Plus de sport et les cinémas fermés. La crise due au coronavirus frappe durement l’industrie du sport et du divertissement. Wolfgang Elsässer, PDG de Cinetrade, s’exprime sur les effets, les mesures et les remboursements. Interview.
Wolfgang Elsässer, tout d’abord, comment allez-vous ?
«Personnellement, je vais bien, merci. Bien sûr, la situation actuelle est difficile, ce qui nous met tous face à des défis majeurs. Mais nous essayons de donner le meilleur de nous-même. Je suis très fier de mon équipe, nous essayons de minimiser l'impact sur nos clients et nos employés.»
C'est votre première année en tant que PDG de CT Cinetrade AG et vous êtes sur le point de subir la plus grosse crise des dernières décennies. Comment faire face à cette situation ?
«La situation actuelle montre à quel point une entreprise fonctionne bien, à quel point la coopération est de bonne qualité, à quel point le niveau de confiance mutuelle est élevé. Maintenant il s'agit de se serrer les coudes. Nous avons de très bons procédés qui sont maintenant soumis à un véritable test de résistance. Mais il est important d'improviser professionnellement ici et là et surtout de ne pas perdre le moral. Mon équipe est exemplaire et aide beaucoup. Dans cette situation, il est important, en tant que PDG, de prendre les bonnes décisions calmement et délibérément - même si certaines d'entre elles sont douloureuses.»
Cinetrade opère avec la chaîne de télévision à péage Teleclub et les offres cinématographiques de KITAG dans le domaine du divertissement et du sport. Dans quelle mesure l'entreprise est-elle affectée par les récents développements concernant la propagation du nouveau coronavirus ?
«Comme probablement toutes les industries, cette crise due au coronavirus nous touche, nous et nos clients, dans tous les domaines. Tout d'abord du point de vue des ressources humaines. La santé et la sécurité de nos employés sont notre priorité absolue car nous sommes responsables de 700 employés permanents et indépendants sur nos différents sites. Beaucoup de nos activités peuvent être gérées en homeoffice et, depuis la semaine dernière, nous ne tenons plus de réunions physiques et travaillons en petites équipes indépendantes les uns des autres au centre de diffusion. Cependant, le homeoffice n'est pas possible en ce qui concerne les salles de cinéma. Nous avons décidé le week-end dernier de fermer nos cinémas de manière proactive afin de protéger nos clients et nos employés.»
Les clients Teleclub ne pourront pas regarder de sport en direct pendant quelques semaines, voire quelques mois ...
«Notre offre sportive sera en effet fortement touchée. En raison de l'annulation des ligues de football les plus importantes en Europe et de la fermeture ou de la suspension de ce sport dans toute l'Europe, nous perdons tous nos contenus en direct. Nous le regrettons beaucoup, mais nous comprenons les décisions.»
Wolfgang Elsässer
Wolfgang Elsässer est PDG de CT Cinetrade AG depuis juillet 2019. Il est responsable de la chaîne de télévision payante Teleclub avec son offre de sport et de films, ainsi que du plus grand opérateur de cinéma national KITAG. Plus récemment, il a dirigé l'activité "TV & Entertainment" de la Deutsche Telekom. Elsässer a 51 ans et vit avec sa femme et ses quatre enfants à Rapperswil.
Comment réagissez-vous à cela ?
«Nous vivons tous actuellement une période extraordinaire qui exige un degré élevé de flexibilité de la part de tous les acteurs concernés. Les ligues nationales et internationales étant suspendues en raison du coronavirus, nous avons décidé de supprimer les frais pour tous les clients abonnés au bouquet sport en avril. La satisfaction de nos clients est très importante pour nous et c’est une priorité absolue. Nous sommes et restons en communication constante avec nos partenaires sur les nouvelles décisions qui tomberont à cet égard.»
Les cinémas KITAG sont fermés depuis le 16 mars. Qu'est-ce que cela signifie pour l'entreprise ?
«Cela nous frappe bien sûr de plein fouet. L'industrie du cinéma est très importante pour nous. En même temps - comme je l'ai dit - la santé de nos employés et de nos clients est bien sûr très importante pour nous. Nous réagissons en conséquence.»
De quelle manière ?
«Les billets déjà vendus pour des séances de cinéma annulées sont repris et remboursés. Les billets achetés en ligne sont crédités sur la carte de crédit. Les billets achetés en espèces seront remboursés dès la réouverture des salles. Les visiteurs peuvent trouver toutes les informations sur les remboursements des billets sur le site kitag.com et sur nos réseaux sociaux. Certains films ne seront pas du tout projetés au cinéma mais nous les mettrons directement à la disposition de nos clients sur notre portail Teleclub on demand. Nous sommes en discutons actuellement avec les studios.»
En l'absence d'exploitation des salles de cinéma et d'événements sportifs, nombre de vos employés, tels que les commentateurs ou les présentateurs, seront privés de leur emploi d'un seul coup. Comment faire face à cette situation ?
«En attendant, nous essayons de créer d'autres formats et des contenus alternatifs. Néanmoins, il est maintenant temps de réduire les heures supplémentaires déjà effectuées et d'avancer les vacances. Dans la situation actuelle, nous ne savons pas encore comment les championnats vont se poursuivre. Si l’Euro de football est reporté et que les ligues reprennent plus tard, il faudra calculer une charge de travail à la hausse. Nous devrons donc nous assurer que nous disposons de suffisamment de personnel. Nous sommes également là pour eux dans les moments difficiles, c’est logique pour moi.»
Quelles sont les pertes financières que vous prévoyez d'ici l'été ?
«Nous ne commentons pas les chiffres concrets. Mais nous sommes sûrs que nos clients apprécient notre conduite équitable et transparente. Notre croissance fait une pause, mais je suis convaincu qu'elle se poursuivra par la suite.»
Les développements actuels auront-ils également un impact sur les prochaines négociations sur les droits avec les ligues de football ? Y a-t-il une érosion dans la récente hausse constante des prix ?
«Une chose à la fois. Il est maintenant temps de résoudre les grands problèmes sociaux, et ici, au sein du groupe Cinetrade, nous faisons notre part dans un esprit de solidarité et de responsabilité. Bien sûr, nous sommes toujours heureux si les prix des droits baissent ... (rires).»
Dans la prochaine période sans sport, les chaînes sportives sur Teleclub resteront-elles tout simplement noires ?
«Non, bien sûr que non. Nous essayons d'offrir un programme varié au public intéressé par le sport et cela malgré le manque de matches en direct. Cela inclut divers contenus alternatifs tels que des magazines, des conférences et des documentaires sportifs sur nos chaînes.»
Quand pensez-vous que la situation se normalisera ?
«Vous le demandez à la mauvaise personne, je m'y connais en matière de divertissement mais pas en matière de virus. De mon point de vue, c'est extrêmement difficile à estimer pour le moment. Nous espérons bien sûr que la situation se normalisera le plus rapidement possible. Néanmoins, l'accent doit être mis sur la sécurité et la santé de toutes les personnes en Suisse. Tout le reste passe après.»
