Alors que les soutiens se raréfient, la Swiss Football League (SFL) a reporté sa décision au vendredi 29 mai.
Ce jour-là, dans une Assemblée générale extraordinaire convoquée par le comité de la Ligue, les clubs auront la possibilité de se prononcer sur la poursuite de la saison. Le cas échéant, il est aussi envisageable que la question d'un passage à douze équipes pour l'édition 2020-21 soit discutée, en cas de refus des clubs.
La date de cette Assemblée n'a pas été choisie au hasard. Elle interviendra deux jours après les prochaines décisions du Conseil fédéral au sujet de la troisième phase de déconfinement. Le 27 mai, le gouvernement devra confirmer ou infirmer son idée d'autoriser à nouveau la tenue de compétitions sportives professionnelles à huis clos dès le 8 juin.
Une aide financière indispensable
Reste que l'élite du football suisse ne retrouvera de toute façon pas les terrains avant les 19, 20 et 21 juin. La SFL a en effet annoncé que rien ne se déroulera avant ce week-end-là. Logique. Trop de questions demeurent encore en suspens pour précipiter une reprise. La principale d'entre elles est d'ordre financier: la Ligue espère pouvoir obtenir un soutien de la part du Conseil fédéral.
«Cette aide financière est une condition préalable pour éviter une situation qui menacerait l'existence même du football professionnel suisse et pour pouvoir reprendre la compétition», explique la SFL dans le communiqué diffusé jeudi. Plusieurs clubs ont en effet fait savoir, ouvertement ou non, que les matchs à huis clos engendreraient de lourdes pertes et que la poursuite de la saison ne serait pertinente qu'avec un accompagnement gouvernemental. Dimanche dernier, dans les colonnes de la «SonntagsZeitung», Viola Amherd, conseillère fédérale en charge du sport, avait émis l'idée de financer ces rencontres sans public.
Cela donnerait du sens à une reprise du championnat. Car, en attendant, les caisses des clubs ne sont pas prêtes d'être renflouées. Et encore moins avec une reprise de l'entraînement, lequel sera autorisé dès ce lundi 11 mai. Dans son communiqué, la SFL a en effet annoncé que le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) l'avait informé «que les clubs ne pourront plus prétendre au chômage partiel dès la reprise de l'entraînement».
Le retour sur les terrains est donc désormais suspendu pour certains clubs qui l'envisageaient. Et notamment le FC Sion, qui avait prévu de se retrouver par petits groupes dès la semaine prochaine. Un processus interrompu, dès que le club valaisan a eu connaissance de la décision du SECO. Neuchâtel Xamax, lui, n'imagine pas non plus une reprise avant l'Assemblée extraordinaire du 29 mai. Servette, en revanche, s'entraînera à nouveau dès lundi, en suivant des mesures sanitaires strictes.
Peu de soutiens pour la reprise
Si les lignes sont susceptibles de bouger tant au niveau fédéral que dans les coulisses des vingt clubs de la Ligue, la perspective d'une reprise du championnat est de moins en moins envisageable. Plusieurs fronts se disent ainsi sceptiques et opposés à ce retour au jeu.
Jeudi, les supporters de Servette, Neuchâtel Xamax, Sion, Lausanne et Lugano ont co-signé un communiqué commun appelant à «rallonger la période d'inactivité sportive, autant que cela sera nécessaire» et fustigeant «une volonté purement économique d'une reprise servant avant tout les intérêts des diffuseurs TV et des sponsors».
En début de semaine, c'est le syndicat suisse des joueurs de football professionnel (SAFP) qui avait publié un sondage révélant que deux tiers des 140 joueurs interrogés étaient favorables à une interruption de la saison, au vu des informations à disposition actuellement.
La reprise du football suisse souffre donc terriblement de soutiens. Et c'est peut-être plus la composition de la Super League la saison prochaine que la conclusion de la saison actuelle qui pose problème. Alors que Lausanne-Sport ne veut pas voir la promotion lui échapper et plaide pour une formule à douze clubs, Grasshopper aimerait pouvoir aller chercher sur le terrain une montée que sa troisième place actuelle l'empêche de revendiquer. Les discussions promettent d'être encore intenses d'ici au 29 mai.