de l'Intérieur Horst Seehofer, le ministre croate de l'Intérieur Davor Bozinovic, le ministre grec de l'Intérieur Michalis Chrisochoidis et le ministre norvégien de l'Intérieur Joran Kallmyr. Parmi les principaux sujets abordés figuraient les questions migratoires et la sécurité, selon son département.

Retour à la page d'accueil