RenseignementPoliticiens pas fichés, selon le chef du SRC
ATS
25.1.2020 - 11:58
Le Service de renseignement de la Confédération (SRC) ne fiche ni parti politique ni politicien, assure son directeur. Jean-Philippe Gaudin reconnaît toutefois «un problème sur les sources ouvertes enregistrées par le SRC».
Lorsqu'un article concerne le domaine de compétence du SRC, les analystes conservent sous format PDF l'entier de la revue de presse dans lequel il figure. Cette dernière contient des articles sans rapport avec le SRC, mais qui comprennent des informations sur les politiciens, explique M. Gaudin dans une interview publiée samedi dans Le Temps. Et d'ajouter: «C'est l'objet de la polémique. Or ces noms ne sont pas répertoriés dans nos systèmes opérationnels».
Fin novembre 2019, la délégation des commissions de gestion des Chambres fédérales a demandé à la conseillère fédérale Viola Amherd de prendre des mesures, car elle estime que la collecte d'informations par le SRC sur les partis et les mouvements sociaux pose problème.
La délégation est arrivée à cette conclusion après avoir analysé de nombreux documents suite à une demande de l'association droitsfondamentaux.ch qui reprochait au SRC d'enfreindre la loi. Le Conseil fédéral avait déjà réagi à ces accusations en août. Interpellé par le conseiller national Balthasar Glättli (Verts/ZH), il avait indiqué que le SRC n'a ni surveillé illégalement des partis ou des organisations, ni «fiché» ceux-ci.
M. Gaudin précise que depuis son arrivée à la tête du SRC il y a dix-huit mois, il a «questionné la pertinence de l'archivage des documents de sources ouvertes, tes que des articles ou des revues de presse». L'archivage est ainsi passé de quinze à deux ans et 3 à 4 millions de données ont déjà été supprimées, détaille-t-il.
L'islam radical, menace no 1
Interrogé sur les principaux défis du SRC, Jean-Philippe Gaudin cite le terrorisme islamiste radical. «Il peut nous frapper n'importe quand. Il n'a pas disparu avec le califat, bien au contraire». La menace reste, selon lui, identique depuis 2015, c’est-à-dire élevée.
Mais depuis les attentats de Paris, les services de renseignements dans le monde entier échangent désormais beaucoup plus leurs informations. Tous en Europe ont d'ailleurs massivement augmenté leurs effectifs. En Suisse aussi puisque le SRC, qui compte actuellement 314 plein temps, a obtenu 100 postes de plus.
Le retour des djihadistes inquiète en particulier le patron des SRC. La France a évoqué l'idée d'un rapatriement, un sujet abordé lors de la récente visite de la ministre de la défense Viola Amherd à Paris. «Probablement que la Suisse s’alignera sur certains pays de l’Union européenne», poursuit le Vaudois.
Il y a un an, la ministre de la justice Karin Keller-Sutter s'était opposée au retour des djihadistes suisses pour des raisons de sécurité. Actuellement, le SRC estime à une vingtaine le nombre de djihadistes suisses, hommes, femmes et enfants, dans la zone irako-syrienne.
Leur retour en Suisse signifie les juger. Or «c'est très compliqué d'obtenir des preuves de leurs véritables activités au sein du mouvement terroriste. Même une fois en prison ou après avoir purgé leur peine, ces personnes doivent être surveillées. Selon M. Gaudin la déradicalisation est quasi impossible. «Ces gens sont amers, aigris. Ils ne regrettent rien».
Cyberespionnage
Les opérations d'influence constituent également un défi important à l'heure de l'espionnage 2.0. Le système électoral fédéraliste est préservé, selon le chef du SRC. En revanche, il voit une menace pour les initiatives et les référendums. Il évoque en particulier l'achat des nouveaux avions de combat.
«Dans ce cas précis, nous allons observer s’il n’y a pas d’intention belliqueuse d’un État tiers. Nous mettrons des moyens pour aider la Chancellerie fédérale afin que le référendum se passe dans les règles de l’art», déclare-t-il. De manière générale, les priorités actuelles du SRC en matière d'espionnage sont la Russie et la Chine.
Interrogé sur la révision de la loi sur le renseignement, M. Gaudin veut que l'extrémisme violent soit traité comme le terrorisme ou l'espionnage. La loi actuelle ne lui donne pas de possibilité de faire des demandes de recherche. Le projet devrait aboutir vers la fin de l'année.
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