Polémique fashion Vol, appropriation: Carolina Herrera fait scandale au Mexique

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26.6.2019 - 16:29

Source: Covermedia

La maison Carolina Herrera fait scandale au Mexique pour avoir reproduit sans autorisation ni contrepartie les broderies de deux brodeuses du centre du Mexique. Le gouvernement mexicain a réagi, mais le monde de la mode se défend.

Certaines polémiques mode sont stériles et sont là pour le buzz, mais d’autres posent de vraies questions. Celle de la reproduction sans contrepartie d’un savoir-faire personnel ethnique est de celles-ci. Et c’est ce que vient tout juste de faire la maison Carolina Herrera.

Si la styliste vénézuélienne de 80 ans Carolina Herrera n’y est pour rien car elle a passé la main en février 2018 à Wes Gordon, il n’en reste pas moins que c’est une maison américaine mais aux origines sud-américaines connues qui s’est livrée à ce que certains qualifient de «vol», d’autres «d’appropriation culturelle».

L’histoire est partie d’une robe de la collection Resort 2020 de la maison Carolina Herrera qui reprend des motifs indigènes. Mais pas n’importe quels motifs: ceux que brodent les femmes de l’ethnie Otomie du village de Tenango de Doria, dans l’État d’Hidalgo, au Mexique.

Et ces broderies (des oiseaux et des coqs entourés d’arbres et de feuilles) ont une créatrice: Josefina José Tavera, âgée de 87 ans, qui les a créés avec sa propre mère, et que sa fille, Glafira Candelaria (59 ans), continue de reproduire.

Cette artisane créative sait ce que vaut son travail: «Sans mes mains, il n’y aurait pas tout cet artisanat!», dit-elle alors que sa fille ne décolère pas: «Ils copient notre travail, ce n’est pas juste!»

Glafira Candelaria dessine les motifs qui seront brodés. Un travail long et peu rémunérateur: cinq heures par jour durant six mois pour tisser une nappe de table, vendue 65 dollars, et environ un an et demi pour fabriquer une nappe de six mètres, qui coûte 250 dollars. «Les gens de l’extérieur deviennent riches grâce à notre travail», dénonce-t-elle, pourtant loin d’imaginer que la robe Carolina Herrera se vend plus de 1000 dollars.

Le gouvernement mexicain s’est saisi du sujet et a demandé des explications. S’il décide de porter plainte, une avocate experte en droit d’auteur estime que cela peut relever d’«une infraction commerciale pour avoir omis de mentionner la communauté ethnique», une mention qu’exige la loi mexicaine.

Face à cette fronde, Wes Gordon parle d’hommage à la culture mexicaine. Les stylistes présents à la Fashion Week parisienne sont de son avis, au nom de la culture globalisée, même si certains, comme Kim Jones (Dior) précisent qu’il faut valoriser le travail emprunté et rémunérer les artisans.

Le village global a bon dos quand il s’agit de cultures lointaines mises au service,sans leur consentement, de «créateurs» à l’éthique floue. L’industrie de la mode a décidément beaucoup de fers au feu!

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