L'Argentine a frôlé le pire dans la phase de poules du Mondial, mais elle s'en est sortie.
La revoici en costume de favorite, toujours portée par le génie de Lionel Messi et la ferveur de ses supporters, au moment d'affronter la coriace mais limitée Australie samedi en 8e de finale.
«Je crois que nous sommes redevenus l'équipe que nous étions», a résumé le milieu de terrain Alexis McAllister après la victoire de mercredi face à la Pologne (2-0), qui a expédié l'Albiceleste à la première place du groupe C.
L'équipe que l'Argentine était, c'est celle qui est arrivée au Qatar gonflée de confiance, à la tête d'une série de 36 matchs sans défaite et convaincue que Messi était redevenu Messi après une première saison moyenne au PSG, et qu'un troisième sacre après ceux de 1978 et 1986 était possible.
Mais elle est soudainement devenue autre chose, une équipe angoissée et fragilisée, après sa défaite totalement inattendue contre l'Arabie Saoudite (2-1) en ouverture de tournoi. Le match suivant, face au Mexique, a été celui de la peur, face au risque d'une défaite et d'une élimination bien trop précoce. Mais Messi et les siens ont écarté l'obstacle (2-0) et ont de nouveau été convaincants contre la Pologne (2-0) pour atteindre les 8es de finale.
«Tant de responsabilités»
Présent vendredi en conférence de presse, le milieu de terrain de la sélection et de l'Atlético Madrid Rodrigo De Paul a expliqué combien la pression du résultat pesait tout de même sur les épaules argentines.
«Au début, je n'ai pas profité d'être au Mondial, avec ce coup qu'on a pris. Au deuxième match non plus, parce qu'il fallait gagner. Contre la Pologne, un tout petit peu. Mais en fait, c'est hier qu'on a pu vraiment en profiter pour la première fois, en regardant les matchs tranquillement, en buvant le maté avec les gars», a-t-il raconté.
«Plus tard, il y a des moments auxquels je donnerai plus de valeur. Mais aujourd'hui, il y a tant de responsabilités, de telles attentes, qu'on ne peut pas en profiter pleinement», a ajouté De Paul, qui a toutefois aussi estimé que la défaite surprise face à l'Arabie Saoudite avait permis de faire ressortir «le caractère» du groupe argentin.
«Ca n'est pas un tournoi facile. L'Allemagne et la Belgique ont été sorties, l'Espagne presque aussi. Nous on a fini premiers de groupe et c'est un résultat qui a de la valeur. Ca a été des moments difficiles, mais avec le recul, je pense que ça a été positif. On a vu comment le groupe a réagi dans la difficulté», a-t-il estimé.
«Favoris théoriques»
Cette capacité de réaction, la qualité de certains cadres (Otamendi, De Paul...), l'émergence de quelques espoirs (Julian Alvarez, Enzo Fernandez), la ferveur d'un public très présent au Qatar et, bien sûr, la classe inégalée de Messi, déjà auteur de deux buts, ont permis aux Argentins de remettre leur costume de favoris avant d'affronter l'Australie, sortie deuxième du groupe de la France.
Mais le sélectionneur Lionel Scaloni se méfie. «Je ne sais pas si l'adversaire est inférieur. C'est une bonne équipe et c'est toujours difficile d'affronter un collectif qui sait ce qu'il veut. Je crois qu'il faut laisser de côté les favoris théoriques et jouer au football», a-t-il dit.
Les «Socceroos», eux, sont impatients. En arrivant en 8es de finale, ils ont rejoint l'équipe de 2006 et peuvent désormais obtenir le meilleur résultat de l'histoire de leur pays en Coupe du monde. «C'est un pays de football et c'est formidable de jouer contre eux. Compte tenu de l'adversaire, je suis sûr qu'on verra le meilleur de l'Australie. Les cerveaux seront allumés à chaque seconde», a promis le sélectionneur Graham Arnold.