Le 848e match de l’équipe de Suisse, le premier de son histoire au Kosovo, s’apparente à un véritable piège. Ce samedi à Pristina, Murat Yakin et ses joueurs auront, en effet, beaucoup à perdre.
Le rêve d’un Grand Chelem dans ce tour préliminaire de l’Euro 2024 évanoui après le nul impardonnable (2-2) concédé devant la Roumanie le 19 juin dernier à Lucerne, la Suisse a besoin d’une victoire au Kosovo pour se remettre dans le bon sens de la marche. Si elle s’impose, elle aura fait un pas décisif vers la qualification puisque l’un de ses deux poursuivants, la Roumanie et Israël, perdra des points lors de leur confrontation directe samedi.
Une funeste erreur
A Pristina dans un stade plein avec un public qui ne manquera pas d’honorer Granit Xhaka et Xherdan Shaqiri, les deux plus grands footballeurs kosovars de l’histoire, on demandera à l’équipe de Suisse de poser d’entrée de jeu sa griffe. De tuer dans l’œuf les espérances d’un adversaire qui ne finit sans doute pas de regretter d’avoir congédié Bernard Challandes en octobre 2021. Le Neuchâtelois était parvenu à réaliser une sorte d’union sacrée autour de la sélection. Son successeur Alain Giresse fut bien moins heureux.
L’ancien membre du carré magique de l’équipe de France a été à son tour limogé en juin dernier au lendemain de la défaite 2-1 concédée devant le Bélarus. Avec ses 3 points en 4 matches, le Kosovo n’occupe que la cinquième place du groupe alors que son ambition clairement affichée était la qualification. Ce match contre l’équipe de Suisse sonne comme la dernière chance pour le Kosovo désormais dirigé par le Slovène Primoz Gliha qui avait déjà assuré un court intérim entre le départ de Bernard Challandes et l’intronisation d’Alain Giresse.
Un nouvel élan
Déstabilisé un instant par l’incroyable déroute contre le Portugal en huitième de finale de la Coupe du monde, Murat Yakin a su reprendre la main ce printemps... jusqu’à la 89e minute du match contre la Roumanie. L’avènement de Zeki Amdouni à la pointe de son 4-3-3 a insufflé un nouvel élan à l’équipe. Samedi, le Genevois sera, à nouveau, l’atout maître des Suisses avec bien sûr Granit Xhaka et Xherdan Shaqiri. Le capitaine est en passe de réaliser sous ses nouvelles couleurs de Leverkusen un début de saison aussi flamboyant que celui de l’an passé avec Arsenal.
Quant à Xherdan Shaqiri, ce match de Pristina est sans doute pour lui «le» match de l’année. Devant sa famille, le Bâlois entend sortir le grand jeu, réussir des gestes aussi géniaux que son ouverture de l’extérieur pour le premier but d’Amdouni contre la Roumanie. Sous le maillot de la sélection, il veut oublier la passe difficile qu’il traverse avec Chicago, battu lors de ses derniers matches de championnat...
Yann Sommer joue gros
D’ici le coup d’envoi, Murat Yakin devra arrêter deux choix en raison du manque de temps de jeu de Nico Elvedi et de Remo Freuler. Les deux Zurichois, dont leur avenir ne s’est clarifié que durant les dernières heures du mercato, sont-ils aptes à jouer une rencontre internationale ? Si le sélectionneur ne le juge pas, Fabian Schär, en défense centrale, Michel Aebischer ou Ardon Jashari en ligne médiane seront titularisés.
Enfin, Yann Sommer sera celui qui jouera le plus gros samedi. Coupable sur les deux buts roumains, le natif de Morges n’a plus franchement de droit à l’erreur avec, derrière lui, un Gregor Kobel qui piaffe d’impatience. La hiérarchie qui lui assure la place de no 1 ne doit pas bouger en principe ces prochains mois.
Auteur de trois clean-sheets pour ses trois premières titularisations avec l’Inter, Yann Sommer a réussi l’entame de saison dont il rêvait. Mais le souvenir de son expérience pour le moins mitigée à Bayern et de son manque de résolution face à la Roumanie risque de ressurgir en cas ce malheur à Pristina. Et l'on ne se privera pas d’ouvrir le débat sur son avenir immédiat en sélection.