«La Liga est de retour!». Si les médias se réjouissent ce dimanche de la reprise espérée du championnat après deux mois d'arrêt, la Ligue espagnole devra relever de nombreux défis pour assurer son bon déroulement entre chaleur, huis clos, et risques de santé.
Après avoir observé de près le «crash-test» Bundesliga, premier grand championnat à redémarrer le week-end dernier, l'Espagne, durement touchée par la pandémie, va se lancer à son tour et devra prendre le pli des stades vides et des strictes mesures sanitaires pour finir la saison en sécurité.
Samedi, le gouvernement espagnol a donné son feu vert pour une reprise à partir de la semaine du 8 juin. La Ligue n'a pas encore communiqué sur la date exacte de retour ni sur son protocole de reprise, mais l'organe qui gère le football professionnel en Espagne devrait le faire dans le courant de la semaine prochaine, selon la presse.
Chaleurs accablantes
«La Liga est de retour!» se sont exclamés à leur Une le quotidien Marca, le plus vendu d'Espagne qui a orné sa première page d'un coeur formé par les vingt écussons des clubs de Liga, le journal catalan Sport ainsi que As.
Depuis plusieurs semaines, le président de la Ligue Javier Tebas pousse pour que le championnat reprenne le 12 juin, avec le derby andalou entre le Betis et le Séville FC comme lever de rideau. Tebas s'est dit «très heureux» de l'annonce de cette reprise, mais il devra désormais redoubler d'efforts pour faire face aux immenses défis qui se dressent devant lui. «Nous ne pouvons pas baisser la garde», a prévenu le dirigeant.
Car les onze dernières journées de championnat se joueront cet été sans doute à huis clos et sous des chaleurs accablantes. Lors d'une réunion de travail avec la Ligue en fin de semaine, le principal syndicat de joueurs en Espagne (AFE) a demandé à ce que des «pauses fraîcheur» soient respectées quand les températures oscillent entre 28 et 32°C, et que les entraînements et les matches soient reportés quand elles dépassent les 32°C, ce qui est courant en plein été en Espagne. Le Valence CF s'est par exemple entraîné en petits groupes sous 28°C ce samedi.
L'AFE a également demandé à ce qu'un repos obligatoire de 72 heures minimum soit respecté entre deux matches pour une même équipe, tandis que la Ligue avait annoncé avec ardeur qu'il y aurait du «football tous les jours» de la semaine.
La blessure, «tourment» des joueurs
Ce point fait débat car la Ligue et la Fédération espagnole de football (RFEF), en désaccord sur le fait de diffuser du foot le lundi, sont déjà allées devant les tribunaux les 20 et 21 février. Le jugement n'a pour l'heure pas été prononcé. Mais la Ligue pousse, car les enjeux économiques sont gigantesques: Tebas avait estimé début avril à un milliard d'euros les pertes en cas d'arrêt définitif de la saison, contre 300 millions en cas de reprise sans spectateurs.
D'ici la reprise, les joueurs, qui sont passés de l'entraînement individuel à des sessions par petits groupes le 18 mai tout en continuant à respecter de strictes mesures sanitaires, auront près de trois semaines pour se préparer. Un minimum pour l'AFE, laquelle réclamait 15 à 20 jours. «On a envie de revenir à la compétition, mais il faut y aller phase après phase pour retrouver la forme. On n'aura pas de matches pour tester nos sensations, on entrera directement dans la compétition», a craint l'ailier et capitaine de Levante, José Luis Morales, dans Marca samedi.
«Ce qui nous préoccupe le plus, c'est ce qui peut arriver au niveau physique, les blessures. (...) Ces deux mois ont augmenté le risque de blessure», a commenté le défenseur central colombien de l'Espanyol Barcelone Bernardo Espinosa vendredi aux médias de son club. «C'est ce qui tourmente le plus mes coéquipiers. Il faut retrouver la tonicité musculaire et fonctionnelle, et diminuer ce risque qui a augmenté, pas seulement en raison du temps que l'on a passé sans jouer, mais aussi à cause de cette période bizarre que nous avons traversée, et à cause des températures élevées», a-t-il ajouté.