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«Bötschi questionne» Klaus Heer: «L’adage dit que les hommes sont moins fidèles»
Bruno Bötschi
12.3.2020
Le thérapeute de couple Klaus Heer accueille depuis plus de 40 ans des couples en crise. Un entretien consacré aux questions de l’infidélité, du pardon et de savoir si les couples doivent pouvoir garder des secrets.
Monsieur Heer, avec combien de couples avez-vous travaillé en qualité de thérapeute durant plus de 40 ans de pratique?
Depuis l’ouverture de mon cabinet de psychothérapie de couple en 1974, je n’ai pas eu de moment de répit. J’ai été père pour la première fois en 1982 et nous nous sommes équitablement partagés les revenus autant que le travail non rémunéré avec mon épouse. Je n’ai plus jamais repris une activité à plein temps jusqu’à présent. Je ne supporterais pas chaque jour huit heures de conflits de couples. Quatre heures c’est bien.
Vous ne souhaitez pas donner de chiffre?
C’est trop difficile pour moi, vous pouvez le calculer vous-même.
Quel genre de couples se rend chez vous?
Tous ceux rencontrant les problèmes d’amour usuels. Rien d’extraordinaire.
Et quels sont les sont les problèmes d’amour usuels?
Ils sont principalement de deux types: soit il s’agit d’un manque minimal de chaleur humaine faisant que les partenaires se négligent manifestement, soit de complications sévères et de situations proches de la guerre civile rendant la vie commune difficile.
Les couples venant chez vous, ont-ils fréquemment leur propre diagnostic de la situation?
(Il rit) Non, ils arrivent toujours avec deux diagnostics personnels, l’un de Madame et l’autre de Monsieur. Il n’y a qu’un seul point en général sur lequel tous deux sont d’accord: l’autre a tort.
Comment procédez-vous durant la consultation afin d’aborder aussi vite que possible le problème? Ou la rapidité n’est pas du tout un but en soi en matière de thérapie conjugale?
Si, je veux tout de suite aller à l’essentiel. Cela prend rarement plus de deux ou trois minutes. Et oui, je suis vraiment intéressé à savoir comment les deux partenaires se sentent, comment se déroule leur relation ensemble. Je veux savoir ce qui les rend malheureux, les fâche, les fatigue et ce qui leur fait baisser les bras. Ils sont tous les deux heureux de trouver quelqu’un souhaitant connaître leurs histoires.
Comment faites-vous pour que deux personnes indifférentes jusqu’à présent l’une envers l’autre se confient si rapidement à vous?
J’en suis parfois étonné moi-même. C’est probablement dû à la routine de mon travail qui permet aux couples d’aborder immédiatement le cœur du problème. On sait aussi qu’un proctologue n’éprouve aucune difficulté à inspecter un patient par le bas du dos. Je suis relativement sans complexe et ouvert aux thèmes sensibles. De plus, en tant qu’homme et femme, nous ne sommes pas seuls désarmés face à cette situation quelque peu épineuse. On la vit ensemble.
De quelle manière ont évolué les consultations durant toutes ces années?
Les sujets sont formellement presque restés identiques, mais c’est moi qui ai changé. Car j’ai pris de l’âge et qu’au cours de ma vie, une grande partie de mes craintes à l’égard des couples ont disparues. Disons presque disparues. Je suis bien plus détendu qu’auparavant, ce qui a évidemment un impact positif sur nos entretiens à trois. Je dois en effet toujours me sentir bien si je souhaite que mon action ait un effet positif sur un couple et ses préoccupations.
Que se passe-t-il si vous vous sentez mal à l’aise durant une consultation?
J’essaie tout d’abord de me raisonner. Je me dis par exemple que les choses ne se déroulent pas selon ma volonté. «Mon Dieu, que c’est fastidieux et semé d’embûches!› Quand j’ai emmagasiné assez de force, je le répète alors à haute voix. C’est ainsi la plupart du temps. Il arrive rarement qu’une ambiance glaciale ou envoûtante régnant dans un couple soit si intense que je doive sortir un instant. «Je vous prie de m’excuser, je reviens tout de suite». Je me rends à la cuisine, je regarde par la fenêtre, de l’autre côté vers la maison voisine, je m’échappe de la transe problématique dans laquelle le couple m’a plongé. Après une minute ou une minute et demie, je suis rétabli et je retourne vers mes patients, à nouveau lucide, en pleine possession de mes moyens et en bonne disposition.
Êtes-vous toujours calme et détendu?
Il m’est arrivé durant les années précédentes de me mettre en colère de temps en temps et d’avoir augmenté mon volume vocal de 10 à 15 décibels, pratiquement au niveau de mon couple de clients. Cela n’a jamais vraiment été un numéro de ma part mais plutôt une preuve de mon fort sentiment d’impuissance, chose qui ne se produit pratiquement plus aujourd’hui. Heureusement, je suis depuis lors un hôte trop expérimenté. Pour mon bien et celui de mes patients. Il faut être un peu endurci pour exercer ce métier étrange.
