Mondial 2018 Three Lions: Mettre fin à un demi-siècle d'humiliation

par Julien Pralong

10.7.2018

Deux victoires et l'épais cauchemar se dissipera. Plus que deux victoires pour mettre fin à un demi-siècle d'humiliation. L'Angleterre, cet inventeur du football qui n'a longtemps pas vraiment su quoi en faire, peut revenir dans la lumière lors de cette Coupe du monde 2018.

Le buteur anglais Harry Kane.
Le buteur anglais Harry Kane.

Elle l'a déjà fait en partie, avec une qualification inespérée pour les demi-finales (mercredi contre la Croatie/20h00). Mais cela ne saurait suffire pour contre-balancer ces cinquante dernières années, cette traversée du désert de défaites en déroute, rendue encore plus douloureuse par le contexte. Les Anglais, l'arrogance en bandoulière des Templiers du football, de "leur" jeu, ont été, depuis des années, la risée du monde.

Il faut bien se rendre compte de ce qu'a été ce demi-siècle stérile. Coupe du monde et Euro compris, vingt-cinq tournois se sont déroulés depuis le sacre de l'Angleterre en 1966. Sept fois - soit près de trois fois sur dix -, les Three Lions ne se sont même pas qualifiés ! Et ils sont sortis six fois avant-même la phase à élimination directe. Trois échecs en 8e de finale, six en quarts et trois en demis (Euro 68, Mondial 90 et Euro 96): maigre bilan pour qui prétend être la valeur-étalon...

Ainsi c'est presque à reculons que les Anglais se sont rendus en Russie, prônant avant tout une discrétion absolue. Pas vu, pas pris. Sauf qu'on les a vus, lors de ce tournoi, et même très bien vus !

Enfin, les tirs au but

Deux rencontres qu'ils ont dominées contre la Tunisie (2-1) et le Panama (6-1), une défaite profitable dans le match des coiffeurs contre la Belgique (1-0) - profitable car ce sont les Belges qui se sont retrouvés dans la moitié de tableau infernale - et, enfin, le déclic, en 8e de finale contre la Colombie. Là où ils auraient sans doute perdu les années précédentes.

Les joueurs de Gareth Southgate livrent une très bonne copie contre les Colombiens mais reculent trop et se laissent traîner en prolongations par un but de Mina à la 93e. Puis plus rien jusqu'à la maudite séance de tirs au but.

C'est bien simple, en trois tentatives, les Three Lions n'étaient encore jamais sortis vainqueurs en Coupe du monde dans cet exercice (contre l'Allemagne en 1990, l'Argentine en 1998 et le Portugal en 2006). Et ils restaient même sur six éliminations similaires depuis 1990, sur douze tournois disputés (en ajoutant les défaites contre l'Allemagne à l'Euro 96 après avoir pourtant battu l'Espagne... aux tirs au but, contre le Portugal en 2004 et l'Italie en 2012). Dans cet univers de superstitions, facile d'y voir une malédiction.

Mais l'Angleterre a passé l'épaule (4-3), notamment grâce à son gardien Jordan Pickford, puis a parfaitement muselé la Suède en quart de finale (2-0), Pickford jouant là encore un rôle central. Et oui, après avoir brisé ce qui commençait de ressembler furieusement à un plafond de verre (les quarts), après avoir exorcisé leur hantise des tirs au but, voici que les Three Lions se sont trouvé un gardien décisif ! Dans le bon sens du terme qui plus est...

Seaman, James, Green...

Parce que le pays a semblé avoir depuis longtemps oublié la recette pour former des Gordan Banks ou des Peter Shilton. Depuis 2002, presque chaque tournoi a donné lieu à une bévue monumentale du dernier rempart de l'équipe nationale. La série avait commencé en quarts contre le Brésil avec un David Seaman lobé par un coup franc banal de Ronaldinho, puis était venu le tour de David "Calamity" James, dont les bourdes nécessiteraient un article à part entière.

Paul Robinson et Scott Carson s'y sont eux mis à deux, à chaque fois lors des matches éliminatoires contre la Croatie, pour s'assurer que l'Angleterre n'irait pas à l'Euro 2008, alors que Robert Green avait posé contre les Etats-Unis en 2010 les bases de ce qui a peut-être "inspiré" l'Espagnol David De Gea cette année contre le Portugal.

En résumé, quinze années d'efforts souvent ruinés par des gardiens peu en réussite. Ce qui n'est absolument pas le cas, jusqu'à présent, de Jordan Pickford, le dernier rempart d'Everton et d'une Angleterre se retrouvant à deux victoires d'une place qu'elle n'avait, dans sa tête, jamais vraiment quittée.

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