A l'arrêt depuis plus d'un mois, le football suisse laisse les clubs dans l'expectative. Les conséquences pourraient être majeures, sans soutien étatique ni reprise rapide.
«Une chose est sûre: sans aide de la Confédération, le FC Sion ne survivra pas.» Dans sa communication, le club valaisan ne fait pas de mystères. Il ne voit pas comment, à terme, il pourrait s'en sortir. «Les rentrées financières sont quasiment nulles et les charges sont toujours aussi élevées. Nous n'avons pas eu d'autre choix que de mettre l'entier du personnel au chômage partiel», fait-on encore savoir du côté de la Porte d'Octodure.
Comme les autres clubs de Super League, les Sédunois fonctionnent au ralenti, dans tous les secteurs. Sans matchs à disputer, la bonne marche du club est mise en suspens. D'autant que le président Christian Constantin spécule sur un arrêt du championnat. Et les conséquences seraient «dramatiques sans aides publiques».
Le message est lancé. C'est également une manière de rappeler que l'économie du football suisse repose sur des bases fragiles. La réalité est la même aux quatre coins du pays. Interrogés par Keystone-ATS, la plupart des clubs livrent le même constat.
«Si le championnat devait être arrêté, cela signifierait des pertes économiques et financières vraiment importantes», abonde Michele Campana. Le directeur général du FC Lugano ne veut pas «se lancer dans des chiffres, mais ce serait un coup dur à surmonter et cela entraînerait un redimensionnement des budgets de beaucoup d'équipes. Sans aide notable de la part de l'Etat, il y a un risque pour tout le monde.»
Recours aux prêts
L'autorisation du chômage partiel a déjà permis à certaines structures de souffler quelque peu. Quant à l'enveloppe de 50 millions de francs accordés au sport professionnel pour des prêts sans intérêt, elle doit être destinée aux clubs qui peuvent démontrer que leur insolvabilité est liée à l'épidémie de Coronavirus, a communiqué l'Office Fédéral du Sport (OFSPO).
Un recours auquel pensent plus de la moitié des clubs de Super League. Seuls les trois premiers du classement, Saint-Gall, Young Boys et Bâle, excluent d'ailleurs cette idée pour l'instant. «Puisque nous avons rencontré beaucoup de succès sur les plans sportif et économique ces dernières années, nous n'avons pas de problèmes de liquidités pour le moment», explique-t-on ainsi du côté de Young Boys.
Tous n'ont pas cette chance. Dans son édition de vendredi, la «NZZ» affirmait que Sion et Neuchâtel Xamax travaillaient déjà sur la possibilité de demander un prêt sans intérêt. Ils ne sont pas les seuls. Le FC Zurich le confirme également, par la voix de son président Ancillo Canepa: «Nous avons prévu de le faire, mais les obstacles bureaucratiques sont importants et prennent un certain temps à être surmontés.» A Thoune, une demande de prêt a en revanche été formulée à la banque, a mentionné Markus Lüthi. Le président oberlandais estime d'ailleurs que son club peut tenir de la sorte jusqu'à l'été. Ensuite, l'incertitude règne.
«Que le championnat aille à son terme»
Il faut dire que seule une sortie de crise rapide pourrait être de nature à rassurer les clubs suisses. Si Christian Constantin n'imagine pas que la saison actuelle puisse reprendre, ses alter egos se veulent plus optimistes. Et pragmatiques, à l'instar de Michele Campana: «Nous souhaitons absolument que le championnat aille à son terme, parce que nous vivons de ça. Ainsi, les sponsors et les télévisions ne pourront pas réclamer de remboursement.»
Alors que le Tessin est l'épicentre suisse de la pandémie, le directeur général de Lugano voit comme meilleur scénario possible une reprise entre la mi et la fin juin, pour terminer à la fin du mois d'août. Avant de reprendre la saison suivante à la mi-septembre.
D'autres clubs espèrent un retour plus rapide, alors que certains préfèrent ne pas prendre position, notamment pour ne pas mettre la pression sur les décideurs. Reste que la possibilité de jouer à huis-clos est envisagée ici ou là. Le manque se fait poindre en Super League. Mais en restant dignes, à l'instar de Sion et de son président: «La santé publique passe avant tout, le football est au second plan.» Signe que la période n'a rien de normal.