Avez-vous déjà mis fin à des entretiens parce que vous en aviez assez?
Non. Je n’ai encore jamais poussé poliment quelqu’un à s’en aller. J’ai ici l’avantage du terrain, je n’ai jamais eu le désir de vouloir fuir, sentiment qui m’est étranger à la différence des couples. Mais quelques personnes, hommes ou femmes, jamais les deux, se sont déjà levées et ont quitté les lieux parce qu’elles étaient stressées ou surmenées ou qu’elles se sont senties traitées injustement. Et je n’ai encore jamais cherché à retenir quelqu’un qui s’enfuyait.
Que se passe-t-il lorsque l’une des deux parties du couple interrompt l’entretien?
Ils se mettent d’accord la plupart du temps chez eux pour savoir s’ils souhaitent ou non revenir me voir. C’est une décision à prendre après chaque consultation.
Lorsqu’un couple vous demande conseil car l’homme ou la femme a trompé son partenaire, avez-vous un pressentiment que les deux vont se séparer?
Non, pas le moins du monde. Je n’ai aucun don en matière de clairvoyance. Chaque couple est comme une pochette-surprise.
Vous le devinez parfois par vous-même malgré tout?
Oui, cela arrive. Et je sais que je me trompe rarement à ce sujet.
Qui sont les êtres le plus fréquemment infidèles: les femmes ou les hommes?
L’adage dit que les hommes sont moins fidèles. Mais attention: les hommes ne devraient mieux pas se fier à cette idée reçue. Le réveil risque probablement d’être brutal. Les femmes sont expertes dans l’art de combler leur retard.
Avez-vous déjà trompé quelqu’un ou été trompé?
Mmhh, passons un accord: vous divulguez d’abord votre bilan en matière d’infidélité puis j’en fais autant.
J’ai été infidèle lors de ma toute première et longue relation, et ensuite plus.
Bienvenue au club! Au club des êtres qu’on ne peut dompter complètement. Personne ne sait au juste combien en font partie. Qui va volontiers se confier de manière détaillée et véridique au téléphone à l’aimable enquêteur de l’office de la statistique sur la gestion de sa libido? C’est ainsi que les chiffres avancés dans les médias sur le nombre de membres de notre club divergent fortement de la réalité.
Est-ce que des déclarations pour s’excuser genre «c’était juste du sexe» ne font pas qu’empirer la situation?
C’était juste du sexe est pour la plupart des personnes trompées la pire des excuses possibles. Elle détruit et fait extrêmement mal. La relativisation recherchée avec précaution ne fonctionne que rarement. Ce qui est bien compréhensible car la personne infidèle n’est plus digne de confiance.
Les personnes trompées veulent souvent connaître les détails. Qu’en dites-vous en tant que thérapeute?
Les détails sont comme les pièces d’un puzzle qui ont été cachées dans le dos du partenaire trompé. Il souhaiterait finalement établir la transparence des faits, c’est-à-dire reconstruire la confiance brisée. La grande difficulté pour lui est de pouvoir évaluer avec une certaine précision s’il sera en mesure de supporter les informations demandées.
Et lorsque tout a été dévoilé, que se passe-t-il ensuite?
Des décisions importantes devront être prises: après avoir dû ou pu tous deux connaître des facettes véritablement nouvelles de l’autre, nous devons décider si nous voulons continuer à rester aussi indifférent mutuellement que nous le sommes actuellement. L’infidélité hérite donc d’une signification radicalement nouvelle.
De quoi un couple devrait-il parler et ne pas parler lorsqu’un des partenaires a été infidèle?
Personne ne doit s’inquiéter à ce sujet. Lorsqu’une femme qui commet un adultère se fait attraper, très probablement à cause de son portable, tout ce qui doit se produire arrive: On en parle encore et encore, on pleure et on explose de colère, jour et nuit, de manière incontrôlée et chaotique, désespéré jusqu’à l’épuisement.
Celui ou celle qui commet un adultère une seule nuit mérite-t-il une seconde chance, au contraire de l’individu infidèle qui a eu une liaison de plusieurs mois?
D’où puis-je le savoir? Cette décision est du seul ressort de la victime de l’adultère. Elle évalue la gravité de la trahison et de l’offense subies. La personne infidèle n’a aucune chance d’influencer un tant soit peu le jugement de la victime. Elle ne peut en fait que faire des erreurs dans cette phase agitée.
Les liaisons peuvent servir à mieux nous connaître: on veut encore se sentir jeune une fois, rattraper ce que l’on a manqué.
Vous appelez cela de l’introspection? Il n’y a pas besoin d’explorer ce qui est si évident. C’est l’expression vibrante du dilemme bien connu entre le sentiment de sécurité et l’aventure. Vous ne pouvez avoir les deux simultanément.
