Jeûne intermittent Pourquoi le jeûne intermittent ne fonctionne pas

Beaucoup ne jurent que par cette méthode pour maigrir. Mais le jeûne intermittent n’est pas un régime adapté. De plus, il favorise la formation de graisse abdominale, les troubles du sommeil et la perte de libido. Voici deux exemples tirés de mes consultations.

Ces derniers mois, de plus en plus de médecins et de compagnies d’assurance ont recommandé le jeûne intermittent, le présentant comme étant bénéfique pour la santé. Mais aujourd’hui, ils peinent à le justifier. En effet, de plus en plus d’études montrent que l’industrie du régime se méprend en louant les bienfaits en apparence fantastiques de ce régime.

La semaine dernière, une étude a montré que le jeûne intermittent ne permettait pas de réduire la graisse viscérale pro-inflammatoire. Cette semaine, une autre étude a confirmé l’absence d’effet du jeûne intermittent sur les maladies cardiovasculaires. Le jeûne intermittent apparaît de plus en plus tel qu’il est réellement: un remède miracle proposé par l’industrie du régime aux candidats à la perte de poids, une méthode qui, pour beaucoup, ne fait que combattre les symptômes au lieu de résoudre le problème sur le long terme.

Jeûne intermittentIl favorise le dépôt de graisse au niveau de l'abdomen

Je tiens à présenter un peu plus en détail deux exemples typiques tirés de mon quotidien. Il s’agit de deux hommes qui sont venus nous voir après quelques mois de jeûne intermittent.

Tous deux ont constaté que leur corps ne fonctionnait plus comme ils en avaient l’habitude. L’un était un retraité en pleine forme que son médecin avait orienté vers le jeûne intermittent, l’autre était un jeune crossfiteur dont le régime avait été modifié par son coach personnel.

Jürg Hösli

erpse

Jürg Hösli est un nutritionniste qui aime aborder les sujets controversés liés au sport, à la psychologie et à la nutrition. Il est le fondateur de l’institut erpse (lien en allemand) , centre et école de diagnostic nutritionnel, établi à Winterthour, Zurich et Soleure.

Pourquoi la graisse abdominale ne part pas

Commençons par le retraité. Il faisait des sorties à vélo et de longues promenades plusieurs fois par semaine quand il le pouvait. Il était donc surpris de voir que la graisse de son ventre ne disparaissait pas. Lorsqu’il est allé chez le médecin, on lui a diagnostiqué une stéatose hépatique qui s’accompagnait de taux de lipides sanguins élevés. On lui a alors recommandé le jeûne intermittent, compte tenu des échos positifs.

Cela a entraîné une détérioration de la qualité de son sommeil au cours des mois suivants; de plus, il avait de moins en moins de souffle lorsqu’il faisait du sport et il était devenu plus susceptible dans la vie quotidienne. Il a certes perdu environ cinq kilos, mais il n’a hélas pas perdu de ventre et ses taux de lipides sanguins ne se sont pas non plus améliorés. Il s’est donc présenté à notre cabinet avec une ordonnance. Nous avons modifié une nouvelle fois son régime alimentaire. Le jeûne intermittent a été remplacé par une alimentation adaptée. Le déjeuner était à nouveau au programme et en plus du dîner, il avait droit à deux collations et à un souper léger.

Privation en journée, festin le soir

Au début, il avait vraiment du mal à manger autant. Il lui était difficile d’imaginer qu’il n’allait pas faire exploser la balance. Mais cela ne s’est pas produit. En mangeant beaucoup pendant la journée, il n’avait plus de fringales le soir. Avec des soupers plus légers, ses intestins étaient également moins sollicités la nuit; la qualité de son sommeil s’est nettement améliorée, il a perdu de la graisse abdominale et, surtout, il est redevenu beaucoup plus athlétique et il a retrouvé un équilibre dans sa vie quotidienne. En outre, ses taux de lipides sanguins se sont stabilisés.

La cause de ses problèmes n’était pas son alimentation, mais son mode de vie. Chez lui, c’était le travail d’abord, la nourriture ensuite. Il mangeait rarement de façon régulière au cours de la journée. Le travail passait généralement en premier. Puis, le soir venu, c’était un festin. Bien entendu, le jeûne intermittent convenait parfaitement à son profil. Mais cela n’a pas résolu le problème initial. Le corps était trop peu alimenté quand il en avait vraiment besoin, mais il l’était d’autant plus quand il ne pouvait plus brûler les graisses.

Interview«C'est un fantasme d'imaginer qu'un seul régime suffit...»

Montagnes russes émotionnelles et problèmes de libido

Le deuxième cas était celui d’un jeune athlète. Il suivait un jeûne intermittent depuis six mois sur les conseils de son coach personnel. Il avait l’impression que tout irait bien en s’entraînant très dur. Mais il a constaté qu’il était de plus en plus sensible, que son sommeil était perturbé et qu’il souffrait de problèmes de libido. Nous avons effectué chez lui les mêmes ajustements nutritionnels que pour le retraité et nous l’avons remis sur la bonne voie.

Aujourd’hui, chez tous nos clients, nous mesurons toujours les valeurs de performance, la graisse corporelle et les données mentales telles que l’émotivité, l’énergie, la qualité du sommeil, etc. Cela nous permet de reconnaître les modifications du métabolisme ainsi que de l’état mental par le biais de faits. Dans son cas, nous avons également pu constater rapidement l’ampleur des progrès réalisés après le changement de régime: au bout d’environ quatre mois, il enregistrait une amélioration de dix pour cent au niveau de sa force.

Une tendance alimentaire discutable

Son métabolisme aérobie, qui représente l’endurance, s’est également amélioré de dix pour cent. Son pouls d’oxygène, qui illustre le rendement du système cardiovasculaire, a augmenté de 15%, alors que la combustion des graisses a connu une hausse de 100%. Mais pour le jeune homme, il était au moins tout aussi important de retrouver un certain équilibre dans tous les aspects de la vie quotidienne!

Ces deux exemples sont typiques des nombreuses personnes souffrant de problèmes suite à un jeûne intermittent qui se présentent à notre cabinet. Nous souhaiterions que les médecins soient plus prudents dans leurs recommandations nutritionnelles et surtout que les caisses d’assurance maladie ne sautent pas dans le train en marche. Après tout, le jeûne intermittent s’est rapidement révélé être une mode absurde.