Affaire Maudet Pierre Maudet campe sur ses positions

ATS

20.1.2019 - 12:42

Pour le conseiller d'Etat Pierre Maudet, le vote de soutien de la base est un message pour les présidences suisse et genevoise, à savoir que "c’est encore la base qui a le dernier mot" (archives).
Pour le conseiller d'Etat Pierre Maudet, le vote de soutien de la base est un message pour les présidences suisse et genevoise, à savoir que "c’est encore la base qui a le dernier mot" (archives).
Source: KEYSTONE/VALENTIN FLAURAUD

Les partisans du PLR genevois ont soutenu mardi soir à quelques voix près le conseiller d'Etat Pierre Maudet. Celui-ci estime dimanche que ce vote est un message pour les présidences suisse et genevoise, à savoir que "c’est encore la base qui a le dernier mot".

"Le PLR a fait preuve d’une certaine forme de souveraineté populaire", explique le Genevois dans un entretien accordé au Matin Dimanche. Poursuivi pour acceptation d'un avantage, Pierre Maudet résiste depuis plusieurs mois aux pressions venues de la direction de son parti le poussant à démissionner, la présidente suisse Petra Gössi en tête.

Mais "quel serait le dégât d'image si j'étais acquitté dans six mois et que le parti m'avait forcé à démissionner?", se demande-t-il lors d'une interview avec la SonntagsZeitung. Et ces appels répétés donnent l'impression, que le parti "laisse tomber ses élus dès l'apparition de premières difficultés". De quoi endommager autrement l'image du PLR.

"Quiconque prend la démocratie et la primauté du droit au sérieux ne démissionne pas simplement par respect pour ses électeurs avant qu'un verdict n'ait été rendu ", résume ainsi l'ancien candidat au Conseil fédéral, âgé de 40 ans. Les politiciens ont besoin de gens qui sont disposés et capables de mener des disputes difficiles.

Ampleur "disproportionnée"

Pierre Maudet regrette aussi l'ampleur "disproportionnée" que cette affaire a déjà prise. Mais il estime que c'est aussi le rôle du président du Conseil d'Etat "de mettre en lumière les vrais enjeux", en une pique à peine voilée à Antonio Hodgers.

Ce n'est pas la seule remarque que le quadragénaire énonce à l'encontre du président du collège. Selon lui, pour que la parole gouvernementale reste forte et crédible, il aurait fallu que les prises de position de M. Hodgers "restent parcimonieuses et apaisées". Pour le reste, dit-il, "le Conseil d'Etat fonctionne. Les institutions fonctionnent".

Maudet critique le fait qu'après douze ans au pouvoir, il n'est plus mesuré qu'à l'aune d'une évaluation erronée et d'un mensonge. "J'ai menti, et je n'aurais jamais dû faire ce voyage aux Emirats. Et, bien sûr, ma crédibilité en a souffert. Mais, à mon avis, je n'ai jamais franchi la ligne du droit pénal". Maudet a confirmé lors des entretiens qu'il démissionnerait uniquement s'il était condamné.

Parti déchiré

L'affaire Maudet, qui empoisonne la vie politique genevoise depuis plusieurs mois, maintenant, a aussi pour conséquence de diviser profondément le PLR Genève. Mardi soir, les membres du parti se sont réunis en assemblée extraordinaire et ont accordé leur confiance, à une courte majorité, au magistrat.

Deux camps irréductibles se sont fait face. Les partisans du conseiller d'Etat ont défendu leur champion, mettant en avant son bilan et ses compétences. Les adversaires, dont une bonne partie du comité directeur du PLR Genève, ont condamné les mensonges de Pierre Maudet, estimant qu'il n'était plus capable de tenir son rang.

Cette division au sein des libéraux-radicaux genevois aura pour conséquence immédiate le départ du président du parti, Alexandre de Senarclens. Celui-ci a confirmé qu'il remettait son mandat, ne pouvant plus être au côté d'un magistrat qui n'a plus aucune considération pour sa formation politique.

Revenant sur la personnalité de M. Maudet, le président du parti a estimé que le ministre était "dans un jeu, comme au théâtre". "Nous avons affaire à quelqu'un qui s'accroche, qui se renie lui-même", a ajouté M. de Senarclens dans le Matin Dimanche. "Il ne pense malheureusement qu'à lui. Ce qui m'interpelle est qu'il est totalement hermétique au mal qu'il cause à sa famille politique alors qu'il était auparavant un rassembleur".

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