De nombreuses personnes commencent apparemment des liaisons après avoir subi une perte, par exemple lors du décès d’un proche. Votre expérience est-elle identique?
Non, seulement très sporadiquement. Il est beaucoup plus fréquent qu’une femme et un homme vivant chacun dans une union malheureuse trouvent ensemble de la compréhension et un réconfort mutuels, et cela au final également dans le lit d’une tierce personne.
Est-ce que le fait qu’une personne trompée affirme qu’elle va faire la même chose désormais peut être envisagé comme une solution? À savoir que l’estime personnelle bafouée peut être restaurée en couchant avec quelqu’un d’autre par vengeance?
À peine. La personne trompée a généralement beaucoup d’autres choses à faire maintenant, elle doit notamment surmonter le fait d’avoir eu sa confiance brisée. De plus, l’amant souhaité pour cela se trouve rarement à proximité immédiate.
Que doit faire la personne qui a commis un adultère?
Pour l’instant, une seule chose: s-u-p-p-o-r-t-e-r l’immense désarroi de l’être trompé. Si possible, en entrouvrant d’un millimètre son cœur empathique.
Quelle est l’importance de pardonner?
Il ne faut rien précipiter! Celui qui a encore des blessures profondes ou aussi des plaies béantes ne peut pas accorder son pardon. C’est impossible. L’espace réservé au pardon ne s’ouvre souvent qu’après des mois voire des années. Si tel est le cas. Les ressources pour pardonner sont très inégalement réparties parmi les victimes d’adultère.
Comment peut-on traiter au mieux la question de l’offense et de la dépréciation subies lorsqu’un partenaire est infidèle?
Il faut premièrement résister face à la réaction de perturbation, deuxièmement résister à la réaction agressive et troisièmement, supporter la réaction d’être inconsolable. Puis revenir encore et encore à la première phase. Et toujours endurer ces situations debout bien droit, pas à quatre pattes.
Le fait de «passer l’éponge» sur le problème peut-il fonctionner?
Non. Tirer un trait sur l’affaire non plus.
Que faire lorsque la crainte de voir son partenaire récidiver subsiste?
Cette peur est tout sauf injustifiée. Lors de la deuxième infidélité, l’expérience a montré que le seuil est inférieur par rapport à la première fois. Preuve qu’il est inutile de s’enfermer les uns les autres. Personne ne possède un gène de fidélité en lui. Vraiment personne, ce qui signifie en langage clair: aimer, c’est prendre des risques.
Fondamentalement, les couples devraient pouvoir garder leurs secrets?
Oui, c’est sûr. Tout le reste s’apparenterait à l’état policier chinois en petit format à domicile. Selon mon estimation personnelle, je garde confidentielles entre 40 à 45% de mes pensées vis-à-vis de ma partenaire. Ma vie privée au sein de la relation est une question de survie pour moi.
Quand une thérapie de couple est-elle recommandée?
Lorsque les deux partenaires estiment que c’est le moment de le faire. Ou si l’un d’eux se trouve en détresse psychologique et qu’il souhaite imminemment partager la pression endurée avec l’autre afin de faire renaître l’amour de cette impasse. Dans ce cas, il est parfois nécessaire de mettre un peu de pression sur votre interlocuteur qui résiste en face de vous.
Quel est votre pourcentage de réussite?
Ha, une question typique de journaliste. Même les couples ne me la posent jamais. Sans doute parce qu’ils savent que les hommes et les femmes s’imaginent autre chose en évoquant le «succès». Et je suis sans parti pris, pour le décrire de manière alambiquée. Tout simplement parce que je n’ai aucune idée de ce qui pourrait être souhaitable pour elle, pour lui et pour les deux. Donc le résultat sera sans doute une désillusion pour les deux, ce qui signifie qu’il vaut mieux être lucide deux fois que vivre une romance creuse à l’amiable. Car c’est ce phantasme romantique commun qui submerge les couples de problèmes.
Pourquoi n’êtes-vous pas encore retraité à 76 ans?
Je n’ai pas envie de mourir.
En considérant rétrospectivement votre carrière professionnelle, quelle la chose la plus éprouvante dans votre métier?
La comptabilité et les déclarations fiscales. Tout le reste me maintient éveillé et me stimule.
L’interview a été effectuée par écrit.
À propos de Klaus Heer
Klaus Heer, 76 ans s’est perfectionné dans la psychothérapie et thérapie de couple après avoir suivi des études de psychologie à Hambourg et à Berne. Pendant les 40 années durant lesquelles il travaille avec des couples, il a acquis une solide réputation pour les questions touchant à l’amour, le partenariat et la sexualité. Il a écrit des ouvrages spécialisés avec notamment des best-sellers comme «Ehe, Sex & Liebesmüh’» (mariage, sexe et peine d’amour) et «Paarlauf. Wie einsam ist die Zweisamkeit?» (parcours de vie du couple. À quel point la vie à deux est solitaire?). Klaus Heer réside et travaille à Berne.
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