Vingt-six buts en six matches, leader de la Bundesliga et un sans-faute en Ligue des champions: le Borussia Dortmund de Lucien Favre traverse une période d'euphorie absolue.
Douze matches, dix victoires, deux nuls. Après deux mois et demi de compétition, le BvB version Favre n'a toujours pas perdu. Le club tient depuis fin septembre un rythme hallucinant de 4,3 buts par sortie, toutes compétitions confondues sur les six dernières rencontres.
En Bundesliga, le Borussia présente de très loin la meilleure attaque, avec 27 buts. Mais contrairement à la saison dernière, cette furia offensive est équilibrée par une vraie solidité défensive (seulement huit buts encaissés, meilleure défense ex-æquo du championnat).
La tendance est totalement confirmée en Ligue des champions, où Dortmund a marqué huit fois en trois matchs sans encaisser encore le moindre but. "Pour l'instant c'est l'ivresse. Mais cette phase ne va pas durer toute la saison, c'est certain", met toutefois en garde le capitaine Marco Reus.
Favre le magicien
Perfectionniste, tacticien réputé, l'entraîneur vaudois arrivé de Nice à l'intersaison semble avoir donné une confiance énorme à son effectif. Mais il rappelle en permanence que son équipe doit encore trouver "un plus juste équilibre" et qu'il a besoin de temps "pour amener les jeunes joueurs à maturité".
Jusqu'ici, il est béni dans son coaching. Ses jokers marquent but sur but à chaque match, comme mercredi contre l'Atletico (deux buts de Guerreiro, un de Sancho).
Ses dirigeants jubilent. Favre a rendu au Borussia ce qui avait fait son identité depuis l'époque de Jürgen Klopp (2008-2015): un jeu de transition spectaculaire et une attaque de feu.
Les recrues qui changent tout
A 25 ans, Paco Alcacer était en train de gâcher son talent sur le banc du FC Barcelone. Depuis son arrivée dans la Ruhr, il explose. En tête du classement des buteurs en championnat avec 7 réalisations, il en est à 11 buts sur ses sept derniers matches, toutes compétitions confondues.
Stable, modeste et pondéré, il fait du bien à ce vestiaire, que les frasques de son prédécesseur Pierre-Emerick Aubameyang - certes aussi brillant face au but - avaient parfois déstabilisé.
L'autre coup gagnant du mercato est belge. Axel Witsel, pilier des Diables Rouges au Mondial en Russie, est revenu à 29 ans de Chine pour retrouver le haut niveau européen avec Dortmund. En quelques matches, il est devenu la plaque tournante du milieu de terrain. Sa réussite est essentielle dans l'équilibre que Favre a donné à l'équipe.
Reus ressuscité
"Marco le maudit" n'existe plus. A 29 ans, après une carrière hachée par les blessures, celui qui incarne désormais l'esprit du Borussia exprime enfin cette saison tout son talent. "Il prend encore plus de responsabilités, il est encore plus présent dans le vestiaire, et sur le terrain, il est là dans les situations délicates", s'enthousiasme son directeur sportif Michael Zorc.
Pilier du club, leader par la parole et par l'exemple, Reus est la pierre angulaire de ce Borussia nouvelle formule. Capable d'évoluer sur tout le front de l'attaque, on le voit aussi revenir tacler dans sa propre surface quand la situation l'exige.
L'insouciance de la jeunesse
Faire accéder de jeunes talents au plus haut niveau est dans l'ADN de Dortmund. Contre l'Atletico de Griezmann et Diego Costa, Favre n'avait pas hésité à aligner en défense deux garçons de 19 ans: le Français Dan-Axel Zagadou dans l'axe et le Marocain Achraf Hakimi à gauche, auteur d'un match impressionnant.
Au rayon des "20 ans", l'Américain Christian Pulisic, formé au club, fait déjà partie des titulaires indiscutables depuis la saison dernière. Et le Danois Jacob Bruun Larsen est en train de s'installer au poste d'ailier gauche.
Enfin, le Borussia a eu le nez de dénicher à Manchester City une petite pépite: Jadon Sancho, 18 ans, déjà international anglais. Utilisé le plus souvent comme joker, il a délivré six passes décisives et marqué deux buts en sept matches de championnat. C'est lui aussi qui a marqué le 3e but mercredi contre l'Atletico.