Le bureau du procureur général d'Afghanistan, qui enquête sur les allégations de violences sexuelles contre l'équipe nationale féminine, a appelé dimanche la FIFA à coopérer à l'enquête judiciaire. Il demandé également à la principale accusatrice "d'apporter des preuves".
"Nous demandons à la FIFA de nous fournir tout élément de preuve susceptible d'aider l'enquête", a déclaré dimanche le porte-parole du bureau du procureur général, Jamshid Rasuli, lors d'une conférence de presse à Kaboul.
La commission d'éthique indépendante de la FIFA a suspendu mercredi pour 90 jours le président de la Fédération afghane (AFF) Keramuddin Karim, lui interdisant toutes activités relatives au football aux niveaux national et international. La FIFA avait auparavant indiqué "examiner" les allégations révélées fin novembre dans un article du quotidien britannique The Guardian.
Une ancienne capitaine de la sélection nationale, Khalida Popal - qui a fui le pays en 2011 à la suite de menaces de mort pour avoir pris position pour la défense des femmes afghanes-, y avait déclaré avoir recueilli des témoignages de violences sexuelles, de menaces de mort et de viols. Les faits se seraient déroulés notamment dans les locaux de l'AFF, impliquant son président, ainsi que lors d'un rassemblement en février en Jordanie.
La justice afghane dit avoir "auditionné 15 personnes" et contacté Mme Popal afin "d'apporter des preuves", a indiqué M. Rasuli. Le président afghan Ashraf Ghani s'était dit "choqué" par ces allégations, disant ne tolérer "aucune violence sexuelle", et avait demandé à la justice d'ouvrir une enquête.
L'équipe de magistrats enquêteurs avait dans un premier temps suspendu cinq membres de l'AFF afin "de se garantir d'éventuels obstacles à l'enquête et collecter des preuves dans une atmosphère apaisée", a souligné dimanche M. Rasuli. L'équipementier sportif danois Hummel, qui a suspendu son partenariat avec l'AFF suite à ces allégations, a été prié de "fournir des informations sur l'annulation de ce soutien".
Début décembre, le secrétaire général de l'AFF, Sayed Alireza Aqazada, aujourd'hui suspendu, avait balayé ces "fausses histoires". "Aucun abus sexuel n'a été commis sur aucune fille de l'équipe nationale", avait-il assuré lors d'un point-presse.