Libre-échange Référendum contre l'accord avec l'Indonésie

ATS

27.1.2020 - 13:49

L'huile de palme, dont l'Indonésie est le plus grand producteur mondial, est au coeur de l'accord de libre-échange contre lequel Uniterre a lancé un référendum (archives).
L'huile de palme, dont l'Indonésie est le plus grand producteur mondial, est au coeur de l'accord de libre-échange contre lequel Uniterre a lancé un référendum (archives).
Source: KEYSTONE/EPA/BW pro LEM

Les Suisses devraient se prononcer sur l'accord de libre-échange de l'AELE avec l'Indonésie. Un comité réunissant Uniterre, le vigneron genevois Willy Cretegny et plusieurs organisations, lance le référendum. L'huile de palme est dans son collimateur.

Il s'agit du premier référendum contre un accord de libre-échange, a annoncé lundi le comité référendaire «Stop huile de palme». Il n'existe pas d'huile de palme durable, fait-il valoir. D'immenses zones de forêt tropicale offrant une riche biodiversité sont détruites à cause de lui. Sa production engendre le travail des enfants et favorise le recours aux pesticides.

Le comité référendaire compte dans ses rangs l'organisation paysanne Uniterre, le parti genevois SolidaritéS, les Jeunes Verts, le parti Nouveau Radical de Willy Cretegny, Bioforum, Longo Maï ou Solidarité sans frontières. Il a jusqu'au 9 avril pour récolter les 50'000 signatures nécessaires au référendum.

L'accord de l'Association européenne de libre-échange (AELE) avec l'Indonésie est mauvais pour l'environnement et pour les paysans, en Indonésie et en Suisse. Il prévoit des franchises douanières pour l'huile de palme, ce qui va augmenter les importations, a expliqué Willy Cretegny devant les médias à Berne.

Les organisations d'agriculteurs indonésiennes y sont elles aussi opposées, a ajouté Rudi Berli du syndicat paysan Uniterre. Ils veulent produire pour leur propre marché. Compte tenu de la crise climatique, le transport de marchandises doit être limité.

Il manque en outre des mécanismes de contrôle efficaces et des sanctions contraignantes. Les critères de durabilité inscrits dans le texte ne sont que de la «poudre aux yeux», a affirmé M. Berli.

Il faudra bientôt débattre des accords de libre-échange avec le Mercosur et la Malaisie. Il est nécessaire d'envoyer un signal pour un commerce mondial juste et équitable, a encore relevé le comité.

Perspectives élevées

Le Parlement a donné son aval à l'accord de l'AELE avec l'Indonésie en décembre. L'Indonésie représente un partenaire commercial important pour la Suisse et les perspectives de croissance économique sont élevées dans ce pays de l'Asie du Sud-Est, a estimé la majorité. Avec cet accord, l'AELE devient le premier partenaire de l'Indonésie en Europe et Amérique du Nord.

Au Parlement, la gauche a tenté en vain d'introduire des mesures en faveur du développement durable. Des initiatives des cantons du Jura, de Berne et de Fribourg pour exclure l'huile de palme de l'accord ont elles aussi été rejetées. Quant aux paysans, ils craignent que le commerce de l'huile de palme ne prétérite l'huile de colza et de tournesol indigène.

Contingents partiels

Concernant l'huile de palme, la Suisse a néanmoins pris soin de ménager la production d'huile de colza helvétique. L'Indonésie bénéficiera de contingents partiels avec des rabais de 20 à 40%. Un mécanisme de sauvegarde est également prévu si les importations indonésiennes mettaient quand même sous pression le marché suisse des oléagineux.

Pour le reste, l'accord AELE-Indonésie prévoit que 78% des exportations suisses vers l'Indonésie bénéficieront de la franchise douanière dès l'entrée en vigueur du texte. Au bout de 12 ans, le taux grimpera à 98%.

Les principaux produits horlogers suisses seront concernés tout de suite. Le fromage ou les produits laitiers aussi ou après un délai transitoire de 5 ans. Le chocolat bénéficiera d'une baisse progressive des droits d'entrée et en sera entièrement libéré au bout de 12 ans. Les entreprises suisses pourront ainsi économiser jusqu'à 25 millions de francs par an de droits de douane.

L'Indonésie est un des principaux partenaires de la Suisse en Asie du Sud. Avec 265 millions d'habitants, elle représente un marché avec un fort potentiel. Le volume d'échange commercial entre les deux pays se monte à environ 1,4 milliard de francs (or inclus).

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